Monastère Saint Silouane

Carême

14/3/2021 Mth VI, 14-21

A
u nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Demain matin nous commencerons cette longue période de carême qui nous mène à la fête de Pâques. L’Evangile que nous venons d’entendre nous donne des indications, des explications, des orientations pour vivre ce carême comme il convient. En fait il faut se souvenir que le carême est un moyen et non un but ; il ne s’agit pas à la fin du carême de dire « J’ai réussi mon carême : j’ai jeuné, j’ai prié, j’ai été charitable ». C’est bien mais dans quel but as-tu jeûné, dans quel but as-tu été généreux ? Parce que c’est le but qu’il faut voir et non pas le moyen. Tous les ans les fidèles me demandent : est-ce que pendant le carême je peux prendre un peu de fromage ou un peu de poisson parce que ma santé ne me permet pas de jeûner complètement ? Bien sûr, bien sûr, mais trouves-toi un autre moyen de faire carême ; par exemple coupe la télévision ou la radio ou arrêtes de lire des revues inutiles. Le but est très important, le but c’est d’avoir dans le coeur un désir profond d’être en union avec Dieu, avec Dieu qui vient nous ressusciter dans le Christ : avoir le coeur le plus pur possible pour pouvoir accueillir ce salut qui nous est offert, c’est cela le but ; alors à chacun de nous, selon les règles proposées par l’Eglise, bien sûr, de trouver le moyen de jeûner correctement pour atteindre le but ; si vous vous dites à la fin du carême : j’ai jeûné pendant tout le carême donc c’est réussi, vous n’avez rien réussi du tout sauf si vous l’avez fait avec le désir d’être en union la plus intense et la plus profonde avec le Christ dans le mystère du salut. Autrement dit, ne jugez pas - nous dit le Seigneur - celui qui mange quelque chose que vous ne pouvez pas ou ne devez pas manger, soyez attentifs à cela ; n’observez pas celui qui mange des choses qu’il ne devrait pas manger, soi-disant ; nous n’avons pas à juger car cette personne peut jeûner d’une autre manière reçue par le Seigneur ; n’oublions pas que tout ce qui est offert au Seigneur doit être pur : rappelez-vous l’histoire de Caïn et d’Abel ; Abel offrait des sacrifices au Seigneur avec un coeur pur, un désir d’être uni à Lui ; Caïn lui le faisait parce que c’était la règle et en définitive cela s’est mal terminé ; soyons comme Abel, ayons le désir d’avoir le coeur pur ; il est quelque fois beaucoup plus difficile d’aimer notre frère ou notre sœur que de se priver d’œufs ou de poissons et c’est là qu’est le vrai jeûne ; si tu n’aimes pas ton frère et que tu jeûnes, tu n’as rien fait du tout ; si tu n’aimes pas ton Dieu, si tu n’en n’a pas le désir, tu n’as rien fait du tout et ton jeûne ne sert à rien ; mais si tu jeûnes, d’une manière ou d’une autre, aie ce désir de purification intérieure, aie ce désir que le Seigneur Lui-même vienne te purifier tous les jours ? Nous avons beaucoup de moyens : nous avons des prières spéciales, nous avons la prière de St Ephrem, nous avons le canon de St André de Crète, nous avons toutes les prières du carême qui sont particulières ; glissons-nous dans tous ces moyens s’ils nous apportent la liberté et le désir de nous unir à Dieu. Certains d’entre nous ne peuvent pas se prosterner complètement comme on doit le faire normalement en temps de carême et, à cause de leur santé ne peuvent pas même faire une petite métanie et bien un simple signe de croix, s’il est fait avec le coeur, a beaucoup plus de valeur que de se prosterner à terre et de détruire sa santé. Donc voyez, c’est un exemple parmi d’autres qui montre que le moyen n’est pas le but ; le but c’est le désir d’être unis au Christ Sauveur dans le mystère du salut qui passe par sa passion, par sa mort, par son ensevelissement et par sa Résurrection. Soyons attentifs à tout cela, vivons-le simplement, humblement ; ne soyons pas comme le pharisien, ne nous glorifions pas parce que nous avons réussi tel ou tel moyen pour mener le jeûne mais soyons comme le publicain qui, lui aussi, essaye de prier mais qui dit au Seigneur qu’il est pécheur, qu’il désirerait bien être mieux que cela. En fait le publicain était dans l’état de celui qui fait un bon carême : il reconnaît que son coeur est encombré, il faut le libérer et que seul le Seigneur peut le libérer en s’humiliant devant Lui. Voilà le but du carême. Que Dieu nous donne à chacun d’entre nous de vivre ce but le mieux possible avec sa grâce et d’atteindre la fête de Pâques avec un coeur purifié, heureux, apaisé et joyeux.
Amen

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