Monastère Saint Silouane

La Croix - abandon

14/9/2021 Jn XIX, 6-11, 13-20, 25-28, 30-35

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen

Nous fêtons aujourd'hui une des très grandes fêtes de l’Eglise, une fête qui nous rappelle certes le vendredi saint mais c’est une fête qui a un autre caractère, d’abord un caractère anniversaire puisque c’est l’anniversaire du moment où Sainte Hélène a retrouvé les trois croix : celle du Christ, et celles des larrons ;

la croix du Christ fut reconnue par un miracle car l’évêque l’ayant prise permit à une femme gravement malade d’être guérie ; depuis le VIème siècle cette fête s’est manifestée dans l’Eglise de manière très conséquente ; pourquoi ? Parce que aujourd'hui nous fêtons non pas la crucifixion du Christ mais l’exaltation de sa crucifixion c'est-à-dire la reconnaissance que nous avons à la Sainte Trinité d’avoir permis notre salut par la venue du Christ sur cette terre, une venue caractérisée par une humilité totale, une venue caractérisée par un abandon total à la volonté du Père ; car nous le savons bien : la croix ne peut être dissociée de la Résurrection du Seigneur mais il a fallu – avant de ressusciter – qu’il passe par ce tourment violent. La croix était réservée aux pires brigands, à ceux qui avaient fait des fautes extrêmement graves, qui avaient troublé la vie du peuple ; le Seigneur Jésus a accepté - bien que Pilate n’ait trouvé aucune raison pour qu’il soit crucifié - le Seigneur Jésus a accepté cette humiliation terrible de porter sa croix devant le peuple de Dieu et de se laisser crucifier, de souffrir au-delà de tout souffrance, de tout ce que nous pouvons imaginer ; nos souffrances sont certes à certains moments bien réelles et conséquentes quelque fois mais la souffrance du Christ est inimaginable, inimaginable parce qu'elle passe dans son corps d’homme incarné, Dieu incarné qui est venu pour nous sauver en portant sur Lui la conséquence de nos fautes ; nous savons bien, Il n’a jamais péché, Il est pur de tout mais Il accepte dans son humilité, Il accepte d’être crucifié pour nous, de vivre la mort comme nous tous ; et ce qui est extraordinaire, ce qui entraîne cette exaltation de la croix c’est qu’au travers de cette crucifixion, par la descente aux enfers du Seigneur et par sa Résurrection nous sommes sauvés c'est-à-dire que le lien qui nous réunissait au Créateur avant la chute - lien qui avait été atteint par les péchés d’Adam - par la croix et par la Résurrection du Christ  ce lien nous est accordé à nouveau ; et nous savons, nous savons dans l’intimité de notre cœur, nous savons qu’au-delà de toute compréhension intellectuelle et humaine, nous savons que la réconciliation est faite, que nous sommes adoptés totalement au Nom du Christ, dans l’amour de Dieu ; c’est pour cela que nous exaltons la Croix, c’est pour cela que nous portons des croix, c’est pour cela que nous faisons le signe de la croix parce qu'il est le signe du salut ; le salut, vous le savez bien a commencé au Golgotha lorsque le Seigneur a pris conscience, peut-être plus intensément encore dans son humanité, de la souffrance qu’il allait être amené à vivre et qu’il a même dans son désespoir, dans son inquiétude, dans son angoisse demandé que cette coupe lui soit retirée puis Il a dit cette phrase extraordinaire « Pas ma volonté mais seulement Ta volonté ». Puis Il a été arrêté, crucifié  et sur la croix le phénomène se renouvelle d’une autre manière mais avec la même signification : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-Tu abandonné ? » ; Il s’adresse au Père, Il est dans une souffrance extrême et au-delà de ce cri d’homme qu’Il veut pousser pour nous, pour chacun d’entre nous pour que nous puissions nous aussi pousser ce cri, Il ajoute « Je remets mon esprit entre Tes mains », Il s’abandonne ; nous savons bien, chacun d’entre nous, combien l’abandon entre les mains de Dieu est difficile, nous avons un modèle exceptionnel, extraordinaire et nous savons que si nous essayons avec la grâce du Seigneur de nous abandonner nous aussi à nos souffrances, à nos épreuves, si nous arrivons à nous abandonner, nous participons d’une certaine manière et bien humblement au salut du monde.
Nous devons rendre grâce à Dieu au travers de cette belle Liturgie pour ce mystère du salut car certains côtés restent difficiles à comprendre par l’intellect mais il ne s’agit pas d’intellect, il s’agit du cœur ; il s’agit de notre cœur qui doit être dans l’action de grâce, qui doit accueillir ce mystère du salut, le mystère de la crucifixion du Christ, outrage suprême, qui nous donne par sa Résurrection la joie d’être conscients dans notre quotidien que nous sommes aimés de Dieu et que même nos péchés, comme le dit Saint Silouane, sont une goutte d’eau dans l’océan de la miséricorde divine ; c’est cela que nous devons comprendre, intégrer dans notre vie ; bien sûr nous sommes pécheurs, tous, absolument tous mais nous sommes aussi sauvés et il nous suffit de nous tourner vers le Christ, de lui dire : « Toi qui nous as sauvé par Ta croix, Ta mort et Ta Résurrection, viens, aide-moi Toi aussi à accueillir la volonté de Dieu, aide-moi, viens me tenir les bras que je supplie Ta grâce de venir en moi, viens, tiens-moi les bras écartés si je dois les écarter comme Toi tu le fis sur la croix pour que je puisse sentir qu’ils se referment sur le cœur de Dieu ». Oui, soyons dans la joie de cette exaltation, dans ce souvenir anniversaire et qui est bien plus que cela et vénérons la croix – nous avons la chance d’avoir une relique conséquente du bois de la croix mais ce n’est pas la relique qui compte le plus, c’est sa signification : un morceau du lieu où notre salut a été accompli ; oui, faisons le signe de la croix sur nous avec conscience, sans habitude si possible, faisons-le avec notre cœur, accueillons cette croix et vivons-la avec la grâce de Dieu autant qu’il est possible jusqu’à la fin de nos jours où là nous mourrons pour rejoindre cet amour infini qui nous attend et nous sera accordé pour l’Eternité.

Amen

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