Monastère Saint Silouane

Amour de l'autre amour de Dieu

27/10/2019 Lc VI, 31-36
A
u nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Les paroles que le Seigneur Jésus nous adresse aujourd'hui dans cet Evangile sont d’une grande force et nous invitent à aller au-delà de ce que nous vivons d’une manière habituelle ; elles nous invitent à nous dépasser, à vivre autrement, c'est-à-dire à aimer jusqu’à aimer nos ennemis. Cette parole peut sembler terrible car elle est difficile à accomplir et pourtant si le Seigneur ose nous donner cette Parole c’est parce que Lui-même en a vécu, que toute sa vie témoigne de cet amour, de cet amour sans limites car si nous relisons les Evangiles nous nous apercevrons que le Seigneur Jésus tout au long de sa vie a été critiqué, a été rejeté, a été méprisé ; certes Il a été écouté aussi, entendu, accueilli mais combien de fois a-t-il été mis sur le côté, combien de fois a-t-on essayé de l’empêcher de parler, combien de fois a-t-on eu l’idée de le détruire et cette idée s’est réalisée puisqu’Il a été crucifié sur le bois de la Croix. Et pourtant, et pourtant lorsqu'Il se trouve cloué sur la croix Il nous dit cette Parole – car Il la dit aussi pour nous bien qu’Il s’adresse à son Père – « Père pardonne-leur parce qu'ils ne savent pas ce qu’ils font » ; autrement dit Il va jusqu’à aimer ses propres bourreaux et demander au Père de leur pardonner c'est-à-dire de les aimer malgré ce qu’ils ont fait. On pourrait citer d’autres exemples significatifs : prenons, par exemple, l’attitude de l’apôtre Pierre qui, à la fois, aimait beaucoup le Seigneur et était certainement un des plus fidèles des apôtres à l’entendre, à l’écouter, à essayer de vivre de sa Parole ; mais malgré l’avertissement du Seigneur, Pierre l’a trahi au moment de son jugement, Pierre a trahi le Seigneur Jésus et à ce moment-là le coq s’est mis à chanter, ce qu’avait prédit Jésus : « Avant que le coq n’ait chanté trois fois, tu m’auras renié » ; et pourtant il a suffi d’un regard du Christ vers Pierre qui le trahissait pour que les larmes de Pierre coulent, les larmes de repentir, et pour que l’amour du Seigneur lui soit accordé. Le Seigneur Jésus lui confiera la charge d’aider ses frères apôtres dans leur apostolat ; Il ira jusque-là bien que Pierre l’ait trahi. Le Seigneur a aimé tous ceux qui L’entouraient ; Il nous a montré l’exemple et nous, qui sommes chrétiens – ou qui voulons essayer de l’être en tout cas – nous sommes confrontés à cette difficulté de l’amour, non pas de l’amour de ceux dont parlent le Seigneur, de ceux qui sont aimables, de ceux qui sont faciles à aimer, nos amis, nos proches, de ceux qui pensent comme nous mais d’aimer ceux qui sont différents de nous ; or dans notre vie, tous les jours, nous sommes confrontés à l’autre, celui qui est différent, celui qui n’est pas moi. J’ai dit, il y a quelques temps, à la communauté, combien il était important de chercher à aimer celui qui est différent de moi qui forcément, d’une manière ou d’une autre, va me gêner, plus ou moins fortement ; il y a des gênes que l’on supporte et d’autres que l’on supporte beaucoup moins ; il y a des agressions que l’on supporte et d’autres que l’on ne peut pas supporter humainement ; pourtant le Seigneur nous invite à aimer celui ou celle qui cause des désagréments, à les aimer jusqu’au bout. Le Seigneur terminera son enseignement en disant : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » et c’est peut-être là qu’est la clé de cette question aussi difficile à résoudre ; car, en effet, nous sommes aimés par le Seigneur, nous sommes aimés sans condition et pourtant tous nous sommes des pécheurs c'est-à-dire qu’à certains moments nous trahissons le Seigneur, nous le rejetons plus ou moins consciemment et pourtant le Seigneur nous aime ; il suffit que nous nous tournions vers Lui et qu’humblement nous lui demandions de nous accueillir comme le fils prodigue fut accueilli par le Père ; alors si nous faisons une fois dans notre vie cette expérience de la miséricorde de Dieu : cet amour inconditionnel qui se pose sur nous malgré nos incapacités d’aimer, malgré nos rejets, malgré nos mépris, malgré notre abandon, si nous faisons cette expérience de l’amour de Dieu alors nous est offert la clé qui nous permet d’aimer jusqu’à nos ennemis mais il faut bien comprendre ce que veut dire aimer : il ne s’agit pas d’un sentiment affectif, c’est beaucoup plus que cela ; aimer l’autre c’est l’accepter dans toute la profondeur de son être comme il est ; or chacun de nous est différent, c’est bien là la difficulté mais aimer celui qui est en face de moi ou celle qui est en face de moi en souhaitant qu’il ou elle reçoive plus d’amour que moi je ne voudrais en recevoir, c’est là la clé de la miséricorde : vouloir que l’autre aie plus d’amour que moi je souhaite en recevoir pour moi ; si nous essayons de comprendre cette Parole, alors nous pouvons comprendre l’invitation du Christ à être miséricordieux envers nos frères et nos sœurs, à les accueillir dans leur être profond peut-être des êtres fragiles, probablement des êtres qui à certains moments tombent dans le péché comme nous-mêmes et le Seigneur nous demande de les aimer comme Lui-même les aime. Dans le « Notre Père » nous parlons de cet amour de l’autre : aimer notre prochain comme nous-mêmes, comme nous-mêmes nous aimerions être aimés, l’aimer avec encore plus d’amour et pour cela et pour ce faire, il nous faut beaucoup prier, beaucoup supplier le Seigneur car il y a des moments où l’épreuve de l’amour de l’autre est tellement lourde, tellement écrasante, tellement broyante que cela nous amène à dire : « Seigneur cela m’est impossible, je ne peux pas, je n’y arrive pas » ; alors souvenons-nous de la Parole du Christ qui dit sur la croix : « Père pardonne-leur » » ; Il aurait pu dire Lui-même : « Je vous pardonne » mais Il demande au Père de pardonner. Alors, nous aussi, si dans l’immédiateté de la relation, nous ne parvenons pas à pardonner, c'est-à-dire aimer au-delà de ce qui est pensable, nous pouvons nous tourner vers Dieu et dire : « Pardonne, pardonne à ma place car pour le moment je ne parviens pas à pardonner, je ne parviens pas à aimer, je ne parviens pas à faire miséricorde à celui ou celle qui est en face de moi. Et puis, ouvre mon coeur à cette miséricorde que tu m’offres toi-même et permets que moi aussi, je la déverse sur la blessure que je cause à mon frère ou à ma sœur en refusant de l’aimer, en déversant le baume de ta propre miséricorde sur la plaie que j’ai causée en refusant de l’aimer sur le moment ». Alors, sans aucun doute, si notre prière est sincère, si elle est fervente, si elle est régulière, si elle est tenace, le Seigneur nous offrira la possibilité d’aimer au-delà de ce qui est pensable, c'est-à-dire aimer au-delà de ce que nous désirons comme quantité d’amour. Que Dieu nous donne cette grâce, qu’il nous donne de goûter la grâce de la miséricorde qu’il pose sur nous-même d’abord comme première expérience puis surtout qu’Il nous donne la possibilité d’expérimenter le don de l’amour vers l’autre sans condition, sans limite, quelle que soit la situation qui a provoqué l’être qui est en face de moi car cet être est en enfant de Dieu.
Amen

