Amour des ennemis aide de Dieu
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Dans cet Evangile, le Seigneur nous donne la possibilité de comprendre comment nous devons vivre en Eglise, comment nous devons vivre en chrétien dans les différents lieux où nous nous trouvons que ce soit dans notre famille, dans le lieu où nous travaillons, dans notre paroisse, dans notre monastère, dans notre diocèse, dans la rue, peu importe l’endroit. Ce que le Seigneur nous invite à vivre c’est d’exercer sa miséricorde au travers de nous-mêmes. Il va jusqu’à dire qu’il nous faut aimer nos ennemis. Cette phrase-là elle est difficile à entendre car nous savons bien par expérience qu’aimer nos ennemis c’est pratiquement presqu’impossible et comment faire ? D’abord il faut se souvenir que le Seigneur Jésus a dit à ses apôtres à un autre moment : « Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu ». Par conséquent quand nous sommes en situation délicate, lorsque nous sommes confrontés à une personne, un frère ou une sœur qui nous blesse, qui nous gêne dans notre vie consciemment ou inconsciemment, il nous faut d’abord demander le secours de Dieu car si nous cherchons immédiatement le secours en nous-mêmes, nous ne sommes pas selon la volonté de Dieu, nous risquons d’être dans l’orgueil, inconsciemment ou consciemment mais si nous disons au Seigneur : « Je ne suis pas capable mais Toi tu peux le faire ». Alors tout change car le Seigneur peut tout, y compris transformer notre propre cœur et nous offrir la possibilité d’un autre regard sur notre frère et sur notre sœur. Car lorsqu’on parle des ennemis, immédiatement on songe aux pays qui sont en guerre et actuellement cela ne manque pas dans le monde. Il y a des ennemis partout, des ennemis des chrétiens, des ennemis des hommes tout court, qui agissent mal et qui, poussés par le démon, détruisent la création de Dieu et principalement l’homme. Alors oui, c’est à eux que nous pensons, à ceux qui tuent, qui massacrent, qui font exploser des bombes, qui s’acharnent dans le mal. Nous n’avons pas tort mais nous n’avons pas tout à fait raison parce que c’est en nous, dans notre cœur que commence tout grief, c’est dans mon cœur que l’ennemi peut surgir parce que d’abord, je risque fort de devenir moi-même mon ennemi par mon regard posé sur lui, un regard qui n’est pas un regard d’amour : un regard de jugement, un regard de mépris, un regard de rejet. Et voilà que mon frère, ma sœur, je les ai fait devenir mon ennemi ou mes ennemis. Et puis il y a le cas du frère ou de la sœur qui, par ses travers, ses défauts, ses failles, ses faiblesses m’agressent, me blessent, me donnent un coup de poignard, probablement sans s’en rendre compte la plupart du temps, quelque fois consciemment. Et le Seigneur nous dit : « aimez vos ennemis ». Aimer nos ennemis c’est essayer de chercher, de voir dans l’autre ce qu’il y a de bon, ce qui reste de la beauté de Dieu. Alors vous allez me dire : « Mais je ne vois rien de la beauté de Dieu dans ce frère ou dans cette sœur, je ne vois rien ». Et bien il faut que nos écailles tombent car si nous ne voyons rien, ce n’est pas parce que la beauté de Dieu n’est pas dans notre frère ou notre sœur, c’est parce que nous sommes aveuglés par notre orgueil, par notre égoïsme, par notre manière de vivre, de vouloir, comme toujours, avoir raison, d’être supérieur aux autres, de dominer les autres. Et tout le problème est là. Il est difficile d’aimer, oui, c’est vrai, il est difficile d’aimer surtout si nous sommes seuls mais si nous sommes avec Dieu cela devient plus facile. Le Seigneur Jésus lorsqu'Il était sur la croix et qu’il endurait des