Monastère Saint Silouane

Foi, abandon, volonté de Dieu

Foi, abandon, volonté de Dieu
21/8/2016   Mt XIV, 22-34


Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous avons, dans ce récit, deux parties distinctes qui, toutes les deux sont fort nourrissantes pour notre vie. Cet évènement qui nous est rapporté nous raconte en premier lieu que Jésus, alors qu’Il vient de parler à une foule nombreuse et qu’il a accompli le miracle de la multiplication des pains, demande à ses disciples d’éloigner la barque sur laquelle il est monté et de se mettre à l’écart et, s’étant mis à l’écart, il nous est dit qu’il entra dans la prière. Ce n’est pas la première fois que nous venons de comprendre que Jésus, à certains moments de sa vie publique, se retire pour prier. L’ultime moment sera à Gethsémani. Le Seigneur a besoin de prier son Père et l’Esprit-Saint car la mission qui lui a été confiée n’est pas une mission ordinaire, c’est une mission de salut et Il sait très bien qu’il ne peut accomplir cette mission sans recevoir de la force, de la grâce, de la part de Dieu, Père et Esprit-Saint. Il sait très bien qu’il est lié à eux et que c’est avec eux qu’il va pouvoir poursuivre son mystère de salut.
Ensuite il y a un deuxième épisode qui nous paraît un peu cocasse, voire anecdotique où le Seigneur, alors que les apôtres sont partis pour pêcher sur le lac sont pris par la tempête et voient à un moment arriver le Seigneur Jésus qui marche sur les eaux. Ils ont peur car ils le prennent pour un fantôme. Ils ont peur … C’est peut-être là déjà le premier point sur lequel nous devons réfléchir car jamais, jamais le Seigneur ne provoque la peur, la preuve en est que Jésus leur dira tout de suite : « N’ayez pas peur. C’est Moi ». Lorsque nous avons peur dans nos vies – et il y a des raisons quelque fois d’avoir peur – et bien il faut savoir que c’est une tentation du démon pour nous détourner de Dieu. Si les apôtres n’avaient pas cru à la Parole du Christ « C’est moi » ils auraient effectivement été détournés de Lui par la peur mais le Seigneur s’étant manifesté d’une manière claire ils n’ont pas peur. Cependant, Pierre veut avoir une certitude – on reconnaît bien là sa personnalité. Il veut savoir si c’est bien Lui. Alors il Lui dit : « Si c’est Toi, ordonne que je marche sur les eaux ». Autrement dit, il met le Seigneur au défi et le Seigneur accepte et lui dit : « Viens ». Pierre marche sur les eaux pendant un moment, puis, de nouveau, il est pris par la peur et il plonge dans l’eau. C’est Jésus qui le tire de l’eau. Encore une fois, le démon a voulu, au travers de la personne de Pierre qui avait encore un doute puisqu’il avait demandé : « Si c’est bien Toi » alors que Jésus venait de dire : « C’est Moi » mais lui veut encore plus de certitudes : « Si c’est bien Toi alors fais que je marche sur les eaux ». Le Seigneur le permet mais il est pris par le démon de nouveau et il a peur. De nouveau il se demande s’il n’est pas en train de se tromper, d’aller vers un fantôme et là il tombe dans l’eau. Et c’est Jésus qui lui tend la main et qui le tire de l’eau non sans lui faire remarquer que sa foi n’est pas très forte : « Homme de peu de foi ». Puis tout le monde retourne dans la barque et l’évènement se termine. Alors nous aussi à certains moments nous avons peur- comme je l’ai dit – et nous sommes quelque fois amenés dans nos demandes vers le Seigneur à le mettre au défi. Ce n’est pas interdit, cela peut être une question de foi qui se manifeste. Lorsque l’on demande quelque chose au Seigneur c’est que l’on croit en Lui mais tout dépend de la manière dont nous demandons. Si nous commençons, comme Pierre, par « Si c’est Toi alors donne-moi cette bénédiction  », nous commençons mal. Nous devons commencer par dire : « Puisque c’est Toi qui a dit : venez à Moi vous tous qui peinez je vous soulagerai, je viens à Toi ». Ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas : « Si c’est Toi, fais quelque chose ». Non. « C’est Toi qui l’a dit alors je viens ». Ce n’est pas la même attitude du tout. Et c’est cette attitude là que nous devons avoir, celle que n’a pas eu Pierre. Nous devons demander au Seigneur d’avoir cette attitude de foi et d’abandon. S’abandonner. C’est dur de s’abandonner parce que nous avons une raison. Nous avons une manière de penser, de voir les choses et souvent nous voulons gérer notre vie comme nous la voyons, comme nous la projetons et Dieu n’a pas tout à fait, forcément le même projet. Il y a quelques mois une higoumène d’un monastère me disait : « Nous passons notre temps à faire des projets et Dieu passe son temps à les défaire pour en faire d’autres ». C’est exactement cela. Nous avons le droit de faire des projets, sinon on ne vivrait pas mais à condition de dire à la fin du projet : « Si c’est Ta volonté ». Si nous ajoutons cette petite phrase alors nous sommes dans la vraie voie, celle de l’abandon. Demandons quelque chose au Seigneur ; nous avons projeté de faire ceci, cela, qui semble bien, qui ne se réalise pas donc nous demandons secours, c’est normal, c’est logique. Il l’a dit : «  Venez à Moi. Frappez, je vous ouvrirai ma porte. Demandez-moi ce que vous  voulez ». Mais nous devons ajouter ce que Lui-même a ajouté à Getsemani : « Non pas Ma volonté mais Ta volonté ». Si nous sommes dans cette ligne, si nous essayons d’y être, si nous désirons y être alors nous sommes sur le chemin de la sainteté, sur le chemin de la quête de Dieu, sur le chemin de l’amour, sur le chemin de l’Eternité.
 

Amen

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