Croix souffrance salut

14/9/2019 Jn XIX 6-11, 13-20, 25-28, 30-35

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous fêtons aujourd'hui l’Exaltation de la Sainte Croix du Christ et la commémoration du moment où Sainte Hélène a retrouvé le bois de la Croix mais c’est bien plus que cela. En vénérant la Croix du Christ nous sommes en face du mystère du salut, nous sommes en face du cadeau que Dieu que nous fait d’avoir la possibilité d’être sauvés par la Croix. En effet, tout ce qui se passe autour de la crucifixion du Christ, son agonie à Gethsémani, sa Passion puis sa crucifixion sont à eux seuls les moments de notre salut. Bien sûr, il y a ensuite la Résurrection qui vient comme un aboutissement de tous ces évènements. Mais il faut bien comprendre que pour nous sauver le Seigneur, le Fils de Dieu, Dieu Lui-même, a accepté de vivre ce que nous aurions à vivre sur cette terre, d’une manière ou d’une autre, que l’on appelle la souffrance. C’est un grand mystère que la souffrance des êtres humains ; nous ne pouvons pas comprendre le pourquoi immédiat de la souffrance ; nous n’avons pas de réponse satisfaisante à la question : pourquoi je souffre ? Mais nous avons au demeurant peut-être la plus grande des réponses c’est que le Christ Lui-même a accepté de vivre cette différence ; Il a accepté au-delà de ses forces humaines ce qui s’est passé à Gethsémani, la peur qu’il a ressentie à l’idée de ce qui l’attendait puis l’acceptation d’être arrêté, malmené, abandonné par ses apôtres, conduit comme un  « injuste » devant un tribunal, condamné alors qu’Il n’avait rien fait que de bon, puis chargé de sa croix jusqu’au lieu où on L’a crucifié. Tout cela a été pour Lui dans son corps d’homme, dans notre corps à nous, une grande souffrance ; c’était une participation forte à notre propre souffrance quelle qu’elle soit ; c’était la manière de nous dire que nous étions aimés malgré nos fautes, malgré nos égarements et nos faiblesses. Il ne s’agissait pas d’un rachat : le Christ n’a rien racheté ; Il est venu participer à ce que nous vivons sur cette terre dans ce qui a de plus difficile, la souffrance et la mort et c’est là que se situe le mystère du salut ; c’est là qu’en acceptant toutes ces souffrances, le Christ nous prend avec Lui dans sa chair, dans tout son être et qu’ensuite Il accepte l’ignominie ; par cette acceptation Il nous démontre que quel que soit l’éloignement dans lequel nous sommes par rapport à Dieu, il nous suffit d’un seul regard vers Lui, vers sa Croix, plus exactement vers Lui sur sa croix, pour que nous soyons immédiatement consolés, confortés, remis debout dans la lumière divine ; c’est là que se situe le mystère du salut. Lorsque le Christ ressuscite c’est pour nous qu’Il ressuscite et, plus tard, lorsqu'Il s’élèvera dans les Cieux, au moment de l’Ascension, Il nous tirera tous vers le Père ; Il nous emmènera dans son humanité pour que nous participions à sa divinité. C’est pour cela que nous aimons vénérer la Croix ; il ne s’agit pas là d’un acte à caractère magique, païen, non, il s’agit de vénérer le mystère de notre salut ; et à chaque fois que nous faisons le signe de la Croix sur nous, à chaque fois que nous embrassons une croix, il nous faut nous souvenir, avec le coeur, que là se situe notre salut. C’est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait de la part de Dieu. Alors en cette fête de l’Exaltation de la Croix, au travers de cette Divine Liturgie, qui fait revivre le mystère total de l’abandon du Christ, de son offrande de tout son être, pour nous, au travers de ce que nous célébrons, revivons intensément le mystère du salut et rendons grâce à Dieu ; rendons grâce à Dieu pour son amour infini, Lui qui a pensé que seule une personne de la Sainte Trinité pouvait nous annoncer que nous étions aimés malgré nos fautes. Pour cette raison, en accord trinitaire, le Fils est venu au milieu de nous ; Il a pris notre chair, Il a pris nos souffrances, Il s’est humilié, Il s’est offert. Accueillons cette offrande avec reconnaissance et goûtons, goûtons ce salut qui est là à notre portée ; à chaque fois que nous pensons au Seigneur crucifié, c’est le salut qui nous est donné dans le coeur, qui est réveillé en quelque sorte dans notre coeur. Alors oui, soyons dans l’action de grâce, dans la reconnaissance, dans l’amour, d’un Dieu qui est Amour et qui veut partager cet amour avec nous pour l’Eternité.