souffrances que l’on a du mal à imaginer, voulait pardonner à ses bourreaux. Je ne sais pas si vous avez remarqué cette phrase, on la connaît tous par cœur. A ce moment-là le Seigneur dit : « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ». Il aurait pu dire : « Je vous pardonne parce qu'e vous ne savez pas ce que vous faites » mais Il dit : « Père, pardonne-leur ». Il demande le secours du Père parce que dans sa souffrance d’homme, Il sent cette limite que nous avons nous, Il la vit, cette limite, pour nous, pour nous montrer comment il faut faire. Il vit cette limite et au lieu de pardonner par Lui-même, ce qu’il ne veut pas faire dans sa nature d’homme, Il va se tourner vers le Père qui, Lui, peut tout et Il va demander au Père de pardonner à sa place. C’est pour nous qu’Il a formulé cette phrase ainsi, pour que nous apprenions à demander secours à Dieu, au Christ, au Père, à l’Esprit, aux Saints, aux Saintes, que nous ne soyons pas tous seuls dans cette lutte avec nous-même et puis avec satan aussi pour essayer d’aimer. Oui, aimer est difficile et pourtant le Seigneur nous a dit « Aimez-vous les uns, les autres ». C’est difficile parce que nous sommes dans une nature déchue. C’est difficile parce que cette nature déchue nous entraîne à l’égoïsme, au repli sur nous-même : puisqu’il me gêne, je passe de l’autre côté du trottoir, je ne le regarde pas, comme cela je ne suis pas gêné. Je résume ainsi toutes nos attitudes. En tant que chrétien, ce n’est pas recevable, alors que faire ? Comme je vous l’ai dit au début : prier, prier, supplier Dieu pour avoir cette grâce de regarder notre frère autrement, pleurer devant le Seigneur Jésus en reconnaissant que nous sommes incapables d’aimer, laisser les larmes couler pour Lui dire que l’on n’y arrive pas, que s’il ne vient pas à notre secours, cela ne sera pas possible. Et puis peut-être se souvenir d’une chose : c’est que nous – et le Seigneur Jésus vient de le dire dans l’Evangile que nous avons entendu – nous sommes aimés de Dieu et pourtant – je ne sais pas pour vous mais pour moi je sais que je ne suis pas digne de l’amour de Dieu et pourtant Dieu m’aime, Dieu m’aime même sans condition. Il n’attend pas que je sois parfait pour me dire que je suis aimé. Alors c’est à cause de cela, à cause de cette certitude dans nos cœurs que nous sommes aimés de Dieu malgré nos faiblesses, malgré nos fautes, malgré nos péchés. Puisque Dieu nous aime, il nous faut essayer de faire comme Lui et d’aimer notre frère, notre sœur malgré ses fautes, ses faiblesses, ses péchés qui, évidemment, à certains moments, nous gênent, nous blessent. Il faut aller au-delà. Pour ce faire, ayant reçu la miséricorde du Christ dans nos cœurs, il faut la redistribuer. Comme je le disais il y a quelques jours, nous en sommes responsables et nous devons cherchons à aimer. Ayons le désir d’aimer. Aimer parfaitement sur cette terre, c’est impossible à l’homme mais nous pouvons essayer, recommencer, à chaque fois que nécessaire et nous humilier lorsque nous n’avons pas réussi à aimer. Nous humilier devant nous-même déjà, devant Dieu et devant nos frères et sœurs. A chaque fois que nous avons à dépasser une situation, c’est comme-ci le Seigneur nous tendait la main, cette main d’amour qu’il a tendue à Adam et Eve et qui disait : « Lève-toi, lève-toi pour aimer. Ne reste pas recroquevillé sur toi-même. Lève-toi, mets-toi dans ma lumière, cette lumière d’amour. Reçois cette lumière d’amour. Ne sois pas comme la femme courbée, sois debout. Prends ma main qui est une main d’amour. Accueille ma grâce, ma présence et laisse-moi aimer en toi celui que tu ne sais pas aimer ».
Amen