Monastère Saint Silouane

Obéissance et abandon

Obéissance et abandon

22/4/2017 Jn III, 22-33


Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
« Il faut qu’Il grandisse et que moi je diminue ». C’est peut-être la phrase qui résume le mieux l’Evangile que nous venons d’entendre. C’est peut-être la phrase que nous devons, nous aussi, assimiler dans notre cœur et tenter d’en vivre dans notre quotidien. En tant que chrétiens, il nous faut laisser grandir le Christ en nous. Mais nous-mêmes dans ce qu’il y a de négatif, de volonté propre, d’orgueil, nous nous empêchons de « diminuer ». Nous savons très bien que cela est difficile puisque l’orgueil nous envahit en permanence et que toutes nos réactions, tous nos péchés, toutes nos fautes ont pour base l’orgueil. Je le dis souvent, pour thérapie à l’orgueil il faut essayer de vivre dans l’humilité et aller puiser dans la grande humilité du Christ, comme le disait notre saint Père Sophrony. Nous avons des exercices à faire, des exercices quotidiens. Pour nous autres moines, moniales et aussi pour tous les chrétiens, mais plus particulièrement pour nous les moines et les moniales qui avons prononcer un vœu d’obéissance, ce qui signifie un vœu d’abandon entre les mains de Dieu, un vœu qui cristallise cette phrase : « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue ». Certes ce n’est pas facile et nous le savons. Nous aimons bien lorsqu'on nous demande quelque chose récriminer, discuter, nous justifier, expliquer et expliquer encore que c’est nous qui avons raison. Et là nous sommes dans l’inverse de ce que Jean est en train de dire, nous sommes dans l’inverse de ce que nous avons prononcé dans nos vœux, l’inverse de la vie évangélique. Alors il faut nous interroger de temps en temps face à tel évènement vécu ou non vécu ou vécu mais non consciemment. Qu'est-ce que je fais de mon orgueil ? Qu'est-ce que je fais de ma volonté propre qui décide, qui pense que c’est moi qui ai raison et qu’il faut faire comme ci ou comme ça ? Il faut y réfléchir souvent. Je me souviens, il y a bientôt une quinzaine d’années, un jour quelqu'un ici m’a dit : « Ce n’est pas juste » et, objectivement, ce n’était pas juste mais j’ai répondu : « Dans la vie monastique tout est juste, même l’injustice ». Parce que c’est justement l’occasion de devenir un juste, un saint, celui qui s’abandonne entre les mains de Dieu. Peut-être que nous avons raison de dire que notre frère, notre sœur, notre higoumène ce qu’il dit n’est pas juste mais en disant : « Bénissez, bénissez et priez pour moi » on accomplit la Parole de Jean : « Il faut qu’Il grandisse et que moi je diminue ». C’est très important car il en est de notre salut, car si nous arrivons aux portes de l’éternité et que nous commençons à nous justifier devant le Christ, cela risque d’être cocasse et le Christ qui ne manque pas d’humour, je pense, en aura pour sa part. Mais je pense que de fait pour nous, cela risque d’être un peu compliqué. En tout cas ce n’est pas l’attitude juste. Il faut nous entraîner sur cette terre à abandonner cette volonté A vouloir sans cesse se justifier, d’une part on perd son temps, et d’autre part on est à côté, totalement à côté de la vie chrétienne et de la vie monastique à plus forte raison. Le Seigneur nous dit : « Si l’on te gifle à droite, tend la joue gauche ». Bien sûr ce n’est pas facile mais il faut, dans la prière, dans la prière, régulière, quotidienne, demander le secours de Dieu pour obtenir cet abandon entre ses mains, cette humilité que le Christ a, d’une manière plénière et qui reflète toute sa beauté. Alors si nous voulons, nous aussi, refléter la beauté de Dieu, il faut nous atteler à cet exercice de l’abandon et avoir comme réflexe « Bénissez et priez pour moi ».
Amen

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