Amen

Abandon à la puissance communion Église

11/8/2019 Mth XIV, 14-22

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous le savons, le Seigneur Jésus a toujours été et est toujours rempli de compassion pour les hommes et les femmes de cette terre et l’Evangile que nous venons d’entendre en est un des nombreux témoignages. En effet, il nous est dit, au tout début de l’Evangile, que Jésus guérissait tous ceux qui étaient infirmes : c’est par là que commence la Bonne Parole d’aujourd'hui ; ceci doit nous consoler, nous conforter dans notre foi. En effet, si Jésus guérissait ceux qui souffraient de toutes sortes d’infirmités pendant le temps où Il a vécu sur cette terre dans son Incarnation, à plus fortes raisons, aujourd'hui et demain Il peut guérir toutes nos infirmités ; ces infimités sont physiques mais elles sont aussi spirituelles et le Seigneur peut toutes les guérir, Il l’a prouvé maintes fois : nous avons lu il y a quelques dimanches le récit du paralytique à qui Il a remis tous ses péchés et qui est reparti en marchant avec son grabat sous le bras. Ceci doit nous encourager dans la confiance, dans l’abandon entre les mains du Seigneur : Il peut tout. Nous sommes souvent – forcément – découragés par la situation dans laquelle nous nous découvrons à certains moments, soit à cause de notre péché, de nos chutes, soit à cause de nos infirmités personnelles, physiques, morales, soit à cause de l’infirmité de l’Eglise dans laquelle nous vivons ; tout cela est une réalité, une réalité d’aujourd'hui, probablement une réalité de demain. Mais le Seigneur peut tout. Voyez-vous ce qui est important, c’est l’abandon, l’abandon en cette capacité du Seigneur de nous appliquer sa miséricorde infinie. Instinctivement, nous avons envie de résoudre les problèmes que nous constatons en nous ou autour de nous ; c’est un instinct qui est ambigu : à la fois il est vrai nous avons une responsabilité sur cette terre : Dieu nous a confié toute la création y compris les hommes, les femmes, les enfants de cette terre mais, au demeurant, la grande responsabilité appartient à Dieu et c’est au Christ que nous devons demander du secours avant même d’essayer de résoudre tel ou tel problème. On constate en nous-même et autour de nous que ce n’est pas toujours la réalité : que l’on veut expliquer, justifier, résoudre, avoir sa pensée que l’on considère comme la meilleure, la plus juste mais n’est-ce pas souvent un mouvement individualiste, un mouvement même orgueilleux ? Faisons-nous suffisamment confiance dans le Seigneur Jésus ? Pour tout, absolument pour tout. Car nous le voyons dans la deuxième partie de cet Evangile : Il nourrit des centaines et des centaines d’hommes et de femmes à partir de quelques pains et de quelques poissons. Autrement dit, Il peut tout. Il faut que, tous les jours, nous ayons conscience de la puissance de Dieu, de la puissance du Seigneur et que nous mettions notre confiance en Lui. Il y a un psaume qui dit : « Ne mettez pas votre confiance dans les princes » ; quelque fois nous sommes nous-même en train de nous considérer comme des princes et nous faisons peut-être trop confiance en notre pensée, à notre manière de voir. Le Seigneur peut tout : Il a nourri 5.000 hommes sans compter les femmes et les enfants. Les Pères ont vu dans ce miracle la préfiguration de ce qui se passera lors de la Sainte Cène du Christ avant da Passion, à savoir l’Eucharistie car, en effet, lorsqu'Il a béni le pain et le vin, qu’Il les a distribués à ses apôtres, à tous, même à Judas, Il a fait acte de miséricorde car Il a rajouté à ses apôtres et à ses disciples – qui peut-être n’ont pas tout-à-fait compris le sens de sa Parole à ce moment-là : « Faites ceci en mémoire de Moi ». Autrement dit, aujourd'hui, le monde entier, à chaque instant, communie au Corps et u Sang du Christ, à chaque instant. Il y a toujours un homme, une femme, un enfant qui communient au Corps et au Sang du Christ et nous devons avoir notre pensée dans cette direction parce que le Corps et le Sang du Christ nous sauvent, nous donnent force, nous donnent la possibilité justement de bien discerner, selon Dieu, dans tout ce que nous avons à décider et à faire sur cette terre ; il y a toutes les secondes, quelqu'un qui communie au Corps et au Sang du Christ, qui s’abandonne à sa Parole, qui croit en sa Parole et qui Le reçoit pour recevoir une force, une force non seulement pour cette personne mais une force pour l’humanité entière car nous ne sommes pas des individus sur cette terre, nous sommes des êtres, comme Dieu est, des êtres en communion : l’individu n’est jamais en communion d’où le terme péjoratif d’ « individualiste », mais l’être, comme Dieu est, c’est une notion de partage, de communion, de communion universelle avec toute la nature et particulièrement avec tous les êtres de la terre : les hommes, les femmes, et les enfants. Cela devrait venir à notre pensée quand nous nous approchons du Saint Calice pour recevoir le Corps et le Sang du Christ, nous recevons, bien sûr, et avant tout pour nous-même mais puisque nous sommes des êtres, cette communion-là va au-delà de nous d’où la nécessité de prier le Seigneur et d’offrir ce que nous avons reçu à l’humanité entière par la prière, par un désir de communion entre les êtres, de communion entre les êtres qui n’aura de sens que par rapport à la communion avec Dieu, le Créateur, avec le Christ ; ceci a une grande importance. Nous vivons, depuis la Pentecôte, en Eglise, c'est-à-dire non pas dans un bâtiment quelconque mais dans une réalité de communion : l’Eglise est avant tout une réalité de communion et de communion eucharistique ; c’est là que se situe la base de l’Eglise ; alors lorsque nous communions, nous communions en Eglise et pour l’Eglise. Ceux qui connaissent l’histoire de l’Eglise savent qu’elle n’a pas toujours été brillante ; il y a eu des écueils, des erreurs, des hérésies, des apostasies, des responsables d’Eglise qui se sont trompés volontairement ou involontairement ; c’est la vie de l’Eglise ; puisque l’Eglise est humano-divine, la tête – la partie divine - est parfaite mais le corps que nous constituons tous a ses limites puisque nous avons une nature déchue et donc nous savons que nous tombons souvent dans la faute ; c’est pour cette raison que l’Eglise n’est jamais totalement parfaite ; elle est belle et pure à cause de sa tête, le Christ, qui sanctifie tout y compris l’homme pécheur à condition qu’il se tourne vers Lui. Alors il ne faut pas être surpris qu’en ces temps, certaines Eglises, certaines parties de l’Eglise sont dans le trouble, dans l’inquiétude, les interrogations, l’erreur même ; il ne faut pas en être surpris mais cela ne veut pas dire que nous devons en rester là. Qu'est-ce que nous devons faire ? Avant de réfléchir avec nos cellules grises, il nous faut prier, il nous faut supplier, il nous faut prendre exemple sur les Saints et nous abandonner à la volonté du Christ en disant : « Quelle est ta volonté ? Montre-nous ta volonté et donne-nous la force de l’appliquer, de la vivre pour que nous soyons en communion totale, la plus parfaite possible, celle que tu désires Toi, notre Créateur ». Voilà peut-être des réflexions que nous pouvons mener chacun de notre côté selon les questions que nous pouvons nous poser, selon les interrogations personnelles, familiales, diocésaines, ecclésiales et autres ;1 nous abandonner à la volonté de Dieu en cherchant quelle est la volonté de Dieu. Or nous aurons toujours la réponse en lisant l’Evangile qui est aussi une nourriture que nous partageons, tous, une nourriture forte, conséquente à laquelle nous devons nous référer quand nous avons un questionnement légitime. Relisons l’Evangile et nous verrons que nous avons toujours une réponse claire, nette, précise qui nous indique le chemin, le chemin de la paix, le chemin de l’Unité, le chemin de l’amour.

