Regard du Christ
25/2/2018 Jn I, 43-51
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Pendant les 4 premiers jours de cette dernière semaine nous avons lu, entendu et médité le canon de Saint André de Crète que nous lisons traditionnellement tous les ans à cette période. Ce canon qui nous permet de prendre conscience de ce que nous sommes, de nos faiblesses. Y sont cités beaucoup de personnages de l’Ancien Testament qui ont commis des fautes pour nous rappeler que, nous aussi, nous sommes capables de commettre ces fautes. Ce canon, peut-être un peu terrifiant à entendre, mais il y a toujours une note d’espoir qui termine chaque partie du canon et aujourd'hui, alors que nous avons médité sur nos propres fautes, et que, peut-être cela nous a attristés, aujourd'hui, en entrant dans l’église nous contemplons l’icône du Christ Sauveur en souvenir du rétablissement de la vénération des icônes. En fait cette icône c’est le Christ qui nous regarde et qui guette notre regard, c’est le Christ qui veut manifester son amour. Lorsque Adam et Eve ont péché, ils se sont cachés, et c’est Dieu qui les a cherchés : « Où es-tu Adam ? » Le regard du Christ sur cette icône est certainement aussi un regard qui nous cherche et qui nous cherche pour nous dire combien Il nous aime. C’est le regard qu’Il a posé sur la Samaritaine, sur Zachée, sur la femme adultère, sur Nathanaël, comme nous venons de l’entendre : un regard qui apaise, un regard qui donne espérance, un regard qui réconforte. Le Christ nous dit : « Oui je vais te séduire, te conduire au désert et parler à ton cœur ». Tout ce temps de carême qui est un temps de désert le Christ souhaite nous parler, nous dire quelque chose et pour ce faire il faut que notre cœur se libère, se désencombre pour que le Christ puisse s’exprimer. Cela va être tout le travail ascétique de cette période carémique. Le regard du Christ c’est un regard de Créateur, de Celui qui nous a fait à partir de rien et qui, en s’incarnant sur la terre, a voulu montrer son visage d’amour, a voulu nous offrir son regard d’amour, ce regard d’amour qui n’a eu de cesse, tout au long de sa vie terrestre, de se poser sur chacun de ceux qui l’entouraient, y compris sur la croix. Sur la croix le Christ regarde ceux qui l’entourent : Il regarde le Bon Larron, Il regarde les soldats, le centurion, sa mère, Saint Jean. Il est surpris de voir combien on L’a rejeté : « O mon peuple, que t’ai-je fait ? » Aujourd'hui Il nous dit : « Que m’as-tu fait ? Où es-tu ? Où t’es-tu éloigné de Moi ? Approche et n’aie pas peur ». Il est impressionnant de lire tous ces passages de l’Evangile où tous ceux qui approchent le Christ sont guéris s’ils étaient malades ou transformés dans leur âme et nous aujourd'hui nous nous laissons regarder par le Christ qui est sur cette icône par ce regard d’amour. Bien sûr nous sommes pécheurs et le Seigneur le sait bien mais ce n’est pas cela qui l’intéresse. Ce qui l’intéresse c’est que nous nous laissions regarder par Lui, même dans le péché. C’est cela qu’Il cherche à nous faire comprendre et à nous dire : Il ne nous rejette pas, Il nous accueille, comme Il accueille Nathanaël. Toute notre vie nous serons confrontés à nos faiblesses : il nous faudra lutter contre les tentations et demander le secours du Christ pour pouvoir continuer la route. Sans l’amour du Christ, sans ce regard d’amour, nous ne pouvons pas grand-chose mais avec Lui tout devient possible. Le carême est une période particulière, c’est un temps où l’on peut d’avantage peut-être voir qui on est et qui on devrait être et en même temps sentir combien le Seigneur est proche de nous pour nous soutenir, nous encourager, nous prendre par la main. Nous pouvons Lui dire : « Je suis une brebis perdue, appelle-moi, ô Sauveur, et sauve-moi », comme nous le disons dans l’Office des défunts. Il viendra alors, Il viendra pour nous sauver. Alors lorsque nous arriverons devant Lui à la fin des temps, nous pourrons Lui dire : « Je suis l’image de ta gloire ineffable malgré les stigmates de mes péchés ». Oui nous pourrons dire cela car le Seigneur nous aura appris à accueillir son regard d’amour ; Il nous aura appris à poser un regard d’amour sur ceux qui nous entourent ; Il nous aura appris à aimer.
Amen