Monastère Saint Silouane

Généalogie

22/12/2019 Mt I, 1-25
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous venons d’entendre cette longue généalogie que nous rapporte l’Evangéliste Matthieu, une généalogie un peu particulière : elle ne correspond pas à la généalogie que nous aurions faite aujourd'hui de nos ancêtres mais peu importe ; ce que veut signifier l’Evangéliste c’est que, à partir d’Abraham jusqu’à Jésus, il y a tout cet ensemble d’hommes et de femmes qui cherchent Dieu à leur manière. Abraham qui est le premier cité est le Père de la foi : c’est celui qui a dit oui à Dieu d’une manière tout à fait catégorique dans la confiance totale et l’abandon entre les mains du Seigneur puisque Dieu lui disait : « Va où je te montrerai » ; il ne savait pas où il allait atterrir mais il est parti, il a obéi à Dieu dans la confiance. A l’autre bout de la généalogie, nous trouvons joseph et Marie qui eux aussi vont dire oui face à l’incompréhensible ; c’est comme s’il y avait une clôture de ce oui d’origine d’Abraham qui vient prendre toute son ampleur dans le oui de Joseph et de Marie. Alors dans cette généalogie il y a des gens très bien, il y a des justes mais il n’y a pas que des justes : il y a des brigands, il y a des tyrans, il y a des pécheurs bien évidemment ; on cite David, Saint David, mais avant d’être saint il a connu la faute, le péché grave, gravissime, un double péché : meurtre et adultère et pourtant puisqu’il se repend, puisqu’il comprend qu’il s’est égaré, de nouveau il dit oui au Seigneur. Le Christ Jésus en naissant vient donner à tous ces hommes ce qu’on pourrait appeler l’Adam total qui commence et qui se terminera à la fin des temps ; le Christ Jésus vient donner quelque chose de plus : ce n’est plus l’humanité, c’est l’humano-divinité ; en naissant Jésus nous offre sa divinité, un partage ; ce partage a commencé certes dès le début : c’était l’intention de Dieu lorsqu'Il a créé Adam, le premier homme ; ce partage s’est fait pédagogiquement tout au long de l’Ancien Testament puis se poursuivra pédagogiquement aussi ensuite jusqu’à la fin des temps ; en définitive, le Seigneur nous apprend à dire oui : « Oui, je veux bien être sauvé, oui je veux bien être divinisé, participer à Ta divinité » ; parce que ce n’est pas si évident que cela à cause de notre faiblesse, des faiblesses qu’ont connues tous nos ancêtres et tous ceux qui viennent d’être cités ; à certains moments on dit oui à Dieu et puis à d’autres moments on écarte Dieu et même on arrive à Lui dire non mais pour Dieu qui est miséricordieux il y a toujours une solution. Combien d’années se sont passées depuis Abraham jusqu’à la venue du Christ ? C’est difficile de le savoir mais en tout cas ce fut un long, long, long moment ; long moment entaché de fautes, d’errance, d’erreurs, de renonciations ; le peuple de Dieu n’était pas facile à manier pour Dieu, il avait la nuque raide comme il est dit dans l’Ancien Testament et puis à chaque fois le peuple de Dieu se repentait parce que Dieu venait lui tendre la main, ne l’abandonnait pas, jusqu’au moment où le Christ est venu d’une manière définitive pour nous tendre la main définitivement : Il tend la main à Adam et Eve pour les tirer du tombeau et les mettre debout ; Il nous tend la main à nous, nous tous qui sommes ici et à tous les hommes de la terre ; Il tend la main et Il nous tire de notre boue, de notre misère, de notre faiblesse, de nos péchés, de nos errances et nous en tant que chrétiens nous le savons, cela nous a été révélé ; le Christ a dit : « Je suis venu pour vous, non seulement pour les ancêtres mais pour vous aussi et pour ceux qui viendront » ; Il est venu pour nous et Il ajoute « Je suis venu pour les pécheurs et non pas pour les Justes », autrement dit Il est venu pour nous car nous sommes chacun des pécheurs certes pas tout le temps mais à certains moments et de toute façon nous sommes responsables de ce qui se passe dans l’humanité, dans l’humanité entière : nous avons la responsabilité d’accueillir la main du Christ, d’accueillir la miséricorde du Christ pour