Amen

Choix entre démon Christ

21/7/2019 Mt VIII, 28-IX,1

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Dans le récit de ce miracle que Jésus opère sur ces deux possédés, il y a plusieurs révélations qui nous sont proposées et d’une grande importance. La première c’est que les démons, eux-mêmes, reconnaissant le Christ ont eu peur de Lui et ils ont été vaincus par le Christ immédiatement ; à leur demande le Christ les a laissés envahir le troupeau de porcs qui se jeta dans le lac. Cela doit être pour nous une consolation, une révélation consolante ; cela veut dire que le Christ a vaincu le démon et que, par conséquent si nous nous tournons vers Lui lorsque nous sentons que le démon vient essayer de nous troubler, de nous attaquer, de nous faire tomber, il suffit simplement de se tourner vers le Seigneur Jésus et Lui fera tout ce qu’Il a à faire pour les chasser. C’est une réalité de foi que nous devons expérimenter, comprendre certes mais expérimenter à chaque fois que nécessaire. Nous sommes souvent tentés par le démon – avant même les tentations nous sommes aussi capables de tomber tout seuls bien sûr et nous devons dans ces cas -là supplier le Christ de venir à notre secours. Mais le démon essaie souvent d’utiliser une situation, une situation de faiblesse, de fatigue, de comportement et se glisse au milieu de tout cela pour faire tomber tout le monde mais si nous nous tournons vers le Seigneur Jésus avec foi - car il faut avoir la foi pour pouvoir implorer le Christ pour que Lui-même chasse les démons. Si nous nous tournons avec foi vers le Christ alors, comme les Gadaréniens, nous serons libérés ; leur cas était très grave, la possession des démons était très forte, très conséquente, personne ne pouvait les approcher et pourtant, ils sont redevenus doux comme des agneaux.
La deuxième révélation qui nous est faite est dans l’attitude des villageois qui apprennent cette nouvelle qui pour eux aurait dû être une bonne nouvelle mais ils n’ont penser qu’à une seule chose : leurs cochons qui disparaissaient, ils avaient perdus quelque chose. Qu'est-ce que quelques cochons par rapport à la grâce de Dieu, par rapport à la guérison de deux hommes qui ne pouvaient plus être en contact avec Dieu à cause de la possession. Alors bien sûr on peut comprendre que ces gens ont eu une certaine peur : ils se demandaient ce qu’il se passait et pourtant on leur avait dit que Jésus avait guéri les deux hommes. Mais, non, ce qui les a focalisés ce sont leurs cochons. Alors pour nous aussi il faut faire attention : lorsque nous sommes tentés par le démon, qui choisissons-nous ? Le démon ou la guérison par le Christ ; ce n’est pas toujours facile car les démons sont intelligents, vous l’avez vu, ils ont reconnu le Christ, ils ont même dialogué avec lui, ils ont même demandé d’être libérés d’une certaine façon – le résultat n’a pas été excellent pour eux. Alors nous qu'est-ce que nous choisissons lorsque nous sentons la tentation venir, il faut immédiatement – ce sont les Pères qui le disent parce qu'ils l’ont expérimenté – il faut immédiatement chasser la pensée démoniaque qui vient. Alors les exemples sont multiples : c’est le moment de la prière et puis on se dit : « oh oui mais peut-être que je pourrais téléphoner à un ami parce qu'il y a longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles donc on va être tenté de téléphoner plutôt que d’aller vers la prière, c'est-à-dire vers le Christ – je ne dis pas que de téléphoner à un ami c’est démoniaque, non c’est un choix subtil ; parce que le démon est très subtil, très intelligent. Je pourrais multiplier les exemples, nous les connaissons tous dans nos expériences personnelles. Lorsque nous-mêmes, les moines, les moniales, nous entrons dans nos cellules–après avoir terminé nos activités de la journée et les Offices – pour y prier le Seigneur, il arrive fréquemment – je parle de moi – qu’une idée m’arrive « Ta cellule n’est pas propre, tu devrais faire le ménage » ou bien « C’est peut-être le moment de laver du linge » ou bien tout simplement « Téléphone à ta famille, il y a longtemps que tu n’as pas appelé ». Toutes ces choses-là arrivent, ce ne sont pas des inventions que je suis en train de vous raconter. Et puis on se souvient que c’est aussi le moment de se mettre en relation avec le Seigneur. Alors il faut choisir, il faut choisir : la prière, le lien avec Dieu ou bien le reste. Il est intéressant de voir dans les monastères – pardon de parler de cela mais c’est un des lieux que je connais le mieux – qu’un quart d’heure avant le début de l’Office, nous sonnons la simandre pour avertir la communauté que dans un quart d’heure nous serons dans l’église pour prier le Seigneur et qu’il faut arrêter sur le moment toute activité mais il est intéressant de s’interroger et de se dire : « Quand j’entends la simandre qu'est-ce que je fais ? ». Est-ce que je me prépare à aller vers le Seigneur ou bien est-ce que j’ai des « raisons », bien sûr toujours évidentes, pour ne pas y aller tout de suite, quitte même à arriver en retard. Ce sont des exemples : à vous de transposer vous qui n’êtes pas moines ou moniale, je pense que ce ne sera pas trop difficile pour vous de trouver aussi des histoires de ce genre.
Donc ce récit qui peut paraître simplement un récit anecdotique, un peu surprenant même, est en fait très important car il faut que nous comprenions combien le Seigneur nous aime au point de nous délivrer des démons qui nous attaquent et qui quelque fois prennent possession de nous d’une manière ou d’une autre. Il faut que notre foi soit ravivée par cet évènement, que nous croyons en la force du Christ qui a écrasé le démon lorsqu’Il est mort et ressuscité pour nous. Le démon a toujours une certaine possibilité d’action mais il est foutu ; si nous nous tournons vers le Christ, c’est terminé pour lui, la preuve dans cet exemple de miracle. Et puis dans notre quotidien entraînons-nous - car il faut s’entraîner – entraînons-nous à choisir, à faire le bon choix – c'est-à-dire à choisir le Christ, à choisir Dieu, à chasser rapidement, le plus vite possible la pensée qui vient pour nous détourner de Dieu.
Hier un homme est venu au monastère, inconnu, et il voulait me parler. Quand je suis sorti de ma cellule il était sur un banc et il m’attendait. J’ai assez vite compris que c’était quelqu'un qui était dans la difficulté et qui avait besoin d’argent. La première pensée que j’ai eue : « Ah, encore, il est peut-être en train de me raconter la vérité ou un mensonge », le problème n’était pas là. Le Christ se moque que ce soit la vérité ou pas la vérité et dans ce cas-là ce qui L’intéresse c’est ma réaction à moi : si ce pauvre homme vient et est obligé de mentir un peu il est dans une situation difficile et bien moi je n’ai qu’une seule chose à faire c’est de l’accueillir comme le Christ et non pas de me dire : « Bon alors qu'est-ce que je vais lui donner, pourvu qu’il ne me demande pas trop … ». Voyez-vous ce sont des cas très concrets, ce sont des cas de tous les jours. Alors je l’ai écouté puis j’ai progressivement chassé la pensée du démon qui me disait : « Bénis-le, dis-lui que tu vas prier pour lui ». Non, ce n’est pas cela qu’il fallait faire. C’est lui-même qui m’a dit : « Pour terminer le mois j’aurai besoin de tant … ». Je lui ai donné ce que je pensais lui donner. Voyez-vous comme c’était subtil. J’étais là devant une visite du Christ qui venait me demander quelque chose parce que le pauvre c’est le Christ. « Je serai toujours parmi vous car il y aura parmi vous des pauvres parmi vous ». Et j’allais chasser le Christ, plus ou moins, de façon pieuse, par une bénédiction ou par un bon mot et puis me débarrasser de la question financière. Heureusement, heureusement le Seigneur est venu à mon secours. Disons que cela ne s’est pas trop mal terminer. Mais c’est encore un exemple que je vous donne. Il faut que nous arrivions à nous exercer progressivement face à ce type d’évènement à comprendre qu’il y a le démon et le Christ et que je dois choisir. Nous sommes libres, c’est bien notre problème d’ailleurs. Nous ne sommes pas des marionnettes que Dieu manipule avec des fils, non nous sommes libres mais notre liberté, notre vraie liberté est de choisir le Christ, ce que n’ont pas fait les gens de ce village, ils ont eu peur mais la peur vient du démon. Alors ils se sont intéressés à leur problème matériel du moment et ils ont oublié que le Christ pouvait peut-être encore leur dire des choses ou peut-être guérir encore d’autres personnes dans le village. Le Christ les a laissés, Il nous laisse libres. Il est parti tranquillement, peut-être triste.
Alors voilà, essayons, au travers de cette histoire, de ce miracle de comprendre qu’il y a pour nous des messages du Christ, des messages de Dieu qui sont importants : le Christ est plus fort que le démon et moi quand je suis face à une situation où le démon essaye de me faire chuter je dois choisir le Christ et personne d’autre.
Amen

