La Croix
03/04/16 Enseignement
La Croix
3/4/2016 Dimanche de la Croix Mc VIII, 34-IX, 1
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Nous voici arrivés au milieu du carême et, selon la tradition de l’Eglise, nous vénérons la croix du Seigneur Jésus qui est comme un rappel de ce que nous aurons à vivre dans quelques semaines au travers de la semaine sainte. Nous aurons à revivre ce que le Seigneur Jésus lui-même a vécu en acceptant d’être crucifié. Les paroles qu’Il nous adresse aujourd'hui sont des paroles conséquentes. « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». C’est un programme difficile. D’abord renoncer à soi-même, renoncer à son égoïsme, renoncer à sa raison, à sa raison dans ce qu’elle a de raisonnant, dans ce qu’elle a de certitudes, dans ce qu’elle a qui a pour conséquence d’écraser les autres. Renoncer, oui, renoncer à soi-même, renoncer jusqu’à accepter de ne pas obtenir ce que nous demandons à Dieu, ce qui est le plus difficile. Le Seigneur nous a dit qu’il était venu pour nous, que nous pouvions frapper à sa porte, qu’il ouvrirait la porte. Il est venu nous dire qu’Il nous soulagerait nous qui peinions sous le poids du péché, Il nous l’a dit tout simplement. Et là, Il nous demande de renoncer à nous-mêmes jusqu’à ce renoncement d’une réponse que nous attendons de Lui. Pourquoi ? Parce que souvent cette réponse que nous attendons de Lui, c’est une réponse qui ne vient pas de Lui mais de nous. Ce que nous lui demandons, c’est nous qui le souhaitons, ce n’est pas Lui. Et souvent le Seigneur ne répond pas à ces questions d’une manière mystérieuse même si elles nous semblent totalement légitimes, justes, justes selon la vision humaine. Et le Seigneur nous demande d’aller jusque-là, de renoncer à cette réponse que nous attendons. Il l’a vécu Lui-même. Lorsqu'Il était sur la croix, Il a crié vers le Père, Il lui a dit : « Pourquoi tu m’abandonnes ? ». C’est ce que nous disons souvent lorsque nous n’entendons pas la réponse du Seigneur suite à notre questionnement : « Tu m’abandonnes ! ». Mais ce qui a sauvé le monde, c’est que le Christ, après avoir poussé ce cri « Pourquoi tu m’abandonnes ? », il rajoute immédiatement : « Père, je remets mon esprit entre tes mains ». Autrement dit, je m’abandonne complètement à Toi et il ajoute aussi : « Tout est achevé ».
« Celui qui veut sauver sa vie la perdra ». Bien sûr, nous avons reçu la vie, nous l’avons reçue du Seigneur mais souvent nous vivons de manière orgueilleuse, égoïste, centré sur nous-mêmes. Nous voulons vivre ce que l’on appelle « notre petite vie », notre vie à nous. C’est de cette vie-là dont il est question. « Celui qui veut sauver cette vie-là la perdra. Mais celui qui laisse cette petite vie égoïste et orgueilleuse, à cause de Moi la sauvera ». C’est un nouveau programme qui se propose à nous pas plus facile que le premier. Au milieu de ce carême, nous devons peut-être, face à cet Evangile, nous sentir bien faible, bien égoïste, bien centré sur nous-même, bien capable de conserver notre petite vie pour être tranquille. Il ne faut pas que nous soyons dans le découragement. Il ne faut pas que nous soyons dans le désespoir car le Seigneur termine ce passage évangélique en disant : « En Vérité, en Vérité, je vous le dit il en est d’ici présent qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu venir avec puissance ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que sur cette terre si nous cherchons à nous charger des diverses croix qui s’imposent à nous et qui ne sont jamais d’ailleurs faciles à porter et si nous acceptons de les porter un peu, quitte à demander secours au Seigneur pour cela, si nous acceptons de perdre notre vie égoïste en demandant, là aussi, le secours du Seigneur, alors quand viendra la mort, nous goûterons la joie et le bénéfice du Royaume de Dieu. Qu'est-ce que cela veut dire ? Nous goûterons la paix intérieure, la paix intérieure qui est si douce à l’âme lorsqu’elle arrive, la paix intérieure nous est offerte gratuitement par le Seigneur, lorsqu'on fait un tout petit effort pour porter notre croix, pour renoncer à nous-mêmes, pour accepter de vivre en s’abandonnant à la volonté de Dieu. Alors oui, peut-être, en ce milieu de carême nous découvrons que nous ne correspondons pas beaucoup à ces propositions du Seigneur et nous pouvons, comme Saint André de Crète, crier vers le Seigneur en lui disant : « Arrache-moi au gouffre sans fond de la faute et du désespoir ». Et puis on peut compter le nombre et l’étendue de nos fautes, nous dit Saint Basile, mais on ne peut donner de limite à la miséricorde de Dieu. Voilà la réponse. Oui, nous pouvons compter le