Monastère Saint Silouane

Retournement

Retournement

29/6/2017 Mt XVI, 13-19 Fête de Saint Pierre et Saint Paul


Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Aujourd'hui nous fêtons Pierre et Paul que l’Eglise appelle des coryphées des apôtres, les coryphées sont ceux qui, dans un ballet, sont les premiers qui entraînent toute la troupe du ballet. Effectivement, chacun, à sa manière, Pierre et Paul, ont entraîné les apôtres, les fidèles, tous ceux qui sont devenu chrétiens à avancer vers le Christ. Nous les fêtons aujourd'hui comme des saints et pourtant ni l’un ni l’autre n’ont échappé à la faiblesse, cette faiblesse qui nous atteint tous à un moment ou à un autre de notre vie et souvent plusieurs fois, tout au long de la vie. Paul persécutait les chrétiens de façon violente. Pierre a trahi le Christ d’une manière plus qu’évidente et malgré l’avertissement du Seigneur. Ceci doit nous ramener à notre vie. Nous n’avons pas vocation d’être des coryphées mais nous avons pour vocation de vivre intérieurement un retournement de tout notre être, qui que nous soyons, quel que soit notre passé, notre éducation, la civilisation dans laquelle nous avons vécu, peu importe, nous avons à effectuer un retournement, un retournement qui doit être le centre de notre vie. Or si nous voulons bien être honnêtes nous sommes, en permanence, en train de voir que les autres vivent leur retournement mais pour nous nous sommes certains de ce que nous sommes et pourtant nous sommes des pauvres. Saint Paul lui-même l’a dit dans cette épître extraordinaire que nous venons d’entendre. Il reconnaît qu’il est un pauvre malgré les grâces reçues et que c’est dans cette pauvreté que le Christ peut agir en lui. Alors je pense que c’est la leçon primordiale, essentielle, vitale que nous avons à recevoir au travers de cette fête de ces deux grands saints. Si ce sont les piliers de l’Eglise c’est parce qu'ils ont reconnu qu’ils n’étaient rien, rien. Cela devrait nous interroger, cela devrait nous questionner, nous remettre en cause et au lieu de nous croire quelqu'un d’important, nous ferions mieux regarder l’état de notre âme et de notre cœur. Au lieu de donner des leçons aux autres, nous ferions mieux de regarder la pourriture qui est en nous. Au lieu d’exiger des autres, nous ferions mieux d’exiger que notre âme soit plus belle, en conformité avec les commandements du Christ. Mais non, nous faisons tout l’inverse, en permanence presque. Le Seigneur est là qui attend. Il attend ce retournement qu’on appelle conversion. Il attend parce qu'Il est patient, ce que nous ne sommes pas. Il attend parce qu'Il aime, ce que nous ne savons pas faire. Il attend parce qu'Il est miséricordieux alors que nous ne savons pas vivre de miséricorde mais de jugement, de condamnation, de mépris, de rejet. Il nous reste l’espérance, ce qui a dynamisé Pierre et Paul. Tous deux, chacun à leur manière, ont vécu ce retournement. Pierre, après sa trahison a compris que ce que le Christ lui avait prédit s’était réalisé. Paul a été terrassé parce qu'il n’y avait pas d’autre moyen pour qu’il se retourne. Alors pour chacun d’entre nous nous devons guetter, guetter tous les jours, à chaque instant, le moment où le Seigneur nous dit, ce qu’il a dit à Pierre et ce qu’il a dit à Paul, ce qu’il a fait comprendre à Pierre et à Paul : « Je suis là. C’est moi que tu persécutes. Je suis là, c’est moi que tu trahis. Mais je suis là et je te pardonne et t’offre ma miséricorde sans fin pour que tu te relèves, que tu marches, le cœur joyeux, libre, aimant, un cœur qui se divinise ».
Amen


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