Apôtres

30/6/2019 Mc III, 13.19

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Ils ont proclamé l’Evangile par la force de l’Esprit-Saint. Ils ont annoncé à tous les peuples le Nom du Seigneur Jésus. Certes ils étaient des vases d’argile fragiles mais confortés sans cesse par la grâce du Seigneur. Ce dont je parle ce sont les apôtres du Christ que nous fêtons aujourd'hui autour de Pierre et Paul que nous avons célébrés hier. Ces apôtres ont joué un rôle fondamental dans l’Evangélisation de toute la terre ; ils ont été envoyés par le Christ et ils ont accompli leur mission alors que, à certains moments, leur vie n’a pas été facile. Et puis il y a autre chose qui est à remarquer : ces apôtres que le Seigneur avait choisis étaient des hommes simples ; Il aurait pu choisir des hommes cultivés, des philosophes - mais il n’y en avait pas à cette époque dans cette région ; Il aurait pu choisir des gens riches mais Il a choisi des pauvres, des hommes simples, des pécheurs du lac. Et encore Il a choisi des hommes qu’Il a dû éduquer tous les jours non sans difficultés car ces hommes étaient comme nous, à certains moments, des faibles, des pécheurs. Au moment de Gethsémani, ils ont tous pris la fuite, ils ont abandonné le Seigneur. Ils avaient des caractères plus ou moins marqués : Pierre, le fougueux, il voulait toujours dire la meilleure parole et affirmer sa foi et son amour qui étaient sincères et puis il a trahi le Seigneur, lui aussi. Thomas a douté mais ils ont tous douté ; après la Résurrection aucun d’eux ne croyaient que le Christ était ressuscité ; il leur a fallu plusieurs manifestations du Christ pour comprendre un peu que le Seigneur était ressuscité ; Thomas a eu besoin de mettre sa main dans la plaie du Christ parce que, lui aussi, était dans le doute à un moment ; Jacques et Jean voulaient la première place dans l’Eternité, dans un mouvement d’orgueil. Alors on se retrouve bien là, c’est bien nous tout cela d’une manière ou d’une autre bien sûr. C’est bien nous qui, à certains moments, doutons, oublions le Christ, exigeons des choses, ne comprenant pas toujours l’enseignement du Christ ; car les apôtres n’ont pas toujours compris directement ce qu’Il leur disait ; il fallait qu’Il répète, qu’Il explique ; il fallait qu’il interprète des paraboles parfois très simples comme nous avons besoin que le Seigneur nous interprète sa Parole dans le cœur pour qu’elle ne reste pas à un niveau intellectuel et qu’elle descende dans le coeur, c'est-à-dire dans le profond de notre être pour que nous soyons animés par la Parole de Dieu. Oui ils ont proclamé ta Parole Seigneur, ils ont annoncé à tous les peuples ton Nom malgré tout cela. Alors ceci devient pour nous une consolation ; d’abord parce que tous ces hommes sont des saints, non pas parce qu'ils étaient parfaits – vous l’avez compris – mais parce qu'ils aimaient Dieu, ils aimaient le Christ, ils avaient foi en Lui, même si cette foi était vacillante à certains moments mais ils revenaient toujours sur le chemin de la foi, sur le chemin de l’amour de Dieu. Et c’est là notre chemin car si nous ne sommes pas directement dans la ligne des apôtres – la Tradition dit que ce sont les évêques qui ont la tradition apostolique puisque tous les apôtres ont eu un rôle épiscopal dans les lieux où ils se sont retrouvés. Mais nous sommes dans la même lignée ; à partir du moment où nous avons été baptisés par le Christ, plongés dans les eaux pour être purifiés, quand nous avons reçu les dons du Saint-Esprit au travers de la Chrismation, nous avons reçu les mêmes dons que les apôtres, chacun ayant reçu un ou plusieurs dons particuliers selon sa personnalité car Dieu nous respecte comme Il a respecté ses apôtres. Et puis nous avons communié au Corps et au Sang du Christ comme les apôtres, nous sommes donc bien dans cette même ligne d’action spirituelle.
Oui, nous devons être comme les apôtres des témoins de l’amour de Dieu, des témoins de sa miséricorde infinie qui nous prend tels que nous sommes comme Il a pris ses apôtres tels qu’ils étaient, avec leurs faiblesses ; Il s’est agacé même quelque fois avec eux : « Jusques à quand serai-je avec vous » parce qu'ils ne comprenaient pas, ils étaient butés mais nous aussi à certains moments nous sommes butés : le Christ nous parle, Il nous dit, Il nous enseigne, Il nous conduit, Il nous pousse et puis nous bloquons, nous bloquons par notre faiblesse mais le Seigneur est toujours avec nous. Et puis le Seigneur est fort – Saint Dieu, Saint fort -, le Seigneur est plus fort que nous et Il est plus fort que les démons qui peuvent nous attaquer ; Il peut les détruire en un instant, il suffit que nous acceptions son amour et que nous soyons dans une forme d’adhésion de tout notre être à la Personne du Christ dans une communion à la Personne du Christ, c’est tout le sens de notre vie comme c’était le sens de la vie de tous ses apôtres que nous fêtons. Alors nous, peut-être que nous ne sommes pas envoyés sur toute la terre pour annoncer le Nom du Christ mais nous avons une mission, chacun d’entre nous, là où nous sommes, que ce soit dans une paroisse, dans une communauté, dans notre travail, dans notre famille, dans notre société, nous avons une mission ; peut-être pas par la Parole – encore que, si on nous questionne, nous pouvons répondre - mais par notre vie. Pierre – comme on l’a vu dans les Epitres et dans les « Actes » - a été persécuté pour plusieurs raisons, de plusieurs façons, toujours critiqué, rejeté, emprisonné, battu ; Paul a subi toutes les persécutions possibles et les autres également. Ils sont tous morts dans des conditions de martyrs pratiquement ; alors ils ont témoigné, ils ont témoigné jusqu’au bout de leur foi et surtout de leur amour de Dieu, cela va avec : foi et amour ne se dissocient pas : si on croit, on aime et si l’on aime, on croit. Alors nous, nous qui sommes d’humbles pécheurs, pas plus brillants que les apôtres à leurs débuts mais nous avons la grâce, mes amis, nous avons la grâce reçue au baptême (les 3 sacrements : baptême, chrismation, communion) et, par la grâce, tout est possible ; même un balayeur de rue, un simple homme, pauvre, par son sourire, peut devenir le témoin de l’amour de Dieu. Cela existe, vous savez. Alors cela doit réveiller notre coeur, nous donner courage, confiance, foi, amour, dynamisme. Oh, il ne s’agit pas de sortir du monastère et de crier dans tout le village « Le Christ est ressuscité. Ecoutez-moi, je vais vous raconter ». Probablement que l’on vous claquerait la porte au nez parce que le monde – du moins en Europe, en tout cas – est fort déchristianisé mais nous n’avons pas besoin de parler, nous devons vivre le Christ et, à ce moment-là cela se voit ou cela s’entend, cela se sent. Pourquoi ? Pourquoi est-il bon, pourquoi est-elle souriante ? alors qu’il n’y a pas tellement lieu de sourire ; les gens s’interrogent. Il n’y a pas longtemps, prenant une voiture dans Paris pour circuler le chauffeur qui m’accompagnait, qui n’était pas chrétien, m’a vu en tenue et a commencé à me demander qui j’étais, si j’étais un rabbin. J’ai dit : « Non, je ne suis pas un rabbin, je suis un prêtre du Seigneur, je suis moine ». Alors il a eu un peu le souffle coupé puis il a commencé à me parler de Dieu - c’est lui qui a commencé, ce n’est pas moi – à m’interroger : comment je vivais, pourquoi, comment cela avait commencé, comment je continuais, qu'est-ce que je faisais là, pourquoi l’étais à Paris, etc…. Conversation banale mais conversation sous-tendue par la grâce de Dieu dans cet homme qui a suscité en moi les réponses que je lui donnais ; j’ai donné les réponses que je pouvais mais Dieu était là et à la fin du parcours cet homme m’a dit : « J’ai passé le meilleur moment de ma journée », pas à cause de moi, à cause du Christ. C’est un petit exemple mais tout est possible vous savez, avec Dieu, avec Jésus, tout est possible même l’impossible.
Alors soyons comme les apôtres. Nous avons reçu les dons du Saint-Esprit, soyons dynamisés par ces dons, offrons-les, donnons-les, là où nous sommes. Nous n’avons pas envie de sourire, sourions ; nous n’avons pas envie d’aimer, aimons ; nous avons des doutes, ayons la foi. Mais pour ce faire tout cela doit être demandé dans la prière fervente, régulière, comme le centurion : « Seigneur je crois mais augmente ma foi » car la foi n’est pas quelque chose que l’on reçoit comme un petit cadeau le jour du baptême, que l’on rage dans un tiroir ; la foi c’est quelque chose qui se dynamise tout le temps, sans cesse, qui nous rend courageux, heureux, paisibles et puis si, à certains moments nous sommes moins heureux, moins paisibles et bien c’est le moment d’aller se réfugier dans les bras miséricordieux du Christ et de se laisser aimer par Lui, de pleurer sur son épaule. Il nous consolera et Il nous donnera la force. Alors oui, comme les apôtres nous pourrons annoncer l’Evangile à notre manière, nous pourrons, à tous les peuples de la terre, donner le Nom de Jésus car le Nom est porteur de vie, le Nom du Christ est porteur de vie. Qu’Il nous apporte cette vie jusqu’à l’Eternité.

