Monastère Saint Silouane

Annonciation Salut

25/3/2022     Lc I, 24-38
 
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Dieu fit à Abraham une promesse et Abraham, le Père de la foi, cru en ce que Dieu lui avait promis, il commença à changer de lieu et à s’avancer selon les directives du Seigneur là où Il lui dirait. Cette promesse c’était une promesse extérieure à la personne d’Abraham, une promesse d’avoir une terre à lui où il pourrait s’installer avec ses tribus mais aujourd'hui nous fêtons quelque chose d’encore plus important car si le peuple hébreux a attendu pendant de nombreuse années la réalisation de cette promesse, en fait aucun n’a vu cette réalisation :

Moïse est mort avant qu’il puisse arriver sur cette terre ; mais en fait c’était une promesse de préparation, c’était une promesse extérieure aux hommes mais aujourd'hui la Mère de Dieu par cette visitation de l’Archange reçoit la possibilité de notre salut, du salut de tous ; il ne s’agit plus cette fois d’une chose extérieure à nous mais intérieure à nous ; cette promesse sera vécue par la Mère de Dieu intérieurement car extérieurement rien n’était possible ; comme elle le dit à l’Ange : « Je ne connais point d’homme » mais c’est par la grâce de l’Esprit-Saint que Marie donnera naissance à Jésus qui viendra pour nous sauver ; cette promesse on pourrait la considérer aujourd'hui comme un anniversaire d’un évènement important mais c’est beaucoup plus que cela car cette promesse elle s’actualise tous les jours pour nous ; le salut – nous l’avons chanté – le salut est arrivé au milieu de nous, en nous car le Christ le précisera : « le salut est déjà en vous, pas à l’extérieur de vous mais en vous »; qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que par tout ce qui se déroulera à partir de l’Incarnation jusqu’à la Résurrection nous serons reliés à Dieu d’une manière définitive avec la possibilité d’être déifié c'est-à-dire de participer d’une manière spéciale à la divinité des Trois Personnes de la Sainte Trinité. Oui, notre salut commence tous les jours car tous les jours nous devons comprendre que ce salut doit s’actualiser, doit se vivre d’abord dans l’action de grâce par rapport à ce que Dieu nous a offert : participer à la divinité et puis tout faire pour que ce salut soit actif en nous, qu’il résonne en nous, qu’il nous rende heureux, joyeux, non pas d’une manière extériorisée mais intérieurement, profondément ; savoir que nous sommes sauvés c’est la plus grande révélation du monde et en ces temps si difficiles que nous vivons : d’abord l’envahissement par le virus et maintenant beaucoup plus grave par cette guerre qui s’est déclenchée en Ukraine et dont souffrent beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes et nous aussi bien sûr, par compassion mais nous sommes sauvés quoi qu’il arrive. Si l’on regarde l’histoire des hommes sur cette terre, des guerres il y en a eu malheureusement beaucoup, de très graves, de très longues mais elles ont toujours eu une fin ; autrement dit au travers d’une souffrance bien légitime que nous vivons actuellement il nous faut garder dans le cœur l’espérance du salut qui nous est déjà offert, offert à nous mais offert à tous ceux qui ont été créés par le Seigneur : toute la création, l’homme, les animaux, la nature sont sauvés par la mort et la Résurrection du Christ, par l’Incarnation que nous fêtons aujourd'hui au travers de la Visitation de l’Archange à la Mère de Dieu, cet Archange qui lui annonce qu’elle sera sauvée avec le monde entier ; cette jeune femme, cette jeune fille qui n’hésite pas dans sa réponse même si ce que l’Archange lui explique est incompréhensible au niveau de la raison, sa réponse est très claire : « Je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole ». Voilà une phrase que nous devrions retenir par cœur au sens profond de l’expression, dans le cœur « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole, même si je n’y comprends rien ». Ce oui de la Mère de Dieu qui vient d’une personne comme nous, une fille de la terre qui certes était capable de pécher mais n’a jamais péché parce qu'elle avait un désir de Dieu, ce désir de Dieu qui lui a