Démons, prière et amour
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Le récit que nous venons d’entendre semble bien curieux et pourtant il est riche d’enseignement pour chacun d’entre nous. Ce pays des Gadaréniens où Jésus arrive est un pays de païens. Ce ne sont pas des juifs mais des païens qui ne croient pas en Dieu. Il se trouve que là, deux démoniaques vivaient et faisaient peur à tous. On les fuyait, on se calfeutrait, on évitait de passer par le chemin où ils habitaient ,dans les cimetières. La première chose qui est intéressante à souligner, c’est qu’il s’agit bien de possédés car les démons eux-mêmes vont s’exprimer au travers de la bouche de ces deux hommes et ils vont, en quelque sorte, proclamer que Jésus est Fils de Dieu : « Que nous veux-tu Jésus Fils de Dieu. Es-tu venu pour nous tourmenter avant le temps ? Donc les démons sont bien conscients que le Seigneur est bien le Fils de Dieu et qu’Il peut tout. Il peut délivrer ces deux hommes possédés, ce qu’il fera en répondant positivement à la proposition des démons qui préfèrent se retrouver dans le troupeau de porcs et être précipités dans le lac et d’y mourir. La seconde partie est aussi un enseignement : nous avons là la preuve que le Seigneur a le pouvoir sur les démons. A certains moments, dans nos vies, nous avons peur, nous avons peur par rapport à tel évènement, à telle méchanceté que nous subissons, à telle impression… mais le Seigneur nous prouve, une fois encore, qu’Il a une totale domination sur les démons.
Ceci est une histoire ancienne mais cette histoire est toujours valable, toujours d’actualité car les démons sont toujours là. Ils essayent par tous les moyens d’éloigner l’homme de Dieu . Nous sommes suffisamment informés depuis plusieurs mois de tous les malheurs qui accablent la terre, et particulièrement notre terre de France et d’Europe, par tout ce mouvement terroriste. Le mot est significatif, il y a le mot terreur dedans, faire peur, or le démon veut toujours nous faire peur d’une manière ou d’une autre et, ainsi, plus ou moins consciemment, faire que nous nous éloignions de Dieu si nous n’avons pas cet abandon, cette confiance, cette foi dans le Christ qui peut chasser tous les démons. Oui, les démons sont toujours présents, de manière spectaculaire, au travers des différents attentats que nous connaissons, mais aussi d’autres manières plus subtiles peut-être, moins visibles. Mais réfléchissons un instant sur ce pouvoir qu’ont les démons, pouvoir qui n’est pas complet, qui n’est qu’apparent, en proposant à l’homme de croire qu’il est fort puisque, par exemple, il a de l’argent. L’argent est devenu une obsession chez l’homme, aujourd'hui. Et puis, il y a encore une autre forme : le pouvoir. Non pas l’autorité, l’autorité est nécessaire, mais le pouvoir… le pouvoir c’est ce sentiment d’être au-dessus des autres et de les posséder d’une manière ou d’une autre. Et tout cela c’est bien l’action du démon. Je pourrais citer encore d’autres exemples qui sont, malheureusement fort nombreux. L’homme oublie Dieu. Il semble L’oublier mais ne soyons pas si pessimistes. Bien sûr on ne peut que constater qu’il semblerait que l’homme oublie Dieu, qu’il se substitue à Dieu, qu’il prenne par le moyen de l’argent et du pouvoir ou d’autres moyens encore, le chemin pour être certain de faire ce qu’il veut, comme il le veut, quand il le veut et comme il l’entend. Il oublie Dieu mais – et vous pouvez en être témoin comme je le suis moi-même notamment - il y a aussi des mouvements, certes plus discrets mais de réels mouvements où l’on voit que Dieu est à l’œuvre, que Dieu ne nous abandonne pas, que Dieu ne laisse pas faire le démon comme il voudrait. J’ai rencontré, encore récemment, beaucoup de jeunes – et de moins jeunes d’ailleurs – qui, dans leur cœur, ont un désir profond de vivre de manière évangélique. Ils cherchent dans la prière, peut-être maladroitement à certains moments mais peu importe ils cherchent Dieu.
Il y a quelques jours, je suis sorti avec un des frères de la communauté, pour faire des courses dans un grand magasin, très grand. Nous étions dans notre tenue monastique et je faisais remarquer au frère que, à plusieurs reprises - et ce fut un court instant, -nous avons été salués et salués avec respect. Quelqu'un même nous a demandé si nous étions bien des popes. Oui, nous sommes des popes. Le mot n’est pas très joli mais la personne qui nous voyait avait reconnu que nous étions des religieux et elle a voulu parler avec nous quelques instants, étonnée de savoir qu’il y avait un monastère orthodoxe dans la Sarthe alors je lui ai expliqué très rapidement que nous existions depuis 26 ans. Et puis le monsieur qui la servait, un des employés de ce grand magasin, écoutait avec un sourire, un bon sourire, pas un sourire ironique, un sourire d’amour et cela m’a frappé j’ai réfléchis là-dessus et je me suis dit : « Voilà, voilà des signes que Dieu nous envoie pour que nous nous souvenions qu’Il existe et qu’Il ne nous abandonne pas même si, apparemment, - je dis bien « apparemment » - le démon essaye de gagner du terrain. Il ne gagnera pas et nous devons le croire et nous devons guetter ces moments où le démon ose frapper notre cœur d’une blessure mais si nous savons nous tourner vers le Seigneur le plus rapidement possible, il ne pourra rien, absolument rien. La majorité des saints ont connu des tribulations dues au démon, et pas que les saints, mais le démon n’a jamais gagné. Il a fait semblant de gagner. A certains moments, oui, il vit dans les hommes, il tue. Qu'est-ce qu’il tue ? Le corps, il ne tue jamais l’âme, il n’a pas accès à l’âme qui est le lieu par excellence de la rencontre avec Dieu, le lieu par excellence où l’Esprit-Saint vient se déposer pour nous donner le dynamisme nécessaire afin d’être en conformité avec la Parole évangélique : « Aime ton Dieu, aime ton frère ». Alors ne soyons pas découragés, voir désespérés. Oui, prions, prions pour ceux qui souffrent, prions pour ceux qui subissent le martyre, la guerre, l’oppression. Nous n’avons aucune nouvelles de deux évêques qui ont été fait prisonniers en Syrie et de leurs compagnons. Nous prions pour eux à chaque Liturgie ici dans notre monastère comme dans d’autres lieux, non seulement pour eux mais pour tous les autres qui sont comme eux, retenus prisonniers et peut-être déjà morts. Oui, nous devons prier parce que ce que nous avons à notre disposition, c’est la prière et l’amour - les deux d’ailleurs ne faisant qu’un car prier c’est aimer et aimer c’est prier. Alors, au travers de ce récit qui peut nous inquiéter, nous faire peur, non, non n’ayons pas peur du tout. Nous n’avons pas à avoir peur. Au contraire, ce récit nous montre que nous devons nous laisser dynamiser par cet amour infini du Christ, nous laisser porter par cet amour et, ainsi, cheminer, oh quelque fois dans la difficulté, mais aussi dans l’espérance, dans la foi, dans l’amour. Un sourire n’est jamais difficile à donner. Cela peut paraître une petite chose mais un sourire c’est un acte d’amour, ne nous en privons. Ne nous privons d’aucun acte d’amour que le Seigneur suscite dans nos cœurs.
Amen