Amen

Esprit-Saint

16/6/2019 Jn VII, 37-52, VIII, 12
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Lorsque le psalmiste s'exprime ainsi : « Dieu, Toi mon Dieu, je te cherche dès l’aurore, mon âme a soif de Toi, après Toi languit ma chair, terre sèche, altérée, sans eau », il exprime sans aucun doute ce désir de goûter la plénitude de Dieu ; il a soif de Dieu. Or le Seigneur Jésus nous a proposé – nous l'avons entendu – de recevoir l'eau vive et cette eau vive c'est Celui que nous fêtons aujourd'hui solennellement, le Grand Saint-Esprit, troisième personne de la Sainte Trinité ; le Saint-Esprit par qui il nous est possible - et uniquement par Lui – d'entrer en relation avec le Père et le Fils ; c'est Lui qui ouvre notre cœur et notre âme à cette communion avec le divin, avec notre Dieu. Un des qualificatifs de l'Esprit-Saint est « Consolateur » et oui, nous avons besoin souvent, très souvent de consolation, de consolations pour des raisons diverses parce que nous pouvons nous trouver dans un état de tristesse suite à un événement douloureux vécu dans notre famille, dans notre société, dans notre communauté, dans notre diocèse et puis il y a aussi une certaine tristesse qui naît en nous à chaque fois que nous commettons une faute, un péché, une chute et l'Esprit-Saint est là pour nous introduire à la miséricorde de Dieu, pour ouvrir notre cœur à cette miséricorde, à cet amour sans condition ; c'est l'Esprit d'amour, l'Esprit de vérité car Il nous mène à la vérité ; sans Lui nous ne pouvons connaître le Christ-Jésus comme nous devons Le connaître ; nous ne pouvons appréhender le mystère trinitaire sans le Saint-Esprit. Alors nous avons besoin de Lui ; c'est pour cette raison qu'après les agapes nous aurons les Vêpres « de l'agenouillement » qui nous permettront de dire ces longues prières qui s'adressent à l'Esprit-Saint pour qu'Il vienne, qu'Il vienne en nous, qu'Il nous habite, qu'Il soit l'habitant principal de notre cœur et qu'Il nous permette ainsi d'ouvrir ce cœur à l'amour de Jésus, transmission de l'amour du Père, amour éternel. C'est une grande grâce que de pouvoir, tous les ans, recevoir à nouveau la visite de l'Esprit-Saint. Certes nous l'avons reçu lorsque après notre baptême nous avons reçu la chrismation, les dons du Saint-Esprit mais nous avons besoin de réactualiser sa Présence et ce qu'Il nous offre car, à cause de nos faiblesses, nous perdons quelquefois la grâce de cette Présence. Par cette fête que nous célébrons aujourd'hui, il nous est donné la possibilité de recevoir à nouveau, en plénitude la grâce de l'Esprit-Saint, sa Présence, son activité permanente en nous. Alors, alors il est important que nous ayons conscience d'avoir ce désir de l'Esprit-Saint dans le cœur. Car si nous n'avons pas le désir de le recevoir, par la liberté qui nous est accordée, Il ne viendra pas puisque nous ne le désirons pas mais si nous Le désirons, au contraire, Il viendra plus rapide que l'éclair, Il se posera au cœur de notre cœur pour animer, dynamiser, sanctifier notre cœur et notre vie, pour lui donner tout son sens et ce sens c'est la réception de la plénitude de l'amour de Dieu. Je vous ai dit souvent ici que nous sommes des apprentis de l'amour sur cette terre, que nous ne pouvons pas apprendre à aimer sans la présence de l'Esprit-Saint, sans son action salvatrice, dynamisante qui nous éduque à l'amour. A chaque fois, alors que nous n'en avons pas envie nous offrons un sourire à notre frère ou à notre sœur, c'est l'Esprit-saint qui nous a poussé à le faire ; à chaque fois que nous avons dans nos cœurs de la rancune, de la colère ou du jugement et puis que, d'un seul coup, mystérieusement, notre cœur tourne et devient aimant, c'est à cause de l'Esprit-Saint, pas à cause de nous, à cause de l'Esprit-Saint qui transforme notre colère, notre haine, notre jugement, en amour. Il peut tout, absolument tout puisqu'Il est Dieu, troisième Personne de la Sainte Trinité. Alors que notre prière soit une prière fervente. C'est pour cela que nous avons des cierges allumés ; pour nous rappeler que la Lumière du Christ nous a été promise comme la Présence de l'Esprit-Saint. Nous ne pouvons découvrir la lumière du Christ, le chemin qu'est le Christ sans la Présence de l'Esprit-Saint. Alors oui, que notre cœur soit désireux, chercheur de Dieu, chercheur de l'Esprit-Saint, sans cesse, tous les jours. Nous avons la possibilité de réciter cette belle prière : Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité, tous les jours, à chaque instant de notre vie et même si nous ne la disons pas pendant la période pascale pour des raisons pédagogiques, pour que le désir soit davantage excité, pour que notre désir se dynamise, pour que nous ayons cette tension vers cet Esprit dont nous avons besoin. Mais voilà que nous pouvons, depuis hier soir, chanter, dire : « Roi céleste, Consolateur, Esprit de Vérité, Toi qui es partout présent, - partout présent, pas uniquement ici dans cette Eglise et dans ce moment et dans le monde entier – Toi qui emplis tout ; vous comprenez ? Tout : la nature, tous les êtres de la terre -. Viens, purifie-nous de toutes souillures et sauves nos âmes Toi qui es bonté.

Amen.

