Monastère Saint Silouane

Foi et humilité

24/6/2018 Mt VIII, 5-13 Lc I, 1-25, 57-68, 76, 80 Nativité de Saint Jean-Baptiste

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous fêtons aujourd'hui la Sainte Résurrection du Christ, comme tous les dimanches et également la fête de la Nativité de Saint Jean le Baptiste, le Prophète, le Précurseur du Seigneur, celui qui L’a annoncé, celui qui L’a précédé. Quand il a annoncé le Seigneur, Jean-Baptiste n’a pas fait de grands discours ; il a simplement dit : « Voici l’Agneau de Dieu, Celui qui ôte le péché du monde » puis il a rajouté « Je ne suis pas digne de délier les courroies de ses sandales ». Par ces paroles nous comprenons combien Jean le Baptiste vivait dans l’humilité ; il nous est dit qu’il vivait dans le désert simplement, pauvrement louant Dieu et Le suppliant. Son humilité, effectivement, précède le Seigneur qui lui est l’humilité parfaite.
C’est cette humilité que nous retrouvons dans cette histoire du centurion qui désire voir son serviteur guéri par le Christ. Cet homme était un romain, chef d’armée, occupant, mais, ayant entendu que le Christ était important, faisait des miracles et ayant de la compassion pour son serviteur, il s’adresse à Lui en Lui demandant de le guérir. Le Seigneur lui répond : « Je vais aller le guérir » mais c’est dans la réponse du centurion que nous trouvons, là aussi, l’humilité : « Je ne suis pas digne, je ne suis pas digne que tu entres dans ma maison mais si tu dis une parole mon serviteur sera guéri ». Il y a donc chez ce centurion deux choses : à la fois l’humilité, la grande humilité, et puis la foi. Il explique au Christ comment cela se passe autour de lui, dans son corps d’armée. Et le Christ confirme qu’Il a entendu et vu un homme de grande foi et Il guérit le serviteur.
Humilité et foi. Nous avons reçu la grâce de la foi au moment de notre baptême ; nous avons été plongés dans les eaux comme Jésus par humilité s’est laissé plonger dans les eaux du Jourdain et a été baptisé par Jean que nous fêtons en ce jour. Si nous croyons dans le Christ et que nous n’avons pas d’humilité, en vérité nous ne croyons pas mais si nous avons dans le cœur de l’humilité alors la foi devient active en nous. Elle est en nous, certes, par la grâce, mais elle doit s’activer, grandir et elle grandira par l’humilité, cette vertu qui n’est pas si facile à acquérir. Nous le savons bien, dans notre vie il nous est difficile de vivre dans l’humilité mais demandons-nous cette humilité dans la prière ? Demandons-nous de bénéficier de la grande humilité du Christ dans une prière fervente ? Nous humilions-nous lorsque nous constatons notre faiblesse ? Allons-nous d’abord vers le Christ ou bien vers nous-mêmes ? Si nous allons vers le Christ nous faisons comme le centurion, alors notre foi grandit car nous savons que le Christ peut nous guérir de notre orgueil. Il n’est pas facile de vivre humblement. Le contexte de vie, quel qu’il soit d’ailleurs, monastique ou autre, ne nous porte pas à l’humilité. Et pourtant, le Seigneur dit : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il ne porte pas de fruits ». Autrement dit, il est mort. Accepter, désirer l’humilité doit être quelque chose qui nous donne un dynamisme de vie. Il faut que nous essayions d’être comme ce centurion, d’être comme Jean le Baptiste, Précurseur. Il aurait pu se glorifier puisqu’il était né de manière miraculeuse déjà et qu’il était le cousin du Seigneur. Il aurait pu dire : « Je suis quelqu'un dans ma famille de très grand, je suis quelqu'un de bien, je suis dans une belle lignée, etc. ». Non « Je ne suis pas digne de délier les courroies de ses sandales ». Le centurion aurait ou dire : « Je suis un chef d’armée, je suis gradé, je suis quelqu'un d’important ». Non, il dit : « Je ne suis pas digne que tu viennes dans ma maison mais je crois en ta parole ». Et ceci est important parce que nous pouvons dire nous-mêmes au Seigneur : « Oui, je ne suis pas digne de Toi mais viens pour me guérir ». Les Pères nous ont dit que la sainte communion au Corps et au Sang du Christ était un médicament pour les malades que nous sommes, malades d’orgueil. Lorsque nous nous approchons du calice, nous récitons une très belle prière où nous attestons de notre indignité, que nous sommes pécheurs et même chacun de nous le premier des pécheurs. Le tout est de vivre de cette prière car dire des prières c’est une chose mais si l’on n’en vit pas cela reste des mots vains. Nous avons l’occasion de nous humilier tous les jours dans notre vie, si nous sommes attentifs, absolument tous les jours. Il suffit alors de se souvenir combien le Seigneur nous aime malgré notre faiblesse ; combien, Lui, nous a montré son humilité totale, combien Il s’est abaissé : Il s’est abaissé jusqu’à la mort sur une croix. Il faut saisir les occasions de l’humilité qui nous sont offertes par Dieu, il faut les saisir, les capter, les faire nôtre ; nous en avons la capacité si notre orgueil ne nous aveugle pas. Nous avons spontanément tendance à juger, critiquer, réclamer par rapport à ceux qui nous entourent mais si nous commencions par réclamer quelque chose pour nous ; si nous commencions par dire : « Je ne suis pas digne Seigneur, pardonne-moi, pardonne mon orgueil. Donne-moi de participer à cette humilité que Tu as eue, qu’a eue Jean-Baptiste et le centurion et d’autres ». Saint-Silouane a eu cette prière : « Je voudrais seulement acquérir l’humilité et l’amour du Christ, ne mépriser personne et prier pour tous les hommes comme pour moi-même ». C’est tout simplement, dit d’une autre manière, la prière de Jésus : Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur.
Amen

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