Sainteté
10/6/2018 Mt IV, 25 - V, 12
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Aujourd'hui, dans la suite de la fête de tous les Saints que nous avons fêtés dimanche dernier, nous fêtons les Saints plus particuliers de la terre de France et de la terre de Russie. Nous avons lu tout de suite l’Evangile où le Seigneur Jésus appelle ses premiers apôtres. A quoi les appelle-t-il ? Il les appelle à Le suivre : « Venez, suivez-Moi » leur dit-il de manière assez immédiate. Et ils le suivirent. Il me semble qu’entre cet Evangile et la fête des Saints de France et de Russie il y a un pont, un lien. En effet, on ne peut être sur le chemin de la sainteté sans avoir été fondamentalement suscités par le Christ. C’est le Seigneur Jésus qui suscité la sainteté, sainteté à laquelle nous sommes tous appelés à partir du moment où nous avons été baptisés. Nous avons reçu la capacité de la sainteté. Bien sûr, la sainteté n’est pas un état de perfection totale, la sainteté c’est plutôt un désir profond, un désir dynamique de se rapprocher le plus possible de Dieu, de vivre le plus possible selon les commandements du Christ. C’est cela le chemin de sainteté. Et nous y sommes tous appelés. Cela ne veut pas dire que nous serons un jour sur un icône, canonisés. Non, tous les Saints ne sont pas sur les icônes ; tous les Saints ne sont pas canonisés ; il y en a beaucoup plus que sur nos icônes. Il y a tous ceux qui, appelés par le Seigneur d’une manière ou d’une autre, ayant été captés par la grâce, ont tenté, dans le désir et dans l’accomplissement de ce désir, progressivement, de devenir les plus proches du Seigneur. Ce que nous avons à vivre, nous le savons bien, c’est d’aimer. Aimer Dieu et aimer nos frères, ceux qui nous entourent. Ce sont les commandements du Christ. C’est ce que le Seigneur Jésus essayera d’expliquer non sans mal à certains moments à ses apôtres. Ils ne seront pas parfaits et justement c’est cela qui est intéressant parce que nous avons là l’évidence que la sainteté n’est pas la perfection au sens humain où nous l’entendons mais quelque chose d’autre. En effet, si nous regardons rapidement comment les apôtres se sont comportés, on voit bien qu’ils se sont comportés à peu près comme nous et pourtant ils étaient avec le Seigneur : ils le voyaient, ils L’entendaient, ils mangeaient avec Lui mais ils étaient comme nous avec une nature déchue et avec des faiblesses. Rappelez-vous les frères, enfants de Zébédée, se sont disputés pour savoir qui serait le premier, le plus proche auprès du Seigneur dans l’éternité. Pierre a trahi le Seigneur par trois fois alors qu’il avait été averti de cette trahison. Et d’ailleurs tous ont abandonné le Christ a Gethsémani. Cela est quelque part consolant pour nous parce que nous voyons que même si nous avons des moments de faiblesse, de chute, de péché même, il est possible d’avancer sur ce chemin de sainteté. Le Seigneur Jésus a dit à un moment à Pierre : « Retire-toi de moi, satan », il a été jusque là. Et pourtant ce n’est pas Pierre c’est Saint Pierre. Plus tard, Paul, qui n’a pas été parmi les apôtres de la communauté primitive était quelqu'un qui pourchassait les chrétiens et pourtant Dieu lui a fait signe. Certes d’une manière magistrale mais Paul est entré dans le retournement, dans la conversion. Nous avons, à la suite de tous ces exemples à essayer d’entrer dans la conversion, non pas de se convertir à une Eglise – on ne se convertit pas à l’Eglise, on se convertit au Christ. Mais pour ce faire il nous faut prendre des moyens et si nous regardons quelques Saints, nous en avons sorti quelques reliques ce matin, si nous regardons par exemple Saint Séraphim de Sarov ou Saint Martin de Tours, un Saint russe et un Saint français, qu’ont-ils de particulier qui nous attache à eux ? C’est leur humilité. Saint Seraphim de Sarov a été un homme remarquablement humble, certes un homme de prière, un homme qui cherchait tous les jours à s’approcher le plus possible du Seigneur avec les larmes et avec de longues prières qui jaillissaient de son cœur et cela a entraîné une grande humilité. Quand on voit son icône, on a tout compris : on voit un homme qui ne se redresse pas par l’orgueil et qui baisse la tête humblement. Saint Martin de Tours, dans un autre style, est aussi marqué par une grande humilité. Ce n’est pas lui qui s’est proposé pour être évêque, on l’a arraché à sa vie pour qu’il devienne évêque, de force. Il a accepté malgré les critiques des autres évêques qui le jugeaient pas suffisamment bien habillé pour être évêque comme si c’était cela l’important pour être évêque, comme si c’était important d’être bien habillé pour être un saint. Ce n’est pas cela l’humilité, ce n’est pas cela la sainteté. Saint Martin, tout en étant évêque, a continué d’être le moine qu’il était, l’humble moine qu’il était : il se cachait dans des grottes avec quelques compagnons. Il a continué de vivre sa vie ascétique dans la prière, dans les larmes et dans l’humilité.
Alors pour nous, pour nous qui sommes appelés à être des saints, il nous faut mettre le pied sur ce chemin de sainteté, tous les jours, au travers des occasions qui nous sont offertes, au travers de l’appel que le Christ nous lance comme il l’a fait à ses apôtres : « Viens et suis-Moi ». Le Grand Humble c’est le Christ. Il nous faut aller plonger dans la grande humanité du Christ pour essayer d’être humbles. Il nous faut saisir les occasions où l’on est peut-être critiqué, bafoué, méprisé ou peut-être tout simplement que l’on se constate comme étant pécheur, pauvre. Il faut accepter d’être regardé par le Christ, oui, d’être regardé par Lui, par ce regard d’amour qui transforme tout. Si nous acceptons d’être regardés par Lui, dans l’état où nous sommes, dans la situation où nous nous retrouvons, même si nous avons grandement péché. Si nous nous laissons regardés par la miséricorde du Christ, alors nous sommes sur le chemin de la sainteté. Amen