Abandon foi confiance

9/6/2019 Lc XVII, 1-13

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Le texte que nous venons d’entendre se termine par « pour qu’ils aient la plénitude de la foi ». Ce texte, bien connu, qui est appelé «  la prière sacerdotale du Christ » est une prière où effectivement Il rend compte à son Père de sa mission en tant que grand-prêtre ; Il développe ce qu’Il a fait, ce qu’Il a reçu comme mission puis ce qu’Il a accompli de cette mission ; Il rend grâce à Dieu et surtout Il nous invite par ce témoignage, par ce testament à vivre dans une foi la plus grande qui soit, à cause de Lui. Il nous invite à nous abandonner : la foi est un acte d’abandon entre les mains de Dieu, face à un évènement, une histoire douloureuse, un empêchement, une blessure, une maladie grave. Nous avons besoin d’avoir confiance en Dieu. D’instinct nous avons confiance en ceux qui peuvent nous aider sur cette terre et nous avons raison : quelqu'un qui est malade aura confiance dans son médecin qui a reçu comme don de Dieu sa science ; un autre qui sera dans le désespoir aura raison d’aller trouver tel ou tel de ses amis ou bien un prêtre ou un moine ou une autre personne pour reprendre courage, pour prendre un conseil, pour pouvoir s’abandonner d’avantage dans ce que le Seigneur lui propose mais il n’est pas facile de s’abandonner. Oh pour les évènements simples et ordinaires, oui, cela est facile mais il y a des moments où, dans nos vies, l’évènement est lourd. Hier j’ai participé à la Liturgie, aux funérailles de Nathalie Korotkoff,, un des grands chantres de notre Eglise. Bien sûr nous étions tous – et sa famille en particulier, son époux, ses enfants, ses petits-enfants, tous ceux qu’elle a enseigné – tous nous étions dans la peine mais la peine, comme l’a dit son mari à la fin, doit s’accompagner de la joie parce que si nous savons nous abandonner entre les mains de Dieu, si nous savons croire en ce qu’Il nous a dit – d’abord Il nous a démontré qu’Il était mort et ressuscité et que c’était ce qui nous attendait : pour nous aussi, la mort et la résurrection , le salut éternel. - alors si nous croyons à ce que le Christ a eu comme mission de nous annoncer et de vivre sur cette terre en nous prouvant son amour alors il nous est plus facile de nous abandonner même si une certaine douleur, une certaine tristesse, les larmes sont tout à fait légitimes. Et puis il y a des moments – nous les connaissons tous – où nous ne savons plus quoi faire : face à une situation familiale, sociale, ecclésiale, communautaire, on se demande : mais qu'est-ce que je sois faire ? L’erreur est dans cette formulation : qu'est-ce que
je dois faire. Il nous faut au contraire essayer de nous abandonner et de dire : « Seigneur, qu'est-ce que Tu veux que je fasse ». Ce n’est pas du tout la même attitude. Nous avons un très bel exemple dans l’Ancien Testament au travers du Patriarche Abraham. A un moment de la vie d’Abraham, Dieu lui dit : « Va-t’en de ce pays et va où je te montrerai ». Il ne lui donne pas une indication géographique, il ne lui dit pas, va dans tel pays et là tout ira bien, Il lui dit : « Va où Je te montrerai ». C’est dans le futur que cela va se passer et Abraham qui est un homme de grande foi s’abandonne totalement entre les mains de Dieu. Il ramasse sa famille, ses troupeaux, ses amis et il part en confiance et ils avancent. Ils savent que Dieu ne veut pas les mener ailleurs que là où Il les attend pour leur offrir le bonheur, la joie, l’amour. C’est une très belle figure de foi et d’abandon qui nous est nécessaire : il faut que nous nous souvenions de ce qu’a fait Abraham ; il a correspondu à cette prière sacerdotale du Christ qui a tout fait, missionné par la Sainte Trinité, pour que nous ayons cette attitude d’abandon, de foi et c’est difficile, oui, c’est difficile quand on ne sait ce qu’il faut faire. Alors nous avons une première solution : la prière. Il faut savoir se mettre à genoux devant Dieu, pleurer devant Dieu, supplier Dieu et Lui dire : montre-nous où Tu veux nous mener. Dis-nous « Va où je te montrerai » et nous te croirons. Cela est valable pour toute situation. Dans l’Eglise à certains moments il y a des troubles, il y a des moments où on se demande si on est véritablement là où on devrait être. C’est le moment, c’est le moment de croire et de s’abandonner ; ce n’est pas le moment de discutailler, de dire : « Ah oui, mais par là cela ne va pas, par ici ca ne va pas non plus et puis là-bas on va se faire manger et puis ici on va être détruit ». Ce n’est pas cela la solution. Bien sûr on a le droit et même la responsabilité de réfléchir mais de réfléchir en s’abandonnant. Si nous avons des idées – et pourquoi pas ? – il faut toujours rajouter « J’ai cette idée là mais que ta volonté se fasse c'est-à-dire que j’irai là où tu me monteras, dans la confiance ». Lorsque tout semble s’évanouir devant nous, lorsqu’on ressent un certain abandon ou un rejet ou un mépris et que l’on se demande « Qu'est-ce que je dois faire ? Où dois-je aller ? ». Oui c’est le moment de prier mais dans l’humilité non pas en imposant à Dieu notre volonté en lui disant : « C’est là que je veux aller alors bénis-moi ». Ce n’est pas cela l’abandon ; l’abandon c’est dire : « Peut-être que je pourrais aller par là mais j’irai là où tu me monteras. Tu me guideras ». C’est cela qui est important.
Alors ce témoignage du Christ, ce testament … il faut qu’il ait un sens dans notre vie, il faut qu’il résonne dans nos coeurs, dans nos âmes. Le Christ n’est pas venu pour rien ; Il n’est pas venu pour faire des beaux discours que l’on a ensuite inscrits dans un livre et que l’on lit de temps en temps parce que c’est agréable, cela fait du bien. Oui, mais ce n’est pas suffisant. Il ne s’agit pas uniquement de lire, il faut accomplir et c’est ce que le Seigneur Jésus nous propose dans son testament : que nous soyons capables d’accomplir ce que Lui a accompli en obéissant au Père. Il n’a pas dit : « Pour sauver les hommes je vais venir sur la terre et leur dire : ne vous inquiétez pas, tout ira bien. Allez, c’est fini, on continue la route. Buvez, mangez, festoyez, réjouissez-vous tout ira bien ». Non, non Il n’a pas dit cela. Il a dit des paroles, donné des enseignements, des commandements mais Il a surtout appliqué sur Lui ce que nous avons à faire. Il est mort, Il a souffert, Il a été rejeté, Il a été bafoué, Il a été critiqué, ce qui nous arrive aussi à certains moments, y compris dans l’Eglise. Regardez St Nectaire d’Egine, un évêque extraordinaire, choisi pour être évêque - il n’a rien demandé - et puis, à peine est-il évêque, l’Eglise ne cessera de le combattre, de le persécuter jusqu’à la fin de sa vie. C’est ainsi qu’il est devenu un Saint international que nous prions et qui nous donne force, courage, confiance. On lui suggérait souvent : « Mais défends-toi, explique que c’est faux, écris au Patriarche, dis-lui que tout cela est faux et qu’il faudrait faire autre chose ». Non, il refusait toujours.et il disait : « Non, ne t’inquiète pas, Dieu est là ». Alors cette confiance, cet abandon qu’ont vécus le Saint Patriarche Abraham, St Nectaire et d’autres Saints - nous pourrions citer des milliers - doivent être aussi notre attitude, chacun a notre niveau. Nous ne devons pas avoir peur de l’avenir, même s’il se présente comme incertain puisque Dieu est là.
Oui que notre foi soit grande, qu’elle nous conduise à l’abandon ; que nous cessions de dire : « Je pense que …, je veux que …, je souhaite que … ». Supprimons le « je » mais interrogeons Dieu : « « Qu'est-ce que Tu veux pour moi, pour ma communauté, pour mon Eglise ? qu'est-ce que Tu veux ? » Et il faut que cette question soit posée à Dieu avec une grande foi, un abandon total, que nous n’ayons pas déjà en projection une réponse. Laissons de côté
nos réponses mais écoutons la réponse de Dieu. Elle viendra. Peut-être qu’elle nous paraîtra insatisfaisante par rapport à nos désirs - parce que nos désirs sont toujours très grands, nous voulons la perfection mais la perfection n’est pas de ce monde. Seul Dieu est parfait mais parce qu’Il est parfait, Il sait nous mener par des chemins qui progressivement nous mènerons à la perfection totalement goûtée dans l’Eternité mais sur cette terre nous n’aurons jamais rien de parfait, il ne faut pas rêver. Nos communautés ne seront jamais parfaites, nos familles ne seront jamais parfaites, notre société ne sera jamais parfaite et nos Eglises ne seront jamais parfaites, contrairement à ce que l’on croit quelquefois mais le problème n’est pas là, le problème est de se mettre à genoux et de prier le Seigneur : « Montre-moi où Tu veux me conduire et progressivement, j’adhérerai à Ta Volonté et que Ta Volonté soit faite ».
Amen

