Monastère Saint Silouane

Fils Prodigue

20/2/2022    Lc XV, 11-32
 
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Lorsque le Seigneur Jésus nous parle en parabole Il veut toujours nous délivrer quelque chose d’important, important pour tous ceux qui L’entouraient à ce moment-là mais important pour nous aussi aujourd'hui 

cette parabole du Fils Prodigue est sans aucun doute une des plus belles que nous puissions connaître, belle parce qu'elle nous ouvre les clés du Royaume ; en effet, ce fils qui abandonne son Père et qui veut mener sa vie telle qu’il l’entend, ce fils va s’égarer dans toutes sortes de fautes et de péchés, dans toutes sortes de chemins errants, dans toutes sortes de faiblesses et de chutes jusqu’au moment où il se retrouvera démuni de tout : plus d’argent, plus de biens et qui plus est une famine sévit dans la région où il se trouve ; alors pour chercher un secours il se fait embaucher par un fermier du village et garde les cochons ; il n’avait même pas la possibilité de manger ce que ces animaux avaient à leur disposition ; c’est à ce moment-là qu’il se pose une question, il s’interroge : qu’ai-je fait ? Et il se souvient, il se souvient du Père qui l’aimait, qui a accepté son départ, qui lui a donné son bien et il se dit : « Je vais retourner chez mon Père ; je lui dirai : «  J’ai péché contre le ciel et contre Toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ». Alors cette aventure, cette histoire c’est aussi la nôtre, peut-être pas d’une manière aussi catégorique à certains moments mais quand même ; nous retrouvons bien cet instinct d’autogestion de nous-mêmes, de notre orgueil, orgueil qui a touché notre premier père Adam, notre première mère Eve qui eux aussi voulaient mener leur vie à leur façon et être aussi grand que Dieu ; la différence entre ce qu’il s’est passé avec Adam et Eve et le fils prodigue c’est qu’Adam et Eve se sont cachés après leur faute, ils ont eu peur de Dieu, ils n’ont pas voulu être vus tels qu’il étaient ; le fils prodigue, lui, décide de retourner vers son Père dans l’état où il est, dans cet état de faiblesse physique, sa robe est souillée, ses pieds sont délabrés, ses chaussures ne sont pas dignes, il est pauvre, il se sait pauvre parce qu'il a péché ; il lui semble qu’il a tout perdu mais, mais il lui reste l’amour du Père. A nous aussi il arrive de nous égarer, de nous gérer seuls, sans tenir compte de Dieu, pensant que ainsi ce sera meilleur pour nous mais nous avons nous aussi la possibilité de nous souvenir de Dieu, de l’amour de Dieu, de l’amour sans condition car le Père de la parabole ne met aucune condition au retour de son fils, au contraire, il se réjouit, il l’embrasse, lui fait donner la plus belle robe, mettre un anneau à son doigt et festoyer car il est revenu celui qui était perdu. Alors nous aussi quand nous tombons dans le péché, dans la faute, il faut nous souvenir de Dieu et souvent c’est Dieu qui nous fait signe pour que nous revenions vers Lui car le Père de la parabole attendait sur la colline le retour de son fils : Dieu nous attend toujours dans un retour qui nous donnera la vie ; c’est pour cela que cette parabole est importante ; à l’aube du grand carême dans lequel nous allons entrer, nous avons la chance, pendant ce triode, d’avoir des textes évangéliques très forts ; oui, le Père se réjouit lorsque nous nous tournons vers Lui et que nous Lui disons la vérité de nous-mêmes, que nous ne cachons rien : « Je ne suis plus digne, je ne suis qu’un indigne, je ne suis même pas digne d’être appelé ton fils » ; mais nous savons, par tout l’enseignement du Christ que Dieu est miséricorde et qu’il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour un juste qui y entre ; nous le savons mais encore faut-il le vivre ; pour cela nous devons prier, supplier ; dès que nous sentons notre chute, notre faiblesse, notre péché, il nous faut nous tourner le plus vite possible vers le Seigneur et Lui dire : « Oui, c’est moi, c’est bien moi, Tu peux me voir dans l’état de délabrement dans lequel je me trouve à cause de mes fautes mais je viens vers Toi car je sais que Tu aimes celui qui vient vers Toi quel qu’il soit ; je sais que Tu ne tiendras pas compte de mes fautes ; je viens vers Toi sachant que je vais recevoir encore plus que ce que j’ai reçu lorsque je suis parti de Ta maison ».

Alors il y a un troisième personnage, c’est le fils aîné qui est aussi une leçon pour nous parce qu'il devient jaloux, il devient jaloux de son frère qui est revenu, son frère qui s’était écarté du chemin, son frère qui s’est souvenu de l’amour du Père, il en est jaloux ; et pourtant il a toujours reçu autant que son frère, sinon plus. Il peut nous arriver à nous aussi d’être jaloux plus ou moins consciemment de voir quelqu'un qui se repent, qui peut-être nous a causé du mal à nous, qui nous a blessé et qui retourne vers Dieu et qui demande le pardon, peut-être que cela nous arrive d’être un peu jaloux ; à nous de réfléchir, à nous de repenser cette parabole et surtout à nous de vivre ce qu’a vécu le fils prodigue, de recevoir tout l’amour de Dieu même si nous sommes tombés très bas comme c’était le cas de ce prodigue ; nous pouvons tout recevoir de Dieu comme en un instant comme le bon larron et comme beaucoup d’autres encore ; quel Saint n’a-t-il pas été pécheur à un moment ou à un autre, même les Saints ; et ce qui fait justement leur sainteté c’est probablement parce qu'ils ont compris que l’amour de Dieu était plus fort que leur péché, leurs fautes et leurs faiblesses et qu’ils ont désiré cet amour de Dieu comme le fils prodigue a désiré retourner à la maison pour avoir tout le bénéfice d’un amour sans condition. Oui, nous sommes, nous aussi, des prodigues mais nous aussi pouvons recevoir cette joie infinie qui s’appelle miséricorde.


Amen

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