nombre, l’étendue de nos fautes, et peut-être être au bord du découragement et du désespoir mais on ne peut pas donner de limite à la miséricorde de Dieu. Saint-Silouane s’exprimera autrement en disant que nos péchés sont une goutte d’eau dans l’océan de la miséricorde de Dieu. Il ne faut pas en conclure que le péché n’est pas grave et que l’on peut continuer de pécher sans s’inquiéter, ce serait bien mal comprendre l’Evangile de ce jour ainsi que tout le reste de l’Evangile d’ailleurs. Non, nous devons tout faire pour ne pas pécher, pour ne pas tomber, pour ne pas chuter mais lorsqu'il nous arrive de tomber, nous sentons sur nous, justement, le poids d’une certaine croix. C’est la croix du Christ qui se pose sur nous car c’est à cause de notre péché qu’Il est mort sur la croix et lorsque nous péchons, Il nous donne la grâce de déposer – ô un petit peu – le poids de sa croix et si nous l’acceptons, alors, oui, avant la mort, nous verrons le Royaume de Dieu ; avant la mort nous goûterons la paix de Dieu ; avant la mort, nous bénéficierons de la miséricorde divine. Autrement dit, n’ayons pas peur. N’ayons pas peur de nous constater pécheur mais déposons-nous aux pieds du Seigneur, dans la prière simple, toute simple : « Seigneur j’ai péché, contre le ciel et contre toi » dit le Fils Prodigue. Il suffit de cela : en un instant de se tourner vers le Seigneur et de dire : « J’ai péché ». Alors tout devient possible, la paix du cœur arrive, la grâce de Dieu revient et par l’Esprit-Saint nous reprenons la route en cheminant et nous poursuivrons cette voie de sainteté qui nous est offerte.
Que Dieu nous donne de vivre tout cela dans cette seconde partie du carême, même si nous l’avons déjà vécu dans la première partie, en tout cas de continuer de vivre tout cela, d’accepter de se voir pécheur et de ne pas accepter le péché, d’accepter que Dieu nous regarde en état de péché mais d’accepter aussi qu’il nous regarde en tant que pécheur qu’Il aime, d’accepter cette paix qu’Il nous offre, qui nous console afin qu’ainsi cheminant tout au long de ce carême, nous arrivions en fin de semaine sainte à vivre ce qui est le centre, le sens de notre vie : la Résurrection du Christ, source de paix totale et infinie. Si la Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul, alors notre vie est vaine. Que Dieu nous donne de goûter tout cela, qu’Il nous en donne la force, la grâce, l’énergie et la joie.
Amen
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Nous voici arrivés au milieu du carême et, selon la tradition de l’Eglise, nous vénérons la croix du Seigneur Jésus qui est comme un rappel de ce que nous aurons à vivre dans quelques semaines au travers de la semaine sainte. Nous aurons à revivre ce que le Seigneur Jésus lui-même a vécu en acceptant d’être crucifié. Les paroles qu’Il nous adresse aujourd'hui sont des paroles conséquentes. « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». C’est un programme difficile. D’abord renoncer à soi-même, renoncer à son égoïsme, renoncer à sa raison, à sa raison dans ce qu’elle a de raisonnant, dans ce qu’elle a de certitudes, dans ce qu’elle a qui a pour conséquence d’écraser les autres. Renoncer, oui, renoncer à soi-même, renoncer jusqu’à accepter de ne pas obtenir ce que nous demandons à Dieu, ce qui est le plus difficile. Le Seigneur nous a dit qu’il était venu pour nous, que nous pouvions frapper à sa porte, qu’il ouvrirait la porte. Il est venu nous dire qu’Il nous soulagerait nous qui peinions sous le poids du péché, Il nous l’a dit tout simplement. Et là, Il nous demande de renoncer à nous-mêmes jusqu’à ce renoncement d’une réponse que nous attendons de Lui. Pourquoi ? Parce que souvent cette réponse que nous attendons de Lui, c’est une réponse qui ne vient pas de Lui mais de nous. Ce que nous lui demandons, c’est nous qui le souhaitons, ce n’est pas Lui. Et souvent le Seigneur ne répond pas à ces questions d’une manière mystérieuse même si elles nous semblent totalement légitimes, justes, justes selon la vision humaine. Et le Seigneur nous demande d’aller jusque-là, de renoncer à cette réponse que nous attendons. Il l’a vécu Lui-même. Lorsqu'Il était sur la croix, Il a crié vers le Père, Il lui a dit : « Pourquoi tu m’abandonnes ? ». C’est ce que nous disons souvent lorsque nous n’entendons pas la réponse du Seigneur suite à notre questionnement : « Tu m’abandonnes ! ». Mais ce qui a sauvé le monde, c’est que le Christ, après avoir poussé ce cri « Pourquoi tu m’abandonnes ? », il rajoute immédiatement : « Père, je remets mon esprit entre tes mains ». Autrement dit, je m’abandonne complètement à Toi et il ajoute aussi : « Tout est achevé ».
