Monastère Saint Silouane

Communion

29/4/2021 Mth XXVI, 1-20, Jn XIII, 3-17, Mt XXVI, 21-39, Lc XXII, 43-45, Mt XXVII, 2

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Ce long récit que nous venons d’entendre est rempli d’enseignements qui peuvent nourrir notre vie spirituelle tout au long de notre vie terrestre. Cependant si vous le voulez nous nous arrêterons sur un des évènements principaux qui se déroule pendant cet Evangile et qui est un évènement pour nous vital. ; bien sûr cet évènement est relié à tout ce que nous avons entendu : le lavement des pieds par Jésus, son humilité, la trahison de Judas, la promesse de Pierre puis sa trahison, les apôtres qui s’endorment au lieu de prier, etc. Voyez-vous l’élément le plus conséquent peut-être pour nous c’est le moment où le Seigneur, pour fêter la Pâque avec ses apôtres, a pris du pain, l’a fragmenté, l’a distribué à tous ceux qui étaient là en leur disant : « Ceci est Mon Corps, prenez et manger en tous » puis Il prit la coupe , la remplit de vin et dit : « Buvez en tous, ceci est Mon Sang, le sang de la nouvelle alliance qui est répandu pour vous et pour la multitude » ; cet évènement-là est fondamental, je dirais pour nous les chrétiens bien sûr mais aussi pour l’humanité entière car le Seigneur précise bien que tout cela a été fait pour tous, pas uniquement pour les chrétiens ; et je pense que nous avons cette chance exceptionnelle de pouvoir régulièrement, chacun à notre rythme, recevoir le Corps et le Sang du Christ en nous-mêmes c'est-à-dire qu’au travers de cet acte nous entrons en communion, en communion profonde, la plus grande communion qui puisse exister sur cette terre avant l’Eternité, nous entrons en communion avec Jésus ; Il nous donne son Corps, Il nous donne son Sang pour que nous en vivions selon ses commandements ; bien sûr ce geste reste un mystère mais il ne faut pas croire que le mot mystère veut dire quelque chose que l’on ne peut pas comprendre et vivre parce que le mystère est quelque chose qui se révèle à nous sous une forme particulière qui n’est pas habituelle mais qui est réelle puisque le Seigneur Jésus l’a dit : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang, mangez, buvez tous » ; Au niveau de notre intelligence ce n’est pas la peine de chercher à comprendre : ce que nous consommons c’est bien du pain et du vin et comme Jésus a dit c’est mon Corps et mon Sang nous Le croyons et nous vivons de cette réalité ; et cette réalité de communion est quelque chose d’extraordinaire ; à chaque Liturgie, nous devrions tous communier sauf bien sûr si nous avons commis un acte extrêmement grave et que nous n’avons pas demander pardon à Dieu mais autrement on ne devrait jamais s’abstenir pendant l’Eucharistie de communier au Corps et au Sang du Christ ; c’est le moment fondamental de la Liturgie, c’est le moment où nous prenons non seulement force, grâce, où nous sommes divinisés même ; en étant en communion avec le Seigneur Jésus nous sommes divinisés ; s’Il nous dit Mon Corps et mon Sang sont à vous, c’est qu’Il est en nous, qu’Il vit en nous et nous devons vivre cet évènement toujours avec une grande intensité, une grande attention, une grande ferveur, une grande action de grâce ; j’ai toujours rêvé (mais ce n’est pas réalisable bien que je l’aie réalisé plusieurs fois)  après avoir reçu le Corps et le Sang du Christ de rester en silence le plus longtemps possible avec la conscience de cette réalité ; en communauté nous ne pouvons pas le faire, je ne peux pas imposer à la communauté un temps aussi long mais j’ai eu la joie de vivre cela avec mon Père spirituel dans son ermitage en Transylvanie et après que nous ayons vécu ce temps extraordinaire nous sommes restés prosternés longtemps, autant qu’il a fallu, nous n’avions pas de montre donc on n’a pas fait attention au temps qui s’écoulait mais c’était une grande joie dont nous avions du mal à nous extraire parce que bien sûr ensuite il faut continuer de vivre avec d’autres choses : on termine la Liturgie, il faut préparer les repas, il faut manger, il faut jardiner, il faut faire la lessive, etc. mais cela ne fait rien : le Corps et le Sang du Christ sont en nous et ils le sont tant que nous en sommes conscients. Bien sûr le Seigneur savait très bien que à certains moments on l’oublierait parce que notre nature est faible mais c’est pour cette raison que nous avons la possibilité, tous les jours si nous le voulons, de communier à son Corps et à son Sang ; c’est le plus beau cadeau qui nous soit fait de la part de Dieu parce que c’est le cadeau qui nous mène au salut éternel ; lorsque nous recevons le Corps et le Sang du Christ nous entrons dans le salut, nous entrons dans l’amour de Dieu en plénitude ; il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime a dit Jésus et Il a donné sa vie pour nous ; nous le savons bien tous, tous les hommes sur la terre le savent : on ne peut pas vivre sans amour, on est malheureux si on n’a pas d’amour ; nous sommes faits pour vivre avec amour, dans l’amour, dans un partage d’amour, c’est notre vocation ; à cause de notre nature déchue, de nos faiblesses, des tentations du démon auquel nous cédons cet amour est atteint mais à chaque fois que nous revenons à l’Eglise nous ayant préparé le corps et l’âme à recevoir le Corps et le Sang du Christ nous recevons à nouveau cet amour en plénitude ; c’est pour cela que la Liturgie s’appelle Eucharistie, ce mot grec, evkariston, qui veut dire merci, qui veut dire : je rends grâce de ce que j’ai reçu et toute la Liturgie est une Eucharistie, un remerciement pour ce qui au centre de cette Liturgie nous est offert gratuitement. Nous devons avoir une conscience très très vive, la raviver à chaque fois que c’est possible en demandant le secours de Dieu, des Saints et de la Mère de Dieu pour vivre cet instant avec une intensité qui n’est plus une intensité naturelle mais une intensité spirituelle qui nous est offerte. Alors rendons grâce à Dieu, rendons grâce au Seigneur Jésus qui a accepté la décision trinitaire de venir vivre au milieu de nous pour en arriver là, à ce jour-là, à ce jeudi où à la fois Il s’offre à tous les autres hommes de la terre et d’abord à ses apôtres par son Corps et par son Sang et aussi Il s’offre à nous : nous vivrons la suite dans les jours qui viennent , elle est déjà préfigurée dans la fin des textes puisqu’Il va être condamné à mort, par amour pour nous. Je crois que si je n’avais pas connu le Christ dans ma petite enfance, dès ma petite enfance, au travers notamment de son Corps et de son Sang donné, offert, je crois que je ne serais pas au milieu de vous, je ne pourrais pas vivre, c’est quelque chose qui m’est indispensable et je ne suis pas le seul bien évidemment. Alors rendons grâce à Dieu de tout notre cœur pour ce cadeau exceptionnel qui nous est offert à chaque fois que nous venons dans l’église pour fêter cet évènement, pour en goûter le fruit et en recevoir la grâce.
Amen

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