Saint Pierre et Saint Paul
29/6/2018 Mt XVI, 13-19 Saint Pierre et Saint Paul
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
L’Eglise aujourd'hui fête Saint Pierre et Saint Paul, les deux grands apôtres que la Tradition appelle les coryphées c'est-à-dire ceux qui dynamisent, ceux qui entraînent, ceux qui sont en avant pour que les autres suivent. Pierre et Paul, chacun à leur manière, sont des saints exceptionnels qui ont marqué toutes l’existence de l’Eglise. Ils ont versé leur sang, l’un comme l’autre, en tant que martyrs à Rome. Et ce qui est intéressant de voir c’est comment leur sainteté a évolué, d’où ils sont partis et comment ils sont arrivés à donner leur vie pour le Christ.
Lorsque le Seigneur Jésus a choisi Pierre, il a choisi un homme simple qui était un pêcheur avec ses frères ; son métier était le métier d’un homme simple – nous dirions aujourd'hui d’un ouvrier. Le Seigneur l’a choisi par élection car Il savait qu’Il pouvait mener progressivement Pierre vers ce qu’il fut à la fin de sa vie et qu’il est toujours. Pierre n’a pas toujours été un homme simple et facile ; il avait un caractère très marqué, très volontaire ; il aimait être reconnu par le Christ mais peut-être d’une manière qui n’était pas tout-à-fait spirituelle. Souvenons-nous de l’épisode où, voyant Jésus marcher sur les eaux, il veut en faire autant mais peut-être par bravoure, peut-être aussi par amour. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que sa foi n’a pas été suffisamment solide et qu’il est tombé dans l’eau ; c’est le Christ qui l’a tiré hors de l’eau. Ceci est très intéressant parce que nous voyons que c’est le Christ qui a tiré Pierre des eaux tourbillonnantes, c’est Lui qui l’a mis debout ; Il lui a fait le reproche de ne pas avoir suffisamment de foi mais c’est Lui qui a continué de l’enseigner, de le guider, de le reprendre à certains moments ; Il lui a dit qu’il serait capable de Le trahir. Mais Pierre avait choisi le Christ, de toutes ses forces, de toute son âme et de tout son cœur. Il avait mis le Christ au centre de sa vie, c’était sa vie.
Pour Saint Paul, l’histoire est un peu différente au départ. Saint Paul est aussi un fougueux, un homme sûr de lui qui commence par persécuter ceux qu’il considère comme membres d’une secte, ceux qui sont en dehors du judaïsme intégral et parfait mais le Seigneur va le rattraper d’une manière certes un peu brutale, catégorique, puisque Paul est terrassé sur le chemin de Damas ; il est aveuglé mais il entend une voix et un dialogue s’instaure à ce moment-là. Il comprend que ceux qu’il persécute c’est Jésus Lui-même et, dans les instants qui suivront, il se fera baptiser. Il deviendra le grand Paul, celui qui, lui aussi, aura choisi le Christ comme centre de sa vie. Il va témoigner, jusqu’à la mort, de l’amour du Christ pour tous les hommes. C’est lui qui va ouvrir même l’Eglise à tous.
Pierre s’occupait tout particulièrement – et ceci est tout-à-fait normal – des Juifs qui l’entouraient pour les convertir au christianisme mais Paul va plus loin ; il va aller au-delà de la conversion du peuple juif ; il va ouvrir cette possibilité de communion à tous les hommes de la terre et il va circuler dans le monde entier pour annoncer le Christ et son amour.
Tous les deux sont de grands saints que l’Eglise aime à prier, à vénérer, à prendre comme intercesseurs. Ce qu’il faut retenir c’est qu’ils étaient comme nous, des pécheurs, capables de jalousie, de trahison et tout ce que nous savons mais, parce qu'ils avaient choisi le Christ comme étant le sens de leur vie, ils sont devenus saints et ils ont accepté de verser leur sang pour le Christ. Ce qui veut dire que, pour nous, qui ne sommes pas meilleurs que Pierre et Paul mais peut-être pas pires, il nous est possible, nous aussi, de marcher sur le chemin de sainteté mais à une condition, une condition indispensable et même peut-être la seule condition : mettre le Christ au centre de notre vie, faire que le Christ soit notre relation privilégiée, régulière, fréquente, aimante, abandonnée. Si le Christ n’est pas le centre de notre vie alors ce n’est pas la peine de s’appeler moine, moniale, chrétien. Non, dans ce cas-là, nous nous égarons. Ce n’est pas la peine d’être exigeants pour ceux qui composent l’Eglise ou pour les autres à plus fortes raisons ; ce n’est pas la peine de critiquer, ce n’est pas la peine de vouloir révolutionner une communauté, une famille, un diocèse, une Eglise si le centre de notre vie n’est pas le Christ Jésus. Tant qu’on n’a pas rencontré le Christ Jésus comme une personne divine qui s’est incarnée pour nous en tant qu’amour pour les personnes que chacun et chacune d’entre nous sommes, si nous n’avons pas compris cela, nous n’avons pas compris la vie chrétienne, mais tout est possible. Peut-être qu’il n’est pas toujours facile de mettre le Christ au centre de notre vie à cause de notre orgueil, de notre vanité, de nos certitudes bien éphémères mais peut-être qu’il faut du temps. A Paul il a fallu du temps et une conversion radicale. A Pierre il a fallu du temps pour comprendre que le Christ était vraiment Dieu et le centre de sa vie. Oui, il faut du temps, de la patience. Justement, Pierre n’avait pas de patience, c’était un fougueux : il voulait tout de suite arriver au résultat, il l’a prouvé à plusieurs reprises. Cela nous montre que la sainteté, comme je vous l’ai souvent dit, n’est pas un état de perfection mais un désir très fort, violent même. Le Christ nous a dit : Le Royaume des Cieux appartiendra au violent (dans le bon sens du terme) , ceux qui mettent toute leur énergie à aller vers le Christ, pour vivre avec Lui, pour se sentir aimé par Lui, par le Père et par l’Esprit.
C’est de cela que Pierre et Paul témoignent pour chacun d’entre nous. C’est pour cela qu’on les appelle les coryphées : dans un corps de ballet, les coryphées sont ceux qui entraînent tout le groupe de danseurs et de danseuses à être ce qu’ils doivent être sur le moment. Ce sont des entraîneurs, des dynamiseurs qui donnent envie d’en faire autant. Alors que Pierre et Paul soient des modèles pour nous. Non pas que nous devions les copier intégralement, cela n’a aucun intérêt mais qu’ils nous donnent cette envie, ce dynamisme, ce goût d’avoir le Christ comme le plus grand ami qui soit sur cette terre, la personne la plus intime avec qui nous pouvons vivre, à qui nous pouvons tout dire, y compris nos bêtises car nous savons que le Christ ne nous rejettera jamais. Il n’a jamais rejeté Pierre. Il n’a jamais rejeté Paul.
Amen