Désir du Christ

5/5/2019 Jn XX, 109-31

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Il y a une première chose à remarquer dans ce récit c’est que le Seigneur Jésus à chaque fois qu’Il apparaît devant ses disciples ou devant Thomas, Il leur dit « La Paix soit avec vous ». C’est par trois fois qu’Il répète cette bénédiction. Dans la divine Liturgie, comme dans tous les Offices, le prêtre est amené à dire la même chose, très souvent « La Paix soit avec vous ». Parce que pour recevoir tout enseignement du Christ, pour Le recevoir il faut que notre coeur soit en paix : si nous ne sommes pas en paix alors il est difficile pour le Seigneur d’agir en nous. C’est pour cette raison qu’Il nous propose Lui-même la paix. Il l’offre à ses apôtres.
Ensuite, par rapport à cet épisode nous pouvons, dans un premier temps, comme probablement l’ont fait les apôtres, penser que Thomas a douté de la Résurrection du Christ. Il est probable que Thomas comme tous les autres apôtres d’ailleurs aie douté de la Résurrection et, si vous avez bien fait attention, dans la première partie du récit, le Seigneur Jésus leur montre les plaies de ses mains et de son côté. Ce qu’il fera de nouveau pour Thomas puisque Thomas avait en quelque sorte exprimé son désir de croire s’il mettait sa main dans les plaies du Seigneur. Donc le doute était certainement des deux côtés mais Thomas n’était pas là quand Jésus est apparu la première fois aux apôtres. Lorsqu’Il apparaît le Seigneur Jésus répond immédiatement aux besoins de Thomas ; Il lui dit : « Mets ta main dans mon côté et dans mes plaies ; ne sois plus incrédule mais croyant ». Thomas sera d’ailleurs le seul à dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Les autres n’ont rien dit ; ils ont été dans la joie mais ils n’ont pas exprimé cet acte de foi « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est pour cette raison que l’on peut penser que Thomas, certes, comme les autres, avait quelques doutes mais avait aussi un grand désir de retrouver le Seigneur, de Le voir et même de Le toucher. C’est un désir légitime, c’est un désir que peut-être nous ressentons nous aussi car nous ne voyons pas le Seigneur Jésus. Or le Seigneur Jésus a dit à Thomas : « Heureux ceux qui croient en ayant vu mais bien plus heureux encore ceux qui croiront sans avoir vu ». C’est de nous qu’il est question, c’est de notre foi. Nous pourrions nous aussi dire comme Thomas : « Si je ne vois pas le Christ je ne croirai pas » et c’est peut-être ce qui nous arrive à certains moments. Nous aurions envie de Le voir ou bien, d’une autre manière, c’est simplement un désir, un désir légitime d’être avec le Christ, de vivre avec Lui, de Le voir, de l’entendre, peut-être de le toucher. Sur cette terre, à part quelques exceptions, aucun d’entre nous ne voit le Seigneur Jésus mais nous avons cette possibilité extraordinaire qu’Il a laissée, non seulement à ses apôtres mais à nous aussi, de Le voir et de Le recevoir même lors de la Communion puisqu’Il a dit à ses apôtres : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » en leur montrant du pain et du vin qu’Il a béni. C’est pour nous justement l’occasion de poser un acte de foi total mais aussi d’avoir la grande joie de recevoir dans notre corps le Corps même et le Sang même de Jésus. Ceci est extraordinaire. Ceci doit nous consoler comme Thomas a été consolé en mettant sa main dans les plaies du Seigneur. Nous, nous recevons le Corps et le Sang du Christ en nous. C’est peut-être même la plus grande consolation que nous puissions avoir sur cette terre. Alors, lorsque nous communions, ayant conscience, une conscience vive, que malgré notre indignité, la même que celle de Thomas et des apôtres, malgré cette indignité, le Seigneur s’offre à nous, nous offre la possibilité de le toucher, de Le recevoir dans notre corps et dans notre sang. Que cela soit, à chaque fois, une reconnaissance, une reconnaissance du Christ, une action de grâce aussi pour tous les bienfaits que nous recevons malgré nos faiblesses. Nous savons bien que nous sommes pécheurs, nous le proclamons avant la Communion ; Il faut que nous ayons foi en cette réalité que nous sommes pécheurs et en cette réalité que le Seigneur nous sauve en s’offrant totalement à nous, autrement dit en purifiant totalement notre coeur et notre âme par la sainte réception de son Corps et de son Sang.
Ayons comme Thomas ce grand désir, ce grand désir de voir, de toucher, d’entendre, de recevoir le Christ. Si ce désir est manifesté régulièrement dans notre prière alors au moment où nous approcherons du Christ Lui-même, au moment où nous L1e verrons Il pourra nous dire : « Toi qui m’as désiré toute ta vie, viens et vois ».
Amen

Enfers Résurrection

27/4/2019 Mth XXVIII, 1-20

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous sommes bientôt arrivés au point culminant de la fête de Pâques qui se déroulera cette nuit. Déjà nous avons les prémices de la Résurrection du Christ qui sont manifestées dans cet Evangile et ces prémices sont teintées d’une coloration particulière. Lorsque le Seigneur s’adresse aux Saintes femmes qui sont les premières à L’avoir vu Il leur dit ces mots « Réjouissez-vous » et c’est sans aucun doute la réaction que nous devons avoir lorsque nous comprenons ce mystère de la mort et de la Résurrection du Christ. Réjouissons-nous. Oui notre coeur doit être en joie parce que, entre le moment où Jésus est mort et déposé dans le sépulcre et le moment où il apparaît ressuscité il se déroule un certain nombre d’heures pendant lesquelles il nous est dit que Jésus est descendu aux enfers, c’est d’ailleurs l’icône que nous aurons tout à l’heure au milieu de l’église qui s’appelle « la descente aux enfers ». Cette descente aux enfers est très importante parce que Jésus en descendants aux enfers délivre tous ceux qui depuis Adam jusqu’à Jean-Baptiste et les autres étaient enchaînés, ne pouvaient établir une relation aussi intense qu’elle aurait dû l’être au moment de la création et voici que le Christ vient renouveler ce lien, ce lien d’amour avec Dieu. C’est pour cette raison qu’Il dit aux Saintes Femmes « Réjouissez-vous » ; c’est pour cette raison que, nous aussi, nous devons nous réjouir car la descente aux enfers du Christ c’est aussi la descente dans mon enfer : Il descend dans mon enfer et là Il me rencontre, Il me rencontre dans ma faiblesse, Il me rencontre dans mes chutes. Il n’est pas facile de vivre sur cette terre. Nous sommes en apprentissage – comme je le répète souvent. Nous avons bien souvent des doutes dans notre foi mais la foi et le doute vont ensemble et puis nous avons des moments de tristesse, d’angoisse, de désespoir soit parce que nous sommes touchés dans notre vie par quelque chose qui nous blesse et nous pouvons être blessés de toutes sortes de manières, par nous-mêmes d’abord, par nos proches, par nos amis, par nos frères, par nos sœurs, par notre Eglise, par les membres de l’Eglise ; tout cela est possible bien sûr et le Christ descend dans cet enfer et là Il tire tous ceux qui étaient en enfer y compris nous et c’est pour cela que nous devons être joyeux, heureux. Il y a une autre raison qui est dite à la fin de l’Evangile : « Ne vous inquiétez pas, Je serai avec vous jusqu’à la fin de temps ». Alors oui, à certains moments nous sommes inquiets bien sûr devant tout ce qu’il se passe dans le monde autour de nous ; il est normal que nous soyons inquiets, il est normal que nous partagions l’inquiétude du monde, l’angoisse du monde. D’ailleurs un grand Saint, Saint Ignace de Caucase – il a écrit pour les moines mais c’est valable pour tout le monde, je pense – que les moines de ces derniers temps, c'est-à-dire nous – n’aurons plus les mêmes ascèses que les premiers moines qui pratiquaient des ascèses que nous ne pouvons même plus comprendre aujourd'hui mais que l’ascèse des moines d’aujourd'hui sera de porter dans leur coeur l’angoisse du monde et c’est cela qui les sauvera. Cela est valable pour tout le monde parce qu’en portant l’angoisse du monde, notre angoisse mais aussi celle du monde, nous faisons appel au Christ pour qu’Il descende en nous, dans notre enfer et vienne nous remettre debout à chaque fois que nécessaire. C’est pour cette raison que nous connaîtrons ce soir l’apothéose de la Résurrection ; c’est pour cela que notre coeur sera dans la joie et que toute tristesse devra être dominée par la joie, la joie qui nous est offerte, le plus beau cadeau du monde par Dieu : la joie d’être aimé. Alors rendons grâce à Dieu pour cet amour infini dont nous ne comprendrons la dimension que dans l’Eternité.
Amen

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