certainement été enseigné par ses parents puis lorsqu'elle est entrée au service du temple, ce n’était pas rien de rentrer au service du temple, c’était le lieu sacré par excellence ; certes elle n’y accomplissait pas ce que les grands prêtres devaient y accomplir mais elle était une servante ; « Qu’il me soit fait selon ta volonté ». Et c’est pour cette raison que son « oui » jaillit d’elle-même, spontanément ; c’est la résultante de ce oui qu’elle avait fait depuis sa naissance, sans savoir qu’un jour ce « oui » serait le salut du monde ; alors oui il nous faut tous les jours penser, repenser et surtout vivre ce que la Mère de Dieu a vécu : accepter les évènements alors que quelque fois nous n’y comprenons absolument rien. Je vous dirai quelque chose d’un peu personnel et pardonnez-moi mais si l’on m’avait dit il y a 50 ans que je serais fondateur d’un monastère, Père spirituel, et ensuite si l’on m’avait dit que je serais évêque, j’aurais rigolé et j’aurais dit « Non, vous racontez des blagues, laissez-moi tranquille » ; cela aurait été ma réaction d’homme qui n’était pas habitué à dire oui et qui voulait plutôt dire non ; je puis vous assurer que la fondation de ce monastère qui a été provoquée par la parole du St Père Sophrony lorsqu'il a dit : « C’est impossible à faire mais fais-le », cela ressemblait beaucoup à ce que l’Archange avait dit à la Mère de Dieu et à la réaction de la Mère de Dieu « Mais c’est impossible puisque je ne connais point d’homme ». Mais l’Ange lui répond : « Fais-le » ; c’est à peu près la même réalité et le grand miracle qui s’est produit pour moi c’est que j’ai accepté d’une manière invraisemblable, irraisonnable ce que me proposait St Sophrony ; je ne dis pas cela pour me vanter parce que je crois que Dieu s’est arrangé pour m’aveugler par rapport au projet ; moi, j’étais quelqu'un qui voulait être tranquille : j’étais à Paris, j’avais une paroisse, j’étais moine, j’allais au monastère régulièrement, je travaillais, mon travail était bon, j’avais un logement qui était calme, paisible, monastique ; j’avais tout, je suis plutôt du genre « Père tranquille » qui n’a pas besoin d’aventure, les aventures pour moi c’est vraiment un cauchemar ; or c’était une aventure, une aventure possible par le grâce de Dieu ; comment Dieu a fait ? Il m’a aveuglé : je n’ai pas vu les ruines dans lesquelles nous sommes arrivés à trois, il n’y avait rien d’habitable, c’était apparemment impossible mais on l’a fait par la grâce de Dieu, pas par nous, par la grâce de Dieu et Dieu continue son miracle tous les ans, tous les mois, toutes les semaines, tous les jours, à la condition que nous puissions régulièrement réactualiser ce oui de la Mère de Dieu :  « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » ; autrement dit, en conclusion, nous ne devons jamais avoir peur de rien ; d’ailleurs la peur ne vient jamais de Dieu mais du démon qui veut nous déstabiliser et nous faire perdre notre foi en Dieu ; non nous n’avons pas besoin d’avoir peur mais nous devons agir, prier, jeûner, que la guerre s’arrête, que la paix revienne, d’une manière ou d’une autre, selon la volonté de Dieu, qu’Il puisse intervenir et que nos supplications soient entendues car nous devons supplier Dieu parce que nous croyons en Lui : on ne supplie pas quelqu'un en qui on ne croit pas ; nous croyons en Lui parce qu'Il a réalisé le miracle des miracles : le salut des hommes. Prions, prions donc en action de grâce au travers de cette Divine Liturgie, prions aussi pour que Dieu entende nos prières, nos supplications et que cette paix qu’Il a accordée par le Christ qui a dit très souvent : « Paix à vous » et lorsqu'Il a été ressuscité, la première phrase qu’Il a prononcée en apparaissant au milieu de ses disciples c’est paix à vous tous ; c’est pour cette raison que les prêtres et les évêques pendant tous les Offices répètent « Paix à vous » parce que la paix ce n’est pas celle que je vous donne moi  c’est celle que Dieu vous donne par mon intermédiaire ; la paix est possible, oui, si nous croyons en Dieu jusqu’au bout. Que Dieu soit loué pour son amour et sa fidélité.


Amen

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