Monastère Saint Silouane

Béatitudes, rôle de l'église

24/7/2018 Mt XVIII, 18-22, XIX, 1-2, 13-15 1Co XII, 12-26

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Dans l’Evangile le Seigneur insiste pour nous dire combien nous devons nous en tenir à ce que nous avons à faire en vérité, à vivre dans la simplicité, dans l’humilité, dans l’amour, dans la serviabilité. Et contrairement à ce que souhaitait la mère des fils de Zébédée, que ses fils soient à la gauche et à la droite du Christ à la fin des temps, que ce n’était pas cela l’important. Et Saint Paul, dans cette très belle épître, nous précise bien que, dans l’Eglise, chacun et chacune a son rôle à jouer, que chacun et chacune est important. Il prend la comparaison du corps et comparant ainsi les différentes parties du corps il nous montre que ce corps que nous constituons symboliquement dans l’Eglise est composé de membres et que tous ont un rôle à jouer, quelle que soit la situation dans laquelle ce membre se trouve. Qu’il soit haut placé dans l’institution de l’Eglise ou qu’il soit un simple fidèle, tous ont un rôle à jouer. Non pas un rôle comme nous l’imaginons mais un rôle simple, très simple ; c’est pour cela qu’il prend la comparaison du corps ; il parle du pied, de la main, de l’œil, de l’oreille, etc., toutes les parties du corps et toutes les parties du corps ont un rôle. Alors nous ne devrions pas, dans l’Eglise, nous ne devrions pas penser que si nous sommes à telle ou telle place, nous sommes supérieurs aux autres. Ou bien l’inverse : que si nous sommes à telle ou telle place, inférieure apparemment, nous sommes des moins que rien. Tout cela est parfaitement faux : Saint Paul est très clair là-dessus. Chaque membre de l’Eglise, chaque membre d’une communauté, qu’elle soit monastique, paroissiale, familiale, sociale, chaque membre à un rôle à jouer et ce rôle est important ; il sera différent pour chacun d’entre nous, selon ce que l’Esprit-Saint nous aura donné comme don, selon ce qui nous sera demandé de faire et il n’est pas toujours facile de faire ce que l’on nous demande. Nous avons une vision souvent faussée à cause de l’orgueil pensant que celui ou celle qui est un peu plus haut que les autres a plus de facilité, n’a pas de souffrance et vit aisément. Alors c’est vrai qu’il arrive que ceux qui ont des positions importantes en profitent pour écraser les autres mais cela n’a aucun sens ; ceux-là n’ont rien compris ; ceux-là n’ont pas beaucoup médité cet épître de Saint Paul et cet Evangile. Jésus est un provocateur – pardon de dire cela mais c’est vrai – parce qu'Il provoque de bonnes choses. Il renverse tout, toutes les valeurs : celui qui est le premier sera le dernier et celui qui est le dernier sera le premier. Relisez les Béatitudes, c’est d’une invraisemblance … « Bienheureux ceux qui pleurent  », si vous trouvez que c’est drôle de pleurer vous avez bien de la chance et pourtant le Christ le dit et Il a raison parce que nous pouvons aller pleurer dans ses bras ; c’est cela le bonheur ; nous pouvons nous réfugier dans ses bras – comme je vous l’ai dit souvent – qu’Il a écartés sur la croix pour les refermer sur chacun d’entre nous pour nous dire combien nous sommes aimés même si, provisoirement, nous sommes dans les pleurs. Si nous relisons toutes les Béatitudes nous voyons que tout est à l’envers et tout l’Evangile est à l’envers parce que le Christ a remis tout à l’endroit, comme il fallait. Alors il faut que nous apprenions à intégrer cela dans nos vies, à ne pas nous croire possesseurs de la fonction que nous avons quelle qu’elle soit, dans l’Eglise, dans le monde, dans la société, dans la famille ; de ne pas désespérer parce que apparemment, apparemment nous sommes au dernier rang. Si nous comprenons bien la comparaison de Saint Paul, nous voyons que rien ne peut marcher si rien, dans le corps, n’est à sa place : si l’œil est à la place de l’oreille ou si le pied à la place de la main cela ne marche pas ; et s’il n’y a pas de main, s’il n’y a pas de pied, s’il n’y a pas d’œil, s’il n’y a pas d’oreilles cela ne marche pas. Il faut que nous interprétions cela, évidemment, c’est une comparaison mais cela doit nous entraîner à nous aimer les uns, les autres quelle que soit notre fonction, nous respecter, à ne pas gémir sans cesse sur notre situation parce qu'elle n’est pas comme celle-ci ou comme celle-là ou comme elle devrait soi-disant être. Madame Zébédée n’avait rien compris lorsqu'elle demandait que ses fils soient à droite et à gauche du Christ : qu'est-ce que cela peut faire ? Du moment qu’ils sont près du Christ et tout le monde peut être près du Christ, c’est là le miracle. Il faut intégrer tout cela dans notre vie ; l’Evangile, les épitres, les textes Liturgiques que nous lisons sont là à notre disposition, non pas pour que nous les apprenions tous par cœur, que nous puissions les réciter, que nous soyons fiers de savoir que le psaume un tel à un tel numéro. Dieu s’en fiche de tout cela. Ce qu’il veut c’est qu’on se serve de tous ces textes pour grandir, pour comprendre qu’on est aimé, pour comprendre qu’il n’y a pas dans la société, dans la hiérarchie, dans nos systèmes humains les valeurs que Lui souhaite que nous vivions. Alors si nous comprenons cela un tout petit peu, si nous essayons de renverser la vapeur, de chercher quel est vraiment le sens de notre vie, tels que nous sommes, avec nos richesses et avec nos faiblesses. Nous avons tous envie d’être différents de ce que nous sommes ; qui, sur cette terre n’a pas envie d’être blond alors qu’il est brun ? Qui n’a pas envie d’avoir les yeux bleus alors qu’ils sont noirs ? Qui n’a pas avoir envie d’avoir la peau plus claire ou plus foncée ? Qui n’a pas eu envie d’être plus grand physiquement ? Tout cela c’est humain mais ce n’est pas cela que Dieu nous propose. « Laissez venir à Moi les petits enfants » dit-il à ses apôtres ; les petits enfants, les plus faibles, les plus fragiles, les plus simples, c’est eux qu’il voulait avoir près de Lui. Réfléchissons à tout cela mais ne nous contentons pas de réfléchir : laissons descendre dans notre cœur toutes ces données pour en vivre, pour que tout notre être soit rempli de tout cela, pour que nous vivions autrement, que nous changions nos regards, nos manières de penser, nos manières de vivre avec l’autre, que nous sortions des jugements, des comparaisons et toutes ces bêtises. C’est cela que Dieu attend de nous et c’est possible puisque Dieu nous aime, que non seulement avec cet amourn en le demandant à chaque fois que nécessaire, avec cet amour nous pouvons tout. C’est là où nous devenons grands quand nous acceptons de recevoir l’amour de Dieu qui se pose sur notre misère ; c’est ce qu’on appelle la miséricorde de Dieu, l’amour de Dieu ; c’est ce que nous avons tant de mal à vivre et pourtant c’est l’essentiel de notre vie.

Amen


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