Monastère Saint Silouane

La purification

La purification

12/3/2017 Mc II, 1-12 2ème dimanche de carême


Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous connaissons bien ce miracle du Seigneur Jésus qui nous est rapporté par plusieurs évangélistes et qui nous impressionne toujours. Ce paralytique qui lui est présenté, en fait, avait deux paralysies : il était paralysé dans son corps physique et il avait une seconde paralysie, celle de son âme causée par ses propres fautes et le Seigneur Jésus le savait. C’est pour cette raison qu’il commence par guérir l’essentiel, le fondamental, c'est-à-dire son âme. Combien avait-il commis de péchés, nous n’en savons rien mais, comme nous, il était pécheur. Saint Basile nous dit que si nous pouvons compter, mesurer la quantité de nos fautes, il nous est impossible de savoir quelle est la taille de la miséricorde de Dieu. En effet, le Seigneur Jésus est toujours là à notre disposition pour guérir notre âme. Pendant ce carême, nous sommes amenés, non pas à faire des exploits ascétiques, ce n’est pas le but du carême. Le but du carême n’est pas que nous devenions des héros mais des saints, ce qui n’est pas la même chose. Le héros se construit par lui-même, par sa propre force, le saint devient saint par la grâce de Dieu qu’il accueille et ce paralytique, sans aucun doute, va marcher sur le chemin de la sainteté voyant ses paralysies réduites à zéro parce que d’autres, amis, frères ont eu foi dans le Christ et l’ont déposé à ses pieds. Alors oui le carême nous est donné comme un temps où nous sommes en quelque sorte mis à nu devant Dieu et si nous nous laissons regarder par Dieu, comme ce paralytique, si nous nous laissons porter par la prière, la nôtre mais aussi celle de nos frères alors le Seigneur va agir, le Seigneur va guérir, le Seigneur va laver notre âme. Car, on l’aura compris, dans cette guérison, le plus important était la guérison de l’âme mais, au demeurant, pour bien montrer à ceux qui ne croyaient pas en la puissance divine du Christ, le Seigneur guérit aussi son corps et Il lui dit cette phrase un peu mystérieuse : « Prends ton grabat et marche ». Ce grabat c’était un lit de fortune, tressé avec quelques branchages, ce n’était pas une pièce de musée, certainement pas. Et pourquoi lui dit-Il : Prends ton grabat ? Il aurait pu le laisser dans un coin et bien je pense que c’est nécessaire pour cet homme qui a été guéri de garder ce grabat comme un souvenir, le souvenir d’une guérison fondamentale et ceci est important pour nous parce que nous devons avoir le souvenir des guérisons que le Christ fait en nous, quelle que soit la forme de ces guérisons Pour qu’au moment où le découragement nous atteint, voire le désespoir face à nos faiblesses physiques peut-être mais surtout face à nos faiblesses de l’âme, pour qu’à ce moment-là nous nous souvenions que, il y a quelques temps, le Seigneur nous a guéris, Il nous a lavés, Il nous a purifiés, Il nous a remis dans l’état d’origine où nous étions au moment de notre baptême et cela est toujours renouvelable. C’est pour cette raison qu’il faut se souvenir de ce qui s’est passé de positif, de grand, de beau lorsque le Christ nous a mis debout, nous a relevés. Parce que, oui, nous tombons, nous tombons et peut-être déjà au bout de ces deux semaines de carême, nous constatons que nous ne sommes pas si brillants que nous le croyions, que même si nous jeûnons très bien et que nous prions très bien, peut-être, peut-être que nous avons oublié que de vivre de la charité c’était aussi bien que de jeûner. Nous n’avons pas réussi aussi bien que nous aurions pensé et souhaité. Ou bien on constate encore d’autres choses. Le carême, oui, est un temps de purification et cette purification s’accomplit par le Seigneur comme là dans ce miracle, pas par nous. Nous ne pouvons pas être purifiés par nous. On peut prendre une douche tous les matins pour se laver le corps, c’est déjà pas mal mais ce n’est pas suffisant. La purification la plus importante, c’est le Seigneur qui nous l’offre, c’est un cadeau de Dieu. Elle prend des aspects différents : d’abord, bien sûr, lorsque nous pouvons dire directement au Seigneur : « Oui, j’ai péché, j’ai péché contre le ciel et contre toi, aide-moi, relève-moi ». Et puis il y a d’autres moyens : les Pères nous disent que l’humilité, l’acquisition de l’humilité est sans aucun doute le moyen le plus important pour grandir en Dieu, pour se laver de toute faute. Saint Jean Climaque nous le répète tout au long de son ouvrage de l’Echelle Sainte : il nous dit que pour vivre d’avantage dans l’humilité, la meilleure recette c’est d’accepter l’humiliation et c’est le plus dur. Parce qu'on n’aime pas être humilié. Dès que nous sommes humiliés, nous avons tout de suite une réponse : c’est injuste. Et pourtant c’est le seul moyen, le plus parfait, pour acquérir l’humilité. L’humiliation qui nous est causée lors d’un évènement, d’une parole, d’un geste, c’est un cadeau, un cadeau que Dieu nous propose, à nous de l’accueillir ou de le refuser. Alors si nous refusons ce cadeau, nous laissons notre âme se paralyser d’avantage. Et si nous accueillons ce cadeau, alors oui, nous pouvons prendre notre grabat et poursuivre le chemin. Que le Seigneur nous donne tout au long de cette sainte quarantaine de voir, par sa grâce, l’état dans lequel nous sommes, l’état de notre âme et de notre cœur. Nous pouvons nous poser cette question : pourquoi suis-je ici ? sur cette terre, dans cette famille, dans cette société, dans ce monastère, pourquoi suis-je ici ? Ou pour qui ? Et puis nous pourrons nous poser une seconde question : qu'est-ce que je fais sur cette terre ? A chacun de répondre bien sûr dans sonintimité mais, en tout cas, profitons de cette sainte quarantaine pour justement essayer de nous questionner d’une part, de répondre avec la grâce de Dieu d’autre part pour que notre cœur soit prêt à avancer sur ce chemin de sainteté, pour que notre âme se libère, se déparalyse et que le Seigneur, comme à Pâques, lorsqu'Il prend les mains d’Adam et d’Eve nous relève et nous mette debout dans sa lumière divine. Que Dieu nous bénisse à ce sujet.
Amen


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