Amour bon Pasteur
11/11/2018 Lc VIII, 41-56 Jn X, 9-16
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Dans le second Evangile que nous venons d’entendre, le Seigneur nous livre sa Parole et nous précise qu’il est le Bon Pasteur, le pasteur qui guide son troupeau, qui est attentif à toutes ses brebis pour les mener au bercail. Il nous enseigne autrement dit sur ce qui est fondamental en Lui, l’amour, car le Bon Pasteur est celui qui aime ses brebis. C’est ce qu’Il nous dit. Il les aime quelle qu’elle soit et dans un autre passage de l’Evangile il nous raconte la parabole où le Bon Pasteur va chercher la brebis qui s’est égarée ; c’est la miséricorde du Christ qui est en cause, c'est-à-dire cet amour qui se pose sur la brebis qui est blessée, égarée, souffrante, malheureuse et Il la porte sur ses épaules.
Dans le premier Evangile il ne s’agit plus d’enseignement, il s’agit de quelque chose d’encore plus concret, c'est-à-dire l’application de l’enseignement : le Seigneur devient miséricordieux vis-à-vis de la fille de Jaïre, le chef de la synagogue, et de l’hémorroïsse, cette femme qui était atteinte d’un flux de sang. Il guérit l’une, Il ressuscite l’autre. Il applique, là aussi l’amour et la miséricorde.
Il se trouve qu’aujourd'hui nous fêtons Saint Martin, évêque de Tours, qui fut appelé et qui est appelé encore aujourd'hui Saint Martin le Miséricordieux ; à juste titre car Saint Martin est sans aucun doute l’un des grands modèles du pasteur. Dans la vie de Saint Martin on raconte que, dès l’instant où il a connu le Christ, il n’a cherché qu’à le prier : première étape, prier. Deuxième étape : faire en sorte que sa vie soit en conformité avec ce que le Christ avait dit : aimer. On nous rapporte l’épisode où il n’était encore que soldat où il donne la moitié de son manteau à un pauvre : il fait miséricorde au pauvre. Plus tard, il guérira beaucoup de personnes, il ressuscitera des morts mais tout cela il le fera par amour et cet amour il l’aura acquis dans la prière. Saint Martin se retirait dans les grottes de Marmoutier près de Tours avec ses compagnons et avant même d’avoir été élu évêque de Tours, il s’était retiré, seul, dans une grotte à Ligugé pour y vivre une vie de retrait, de prière et d’amour pour le monde. Des compagnons se sont joints à lui, ainsi est né le monastère de Ligugé. De là, il fut appelé à devenir évêque de Tours mais il n’a pas changé, il est resté le même, celui qui était mû par l’amour de Dieu, par la miséricorde du Christ qu’il avait reçus lui-même car on ne peut pas donner ce que l’on n’a pas reçu. Alors tout cela : la Parole du Christ, les guérisons du Christ et ce qu’a fait Martin le Miséricordieux, tout cela doit nous inciter nous-mêmes à vivre selon l’enseignement de Dieu, selon l’enseignement du Christ, à l’image du Seigneur Jésus et de Saint Martin : être véritablement des témoins de l’amour de Dieu. Dieu nous aime, je vous l’ai souvent dit ici ; Dieu nous aime tel que nous sommes avec notre nature déchue, avec notre pauvreté, nos chutes, avec notre faiblesse mais aussi avec nos richesses ; Il nous aime tout entier, ne nous rejette pas et si nous allons vers Lui Il nous accueille sans condition. Il applique ce qu’Il est, amour, et ce qu’Il donne s’appelle la miséricorde pour chacun d’entre nous. Alors si nous recevons la miséricorde du Seigneur, il faut nous souvenir que nous devons nous aussi vivre dans l’amour et être miséricordieux jusqu’au bout, jusqu’à l’impossible. C’est ce qui manque bien sûr, à nous tous d’abord et au monde entier. Saint-Silouane nous dit : Imaginons si tous les hommes de la terre acceptaient humblement d’aimer, dans quel monde viverions-nous ! Nous devons comprendre que tout commence, tout commence par chacun d’entre nous : les guerres, les disputes, les conflits, tout commence dans notre cœur. Ce ne sont pas les autres qui sont responsables, c’est moi. Je n’aime pas mon frère, ma sœur, je la juge, je le juge, je le rejette, je n’applique pas l’amour, je n’aide pas ceux qui ont besoin d’être aidés ; c’est là que cela commence. C’est trop facile de critiquer les uns, les autres dans leurs mauvaises actions. Bien sûr nous devons discerner ce qui est mauvais : le mal est le mal, le bien est le bien mais trop vite nous accusons ceux qui, par malheur, n’ont pas fait le bien et nous oublions ce que nous faisons, nous, dans notre cœur à certains moments. Certes nous ne sommes pas tout le temps des méchants, des mauvais, des gens qui jugent, des gens qui rejettent, bien sûr mais, à certains moments, nous le sommes aussi ; il faut le reconnaître dans l’humilité. Alors si nous commencions par nous : entendre la Parole du Christ, d’abord, qui est venu pour nous, pour nous guider, pour nous mener au bercail, nous aimant tels que nous sommes. Si ensuite nous comprenions comment le Christ a agi à partir de cette Parole et comment les saints, particulièrement Martin le Miséricordieux, ont agi ; si nous comprenions cela, c'est-à-dire que nous prenions cela avec nous (le mot comprendre c’est prendre avec), si nous mettions cette attitude-là dans notre cœur et en vivions, avec la grâce du Seigneur, indispensable, alors oui le monde aurait une autre couleur, l’Eglise serait belle. Elle est toujours belle parce que sa tête c’est le Christ qui est parfaitement beau puisqu’il est amour mais la partie humaine est un peu moins belle à certains moments mais la partie humaine, c’est moi, c’est vous, ce sont tous les chrétiens. Alors nous avons donc une responsabilité de chrétiens, la responsabilité d’entendre la Parole de Dieu, la responsabilité de nous souvenir de ce qu’a fait le Christ dans son Incarnation, tout au long des années où Il a vécu sur cette terre, la responsabilité de nous souvenir de ce qu’ont fait les Saints, Saint Martin et les autres. C’est une responsabilité qui doit nous engager à aimer. Si nous savions aimer, si nous comprenions combien l’amour est indispensable, tout serait résolu. C’est ce qui nous attend dans l’Eternité où il n’y aura plus ni contraintes, ni faiblesses, ni chutes. Il n’y aura que de l’amour mais avant l’Eternité, il nous faut apprendre à aimer. Amen