Monastère Saint Silouane

Enfers Résurrection

27/4/2019 Mth XXVIII, 1-20

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous sommes bientôt arrivés au point culminant de la fête de Pâques qui se déroulera cette nuit. Déjà nous avons les prémices de la Résurrection du Christ qui sont manifestées dans cet Evangile et ces prémices sont teintées d’une coloration particulière. Lorsque le Seigneur s’adresse aux Saintes femmes qui sont les premières à L’avoir vu Il leur dit ces mots « Réjouissez-vous » et c’est sans aucun doute la réaction que nous devons avoir lorsque nous comprenons ce mystère de la mort et de la Résurrection du Christ. Réjouissons-nous. Oui notre coeur doit être en joie parce que, entre le moment où Jésus est mort et déposé dans le sépulcre et le moment où il apparaît ressuscité il se déroule un certain nombre d’heures pendant lesquelles il nous est dit que Jésus est descendu aux enfers, c’est d’ailleurs l’icône que nous aurons tout à l’heure au milieu de l’église qui s’appelle « la descente aux enfers ». Cette descente aux enfers est très importante parce que Jésus en descendants aux enfers délivre tous ceux qui depuis Adam jusqu’à Jean-Baptiste et les autres étaient enchaînés, ne pouvaient établir une relation aussi intense qu’elle aurait dû l’être au moment de la création et voici que le Christ vient renouveler ce lien, ce lien d’amour avec Dieu. C’est pour cette raison qu’Il dit aux Saintes Femmes « Réjouissez-vous » ; c’est pour cette raison que, nous aussi, nous devons nous réjouir car la descente aux enfers du Christ c’est aussi la descente dans mon enfer : Il descend dans mon enfer et là Il me rencontre, Il me rencontre dans ma faiblesse, Il me rencontre dans mes chutes. Il n’est pas facile de vivre sur cette terre. Nous sommes en apprentissage – comme je le répète souvent. Nous avons bien souvent des doutes dans notre foi mais la foi et le doute vont ensemble et puis nous avons des moments de tristesse, d’angoisse, de désespoir soit parce que nous sommes touchés dans notre vie par quelque chose qui nous blesse et nous pouvons être blessés de toutes sortes de manières, par nous-mêmes d’abord, par nos proches, par nos amis, par nos frères, par nos sœurs, par notre Eglise, par les membres de l’Eglise ; tout cela est possible bien sûr et le Christ descend dans cet enfer et là Il tire tous ceux qui étaient en enfer y compris nous et c’est pour cela que nous devons être joyeux, heureux. Il y a une autre raison qui est dite à la fin de l’Evangile : « Ne vous inquiétez pas, Je serai avec vous jusqu’à la fin de temps ». Alors oui, à certains moments nous sommes inquiets bien sûr devant tout ce qu’il se passe dans le monde autour de nous ; il est normal que nous soyons inquiets, il est normal que nous partagions l’inquiétude du monde, l’angoisse du monde. D’ailleurs un grand Saint, Saint Ignace de Caucase – il a écrit pour les moines mais c’est valable pour tout le monde, je pense – que les moines de ces derniers temps, c'est-à-dire nous – n’aurons plus les mêmes ascèses que les premiers moines qui pratiquaient des ascèses que nous ne pouvons même plus comprendre aujourd'hui mais que l’ascèse des moines d’aujourd'hui sera de porter dans leur coeur l’angoisse du monde et c’est cela qui les sauvera. Cela est valable pour tout le monde parce qu’en portant l’angoisse du monde, notre angoisse mais aussi celle du monde, nous faisons appel au Christ pour qu’Il descende en nous, dans notre enfer et vienne nous remettre debout à chaque fois que nécessaire. C’est pour cette raison que nous connaîtrons ce soir l’apothéose de la Résurrection ; c’est pour cela que notre coeur sera dans la joie et que toute tristesse devra être dominée par la joie, la joie qui nous est offerte, le plus beau cadeau du monde par Dieu : la joie d’être aimé. Alors rendons grâce à Dieu pour cet amour infini dont nous ne comprendrons la dimension que dans l’Eternité.
Amen

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