« Celui qui veut sauver sa vie la perdra ». Bien sûr, nous avons reçu la vie, nous l’avons reçue du Seigneur mais souvent nous vivons de manière orgueilleuse, égoïste, centré sur nous-mêmes. Nous voulons vivre ce que l’on appelle « notre petite vie », notre vie à nous. C’est de cette vie-là dont il est question. « Celui qui veut sauver cette vie-là la perdra. Mais celui qui laisse cette petite vie égoïste et orgueilleuse, à cause de Moi la sauvera ». C’est un nouveau programme qui se propose à nous pas plus facile que le premier. Au milieu de ce carême, nous devons peut-être, face à cet Evangile, nous sentir bien faible, bien égoïste, bien centré sur nous-même, bien capable de conserver notre petite vie pour être tranquille. Il ne faut pas que nous soyons dans le découragement. Il ne faut pas que nous soyons dans le désespoir car le Seigneur termine ce passage évangélique en disant : « En Vérité, en Vérité, je vous le dit il en est d’ici présent qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu venir avec puissance ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que sur cette terre si nous cherchons à nous charger des diverses croix qui s’imposent à nous et qui ne sont jamais d’ailleurs faciles à porter et si nous acceptons de les porter un peu, quitte à demander secours au Seigneur pour cela, si nous acceptons de perdre notre vie égoïste en demandant, là aussi, le secours du Seigneur, alors quand viendra la mort, nous goûterons la joie et le bénéfice du Royaume de Dieu. Qu'est-ce que cela veut dire ? Nous goûterons la paix intérieure, la paix intérieure qui est si douce à l’âme lorsqu’elle arrive, la paix intérieure nous est offerte gratuitement par le Seigneur, lorsqu'on fait un tout petit effort pour porter notre croix, pour renoncer à nous-mêmes, pour accepter de vivre en s’abandonnant à la volonté de Dieu. Alors oui, peut-être, en ce milieu de carême nous découvrons que nous ne correspondons pas beaucoup à ces propositions du Seigneur et nous pouvons, comme Saint André de Crète, crier vers le Seigneur en lui disant : « Arrache-moi au gouffre sans fond de la faute et du désespoir ». Et puis on peut compter le nombre et l’étendue de nos fautes, nous dit Saint Basile, mais on ne peut donner de limite à la miséricorde de Dieu. Voilà la réponse. Oui, nous pouvons compter le nombre, l’étendue de nos fautes, et peut-être être au bord du découragement et du désespoir mais on ne peut pas donner de limite à la miséricorde de Dieu. Saint-Silouane s’exprimera autrement en disant que nos péchés sont une goutte d’eau dans l’océan de la miséricorde de Dieu. Il ne faut pas en conclure que le péché n’est pas grave et que l’on peut continuer de pécher sans s’inquiéter, ce serait bien mal comprendre l’Evangile de ce jour ainsi que tout le reste de l’Evangile d’ailleurs. Non, nous devons tout faire pour ne pas pécher, pour ne pas tomber, pour ne pas chuter mais lorsqu'il nous arrive de tomber, nous sentons sur nous, justement, le poids d’une certaine croix. C’est la croix du Christ qui se pose sur nous car c’est à cause de notre péché qu’Il est mort sur la croix et lorsque nous péchons, Il nous donne la grâce de déposer – ô un petit peu – le poids de sa croix et si nous l’acceptons, alors, oui, avant la mort, nous verrons le Royaume de Dieu ; avant la mort nous goûterons la paix de Dieu ; avant la mort, nous bénéficierons de la miséricorde divine. Autrement dit, n’ayons pas peur. N’ayons pas peur de nous constater pécheur mais déposons-nous aux pieds du Seigneur, dans la prière simple, toute simple : « Seigneur j’ai péché, contre le ciel et contre toi » dit le Fils Prodigue. Il suffit de cela : en un instant de se tourner vers le Seigneur et de dire : « J’ai péché ». Alors tout devient possible, la paix du cœur arrive, la grâce de Dieu revient et par l’Esprit-Saint nous reprenons la route en cheminant et nous poursuivrons cette voie de sainteté qui nous est offerte.
Que Dieu nous donne de vivre tout cela dans cette seconde partie du carême, même si nous l’avons déjà vécu dans la première partie, en tout cas de continuer de vivre tout cela, d’accepter de se voir pécheur et de ne pas accepter le péché, d’accepter que Dieu nous regarde en état de péché mais d’accepter aussi qu’il nous regarde en tant que pécheur qu’Il aime, d’accepter cette paix qu’Il nous offre, qui nous console afin qu’ainsi cheminant tout au long de ce carême, nous arrivions en fin de semaine sainte à vivre ce qui est le centre, le sens de notre vie : la Résurrection du Christ, source de paix totale et infinie. Si la Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul, alors notre vie est vaine. Que Dieu nous donne de goûter tout cela, qu’Il nous en donne la force, la grâce, l’énergie et la joie.
Amen