Monastère Saint Silouane

Choix entre démon Christ

21/7/2019 Mt VIII, 28-IX,1

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Dans le récit de ce miracle que Jésus opère sur ces deux possédés, il y a plusieurs révélations qui nous sont proposées et d’une grande importance. La première c’est que les démons, eux-mêmes, reconnaissant le Christ ont eu peur de Lui et ils ont été vaincus par le Christ immédiatement ; à leur demande le Christ les a laissés envahir le troupeau de porcs qui se jeta dans le lac. Cela doit être pour nous une consolation, une révélation consolante ; cela veut dire que le Christ a vaincu le démon et que, par conséquent si nous nous tournons vers Lui lorsque nous sentons que le démon vient essayer de nous troubler, de nous attaquer, de nous faire tomber, il suffit simplement de se tourner vers le Seigneur Jésus et Lui fera tout ce qu’Il a à faire pour les chasser. C’est une réalité de foi que nous devons expérimenter, comprendre certes mais expérimenter à chaque fois que nécessaire. Nous sommes souvent tentés par le démon – avant même les tentations nous sommes aussi capables de tomber tout seuls bien sûr et nous devons dans ces cas -là supplier le Christ de venir à notre secours. Mais le démon essaie souvent d’utiliser une situation, une situation de faiblesse, de fatigue, de comportement et se glisse au milieu de tout cela pour faire tomber tout le monde mais si nous nous tournons vers le Seigneur Jésus avec foi - car il faut avoir la foi pour pouvoir implorer le Christ pour que Lui-même chasse les démons. Si nous nous tournons avec foi vers le Christ alors, comme les Gadaréniens, nous serons libérés ; leur cas était très grave, la possession des démons était très forte, très conséquente, personne ne pouvait les approcher et pourtant, ils sont redevenus doux comme des agneaux.
La deuxième révélation qui nous est faite est dans l’attitude des villageois qui apprennent cette nouvelle qui pour eux aurait dû être une bonne nouvelle mais ils n’ont penser qu’à une seule chose : leurs cochons qui disparaissaient, ils avaient perdus quelque chose. Qu'est-ce que quelques cochons par rapport à la grâce de Dieu, par rapport à la guérison de deux hommes qui ne pouvaient plus être en contact avec Dieu à cause de la possession. Alors bien sûr on peut comprendre que ces gens ont eu une certaine peur : ils se demandaient ce qu’il se passait et pourtant on leur avait dit que Jésus avait guéri les deux hommes. Mais, non, ce qui les a focalisés ce sont leurs cochons. Alors pour nous aussi il faut faire attention : lorsque nous sommes tentés par le démon, qui choisissons-nous ? Le démon ou la guérison par le Christ ; ce n’est pas toujours facile car les démons sont intelligents, vous l’avez vu, ils ont reconnu le Christ, ils ont même dialogué avec lui, ils ont même demandé d’être libérés d’une certaine façon – le résultat n’a pas été excellent pour eux. Alors nous qu'est-ce que nous choisissons lorsque nous sentons la tentation venir, il faut immédiatement – ce sont les Pères qui le disent parce qu'ils l’ont expérimenté – il faut immédiatement chasser la pensée démoniaque qui vient. Alors les exemples sont multiples : c’est le moment de la prière et puis on se dit : « oh oui mais peut-être que je pourrais téléphoner à un ami parce qu'il y a longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles donc on va être tenté de téléphoner plutôt que d’aller vers la prière, c'est-à-dire vers le Christ – je ne dis pas que de téléphoner à un ami c’est démoniaque, non c’est un choix subtil ; parce que le démon est très subtil, très intelligent. Je pourrais multiplier les exemples, nous les connaissons tous dans nos expériences personnelles. Lorsque nous-mêmes, les moines, les moniales, nous entrons dans nos cellules–après avoir terminé nos activités de la journée et les Offices – pour y prier le Seigneur, il arrive fréquemment – je parle de moi – qu’une idée m’arrive « Ta cellule n’est pas propre, tu devrais faire le ménage » ou bien « C’est peut-être le moment de laver du linge » ou bien tout simplement « Téléphone à ta famille, il y a longtemps que tu n’as pas appelé ». Toutes ces choses-là arrivent, ce ne sont pas des inventions que je suis en train de vous raconter. Et puis on se souvient que c’est aussi le moment de se mettre en relation avec le Seigneur. Alors il faut choisir, il faut choisir : la prière, le lien avec Dieu ou bien le reste. Il est intéressant de voir dans les monastères – pardon de parler de cela mais c’est un des lieux