tous ceux qui, à certains moments s’échappent de cette main pour des raisons variées, diverses ; ce n’est pas à nous de juger; le Christ nous le dit : « Ne jugez pas » ; ce n’est pas à nous de juger ; c’est à nous d’essayer, comme le Christ, de faire miséricorde à notre frère, à notre sœur, de l’aimer au-delà de l’impossible apparent ; il y a des situations lourdes dans la vie, peut-être nous en connaissons certaines dans notre histoire ancienne ou récente, des moments où on ne sait plus, on ne sait plus quoi faire face à une situation inextricable, on n’a pas les moyens pour aider notre frère, notre sœur, notre enfant, on ne sait pas mais le Christ le sait et notre responsabilité c’est d’aller frapper à la porte du Christ et de dire : « Donne-nous Ta miséricorde, donne-nous accès à ton amour ; Tu l’as dit : frappez et je vous ouvrirai » ; je frappe à ta porte et je te dis : « Viens, viens à mon secours, viens au secours de mon frère » ; car en naissant, le Christ est venu au secours de l’humanité entière, de tous qui l’avaient précédé et de tous ceux qui lui succèderaient jusqu’à la fin des temps. Autrefois, dans mon enfance, on appelait l’Ancien Testament l’Histoire Sainte ; c’est une autre manière de voir les choses : non plus l’Ancien Testament mais l’Histoire Sainte ; elle devient sainte à cause de la naissance du Christ ; elle est transfigurée cette histoire, elle est transformée, ce n’est plus la même, c’est l’histoire de l’amour, de l’amour de Dieu et cette histoire sainte se poursuit jusqu’à aujourd'hui et puis demain et après-demain et jusqu’à la fin ; nous avons nous la responsabilité de sanctifier, avec le Christ bien sûr, cette histoire, puisque nous sommes divinisés à partir du baptême ; nous appartenons à Dieu, nous goûtons de sa divinité et nous pouvons frapper à sa porte pour que l’humanité entière soit sauvée, soit guérie, voie ses plaies apaisées, ses souffrances diminuées ; c’est notre responsabilité de chrétiens pour l’humanité entière. Nous fêterons Noël dans quelques jours, la Nativité du Christ ; nous célèbrerons cette fête dans la joie, bien sûr, puisque le salut nous est donné mais n’oublions pas que le salut nous est donné au travers de la pauvreté dans laquelle le Christ vient habiter, de la misère dans laquelle le Christ vient habiter, des conséquences du péché dans lesquelles le Christ vient habiter ; c’est cela le salut car lorsque Jésus naît, il naît dans la pauvreté totale, dans la fragilité totale ; ce n’est pas quelques bergers puis plus tard quelques mages qui rendent l’évènement extraordinaire c’est Lui qui rend l’évènement extraordinaire en venant participer à notre vie, à nos souffrances jusqu’à la mort et la mort sur la croix pour nous dire qu’Il nous aime et qu’Il nous sauve de cette façon-là et qu’Il nous ouvre les portes de son coeur totalement : nous pouvons nous y plonger à chaque fois que nécessaire lorsque nous errons, lorsque nous sommes effrayés, lorsque nous avons peur de la situation dans laquelle nous nous trouvons, dans laquelle nous souffrons ; plongeons-nous dans le coeur du Christ, dans ce coeur d’amour qui n’a de cesse de déverser comme un torrent de miséricorde pour chacun d’entre nous. Voilà ce que l’on peut dire – et on pourrait dire encore beaucoup d’autres choses de cette généalogie qui paraît un peu bizarre, elle est un peu lassante même cet généalogie : on répète des noms, des noms, des noms ; on n’en connaît qu’une partie et encore ; mais il y a quelque chose derrière, c’est cela qu’il faut découvrir ; ce qu’il faut découvrir c’est l’amour de Dieu qui mène son peuple jusqu’à l’arrivée du Christ, qui le prépare, qui l’éduque ; c’étaient des barbares pour la plupart mais est-ce que nous sommes mieux aujourd'hui ? Je pense qu’il y a encore pas mal de barbares sur la terre mais Dieu est toujours là pour nous éduquer, nous éveiller, nous encourager, nous illuminer, nous tendre la main. Que cette main tendue nous la prenions tous pour tous les hommes de la terre et que nous ne la quittions pas.

Amen

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