Croix engagement
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Nous fêtons aujourd'hui la Croix du Seigneur. C’est la commémoration d’un miracle qui a eu lieu par la présentation de la Croix. C’est un fait historique, important, bien sûr, et c’est pour cette raison que nous vénérons la Croix que nous appelons « la vénération de la Croix de l’été » en comparaison avec la vénération de l’Exaltation de la Croix qui aura lieu le 14 septembre.
C’est aussi aujourd'hui, d’une manière plus intime et plus cachée, l’anniversaire de la fondation de notre monastère. Il y a 26 ans, un moine et deux postulants, dont Mère Théodora, arrivaient sur cette terre de Sarthe. Nous arrivions sur la proposition d’un Père spirituel et l’injonction qui nous avait été donnée : « C’est impossible à faire mais faites-le ». Dieu a permis que ce monastère se réalise et que, depuis 26 ans, il existe. Je pense que c’est un véritable miracle que le Seigneur Jésus accomplit tous les jours. Dès le début, lorsque nous sommes arrivés dans – ce qu’il faut bien appeler – un grand désordre, nous étions certes aveuglés, nous ne voyions rien. Nous venions d’une grande ville, Paris, nous venions d’une vie plutôt agréable, confortable, aisée, facile. et nous arrivions dans ce qui aurait dû nous apparaître comme quelque chose d’impossible à vivre, comme l’avait dit Père Sophrony, mais comme nous étions aveuglés, nous nous sommes mis au travail à la fois physique et spirituel. Nous n’avons pas été seuls, nous avons été aidés, dès le début, par des amis très chers, dont Paul et Mari-Lou qui sont présents aujourd'hui mais d’autre encore : Michèle et Serge Nikitine, Macha et bien d’autres. Beaucoup de jeunes sont venus nous aider et progressivement, les bâtiments qui étaient insalubres et inhabitables saint devenus, non pas ce que vous connaissez aujourd'hui, mais un peu plus salubres et un peu plus habitables. Ce qui important ce ne sont pas les murs, les bâtiments – même si ceci est une réalité. Ce qui est important c’est que nous avons pu poursuivre notre vie spirituelle depuis 26 ans et ceci est un miracle car l’homme d’aujourd'hui n’est pas préparé à vivre une vie monastique. Lorsque l’on parle de la vie monastique à des gens du monde, les gens sourient, souvent, ou se demandent intérieurement, voire extérieurement, à quoi on sert. Et bien, je réponds toujours : « On ne sert à rien ». Donc on ne sert à rien, on sert Dieu, ce qui n’est pas la même chose. Car, dans l’esprit du monde, il faut servir pour quelque chose et nous, nous servons, nous cherchons à servir Dieu et cela n’est pas facile. Bien souvent, cela est une croix. Ce n’est pas pour rien que cette fondation s’est faite, sans que nous nous en rendions compte, le jour de la fête de la Croix. Car le moine, la moniale qui s’engage dans la vie monastique, s’engage à suivre le Christ et, par conséquent, à porter la Croix, tous les jours, sous une forme ou sous une autre. Une des croix les plus exigeantes est, sans aucun doute, la vie communautaire, la vie fraternelle, la confrontation de nos caractères, nos histoires, nos sensibilités, nos origines, nos âges. Tout cela est une réalité et puis il y a toutes les autres croix. Je ne vais pas les énumérer, on les connaît tous. Elles existent et nous sommes appelés à porter cette croix si nous voulons être véritablement des moines mais pas à porter la croix de manière qui ne soit pas juste car, nous le savons bien, dans le mystère chrétien, la croix est suivie de la Résurrection. Comme avait dit, il y a quelques années, Monseigneur Gabriel qui était notre archevêque, à un moment de grande vicissitude, il m’avait dit : « Avant la résurrection, il y a le vendredi saint et tu es dans le vendredi saint ». Il faut accepter de passer par le vendredi saint pour arriver au dimanche de la Résurrection et toute la vocation du moine est de vivre ce chemin d’acceptation. Ce n’est rien d’autre que le chemin chrétien mais nous sommes appelés particulièrement, on ne sait d’ailleurs pas pourquoi, à vivre ce chemin d’une manière plus exigeante, plus catégorique, plus visible, extérieurement au moins. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres, quelque fois même nous sommes pires, mais au-delà de nos faiblesses, de nos misères et de nos larmes, nous cherchons à suivre le Christ et, pas-à-pas, le Seigneur nous mène sur le chemin qu’il a préparé pour nous.
Alors, aujourd'hui, en cette Liturgie de la Croix, je vous invite tous à rendre grâce pour ces 26 ans d’existence, pour ce miracle permanent, sur tous les plans, que le Seigneur réalise et aussi pour que nous continuions à accepter le mieux possible, avec joie, avec ténacité, avec la grâce du Seigneur bien sûr, la Croix dont nous sommes marqués depuis que nous avons été baptisés comme chrétiens.
Amen