que je connais le mieux – qu’un quart d’heure avant le début de l’Office, nous sonnons la simandre pour avertir la communauté que dans un quart d’heure nous serons dans l’église pour prier le Seigneur et qu’il faut arrêter sur le moment toute activité mais il est intéressant de s’interroger et de se dire : « Quand j’entends la simandre qu'est-ce que je fais ? ». Est-ce que je me prépare à aller vers le Seigneur ou bien est-ce que j’ai des « raisons », bien sûr toujours évidentes, pour ne pas y aller tout de suite, quitte même à arriver en retard. Ce sont des exemples : à vous de transposer vous qui n’êtes pas moines ou moniale, je pense que ce ne sera pas trop difficile pour vous de trouver aussi des histoires de ce genre.
Donc ce récit qui peut paraître simplement un récit anecdotique, un peu surprenant même, est en fait très important car il faut que nous comprenions combien le Seigneur nous aime au point de nous délivrer des démons qui nous attaquent et qui quelque fois prennent possession de nous d’une manière ou d’une autre. Il faut que notre foi soit ravivée par cet évènement, que nous croyons en la force du Christ qui a écrasé le démon lorsqu’Il est mort et ressuscité pour nous. Le démon a toujours une certaine possibilité d’action mais il est foutu ; si nous nous tournons vers le Christ, c’est terminé pour lui, la preuve dans cet exemple de miracle. Et puis dans notre quotidien entraînons-nous - car il faut s’entraîner – entraînons-nous à choisir, à faire le bon choix – c'est-à-dire à choisir le Christ, à choisir Dieu, à chasser rapidement, le plus vite possible la pensée qui vient pour nous détourner de Dieu.
Hier un homme est venu au monastère, inconnu, et il voulait me parler. Quand je suis sorti de ma cellule il était sur un banc et il m’attendait. J’ai assez vite compris que c’était quelqu'un qui était dans la difficulté et qui avait besoin d’argent. La première pensée que j’ai eue : « Ah, encore, il est peut-être en train de me raconter la vérité ou un mensonge », le problème n’était pas là. Le Christ se moque que ce soit la vérité ou pas la vérité et dans ce cas-là ce qui L’intéresse c’est ma réaction à moi : si ce pauvre homme vient et est obligé de mentir un peu il est dans une situation difficile et bien moi je n’ai qu’une seule chose à faire c’est de l’accueillir comme le Christ et non pas de me dire : « Bon alors qu'est-ce que je vais lui donner, pourvu qu’il ne me demande pas trop … ». Voyez-vous ce sont des cas très concrets, ce sont des cas de tous les jours. Alors je l’ai écouté puis j’ai progressivement chassé la pensée du démon qui me disait : « Bénis-le, dis-lui que tu vas prier pour lui ». Non, ce n’est pas cela qu’il fallait faire. C’est lui-même qui m’a dit : « Pour terminer le mois j’aurai besoin de tant … ». Je lui ai donné ce que je pensais lui donner. Voyez-vous comme c’était subtil. J’étais là devant une visite du Christ qui venait me demander quelque chose parce que le pauvre c’est le Christ. « Je serai toujours parmi vous car il y aura parmi vous des pauvres parmi vous ». Et j’allais chasser le Christ, plus ou moins, de façon pieuse, par une bénédiction ou par un bon mot et puis me débarrasser de la question financière. Heureusement, heureusement le Seigneur est venu à mon secours. Disons que cela ne s’est pas trop mal terminer. Mais c’est encore un exemple que je vous donne. Il faut que nous arrivions à nous exercer progressivement face à ce type d’évènement à comprendre qu’il y a le démon et le Christ et que je dois choisir. Nous sommes libres, c’est bien notre problème d’ailleurs. Nous ne sommes pas des marionnettes que Dieu manipule avec des fils, non nous sommes libres mais notre liberté, notre vraie liberté est de choisir le Christ, ce que n’ont pas fait les gens de ce village, ils ont eu peur mais la peur vient du démon. Alors ils se sont intéressés à leur problème matériel du moment et ils ont oublié que le Christ pouvait peut-être encore leur dire des choses ou peut-être guérir encore d’autres personnes dans le village. Le Christ les a laissés, Il nous laisse libres. Il est parti tranquillement, peut-être triste.
Alors voilà, essayons, au travers de cette histoire, de ce miracle de comprendre qu’il y a pour nous des messages du Christ, des messages de Dieu qui sont importants : le Christ est plus fort que le démon et moi quand je suis face à une situation où le démon essaye de me faire chuter je dois choisir le Christ et personne d’autre.
Amen

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