Foi martyr
22/1/2022 Lc XVIII, 35-43 et Lc XXI, 12-19
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Nous avons lu aujourd'hui deux Evangiles celui du jour qui rapporte le miracle que Jésus fit auprès de cet aveugle et puis le second Evangile en mémoire de tous ceux qui ont été martyrisés pendant la période athéiste en Russie.
Dans les 2 Evangiles en fait il s’agit de foi. En effet, cet aveugle assis près de Jéricho, entendant parler de la venue du Christ qui passait devant lui, lui a demandé qu’il lui donne la vue car il ne pouvait vivre correctement sans voir et Jésus l’a guéri en lui précisant – peut-être aussi pour tous ceux qui l’entouraient – « c’est ta foi qui t’a sauvé » la foi, oui, nous avons besoin de croire en Dieu pour voir, voir l’état de notre coeur, l’état de notre âme, l’état de tout notre être ; il est important, si nous voulons avancer spirituellement de connaître nos propres faiblesses et pour cela, il faut les voir ; pour les voir il nous faut la grâce de Dieu, la grâce du Seigneur ; c’est Lui, par sa lumière qui nous permet de voir l’intérieur de notre coeur ; oui, c’est par la foi dans le Christ qui peut nous éclairer que nous pouvons ainsi avancer spirituellement vers le salut. Tous les martyrs russes de l’époque athéiste sont morts en ayant la foi, à cause de leur foi ; vous l’avez entendu, toutes les catégories de personnes ont été atteintes par ce fléau de l’athéisme qui voulaient réduire à zéro la foi de l’Eglise, qui voulaient réduire à zéro la présence de Dieu dans ce pays ; et après 70 ans de persécution, de persécution terrible où le sang a coulé, les prisons, les camps ont été envahis par ceux qui étaient maltraités jusqu’à la mort mais ils avaient la foi, ils résistaient et ceci a eu une conséquence importante pour eux d’abord car puisqu’ils ont tenu jusqu’au bout pour la foi ils ont été couronnés et ils sont près de Dieu ; mais il y a une seconde conséquence à laquelle on ne pense pas toujours c’est que si nous sommes là aujourd'hui dans cette église et dans les autres églises orthodoxes c’est à cause d’eux, c’est à cause du sang qu’ils ont versé ; cela a provoqué de nombreuses émigrations, les émigrés sont venus dans les pays où ils pouvaient être reçus mais ils sont venus aussi avec leur foi et voyant leur foi nous avons été touchés et nous avons aussi voulu suivre leur foi en Christ ; le mot martyr en grec veut dire être témoin ; en effet ils étaient témoins de leur foi en versant leur sang et grâce à eux et grâce à Dieu, bien sûr, nous sommes nous aussi participant de la vie de Dieu ; le martyr continue, vous savez, sur toute la terre, dans d’autres pays et peut-être chez nous aussi d’ailleurs sous une forme ou sous une autre : il y a le martyr par le sang versé mais il y a aussi le martyr plus sournois qui maltraite les chrétiens, les ignore ; le pire, c’est l’indifférence ; le monde d’aujourd'hui et plus particulièrement en Europe est indifférent au christianisme, est indifférent à notre foi, est indifférents à nous-mêmes qui vivons cette foi. Je me souviens, il y a longtemps, j’étais encore prêtre à Paris, j’allais de chez moi à l’église à pied, un dimanche matin, j’étais en soutane avec ma croix, il y avait peu de monde dans la rue à cette heure-là et je voyais un homme qui arrivait près de moi avec un certain sourire, un sourire qui n’était pas un sourire de joie et lorsqu'il est passé auprès de moi il a dit cette parole : cela existe encore tout cela ? Voilà, une autre forme, certes moins sanglante, l’indifférence, le rejet : à quoi bon la foi ? A quoi bon les chrétiens ? A quoi servent-ils ? à rien, voilà ce que pensent beaucoup de nos contemporains. Nous autres, moines et moniales, nous sommes les successeurs, bien indignes des martyrs car lorsque l’empereur Constantin a permis la foi chrétienne de vivre en toute liberté de s’exprimer alors les chrétiens ont commencé à s’organiser mais certains d’entre eux qui avaient besoin de plus que cela sont partis dans les déserts pour se cacher et prier dans le secret le Seigneur Dieu en vivant une certaine forme de martyr aussi car le démon était là pour les attaquer ; alors oui nous sommes les indignes successeurs de ces moines, de ces moniales du désert qui ont versé beaucoup de larmes et quelque fois leur sang aussi à cause de leur foi. Le monde d’aujourd'hui ne pense qu’à l’utilitaire : il faut que tout soit utile. La première année de fondation de ce monastère, la télévision est venue pour faire une petite émission d’interview et j’étais dans la cour avec le cameraman qui m’interviewait en même temps, j’ai répondu à quelques questions et puis à la fin il m’a dit : « En conclusion : à quoi servez-vous ? », à quoi servez-vous ? Et je lui ai répondu : à rien, car je servais Dieu mais pas ce qu’il pensait. Voilà comment se manifeste aujourd'hui la possibilité de la foi ; nous avons des modèles, nous avons des saints, nous avons des martyrs ; il faut les prier, les supplier, leur demander d’être dignes du Seigneur, de garder la foi dans nos cœurs solidement, fermement, quoi qu’il arrive. Que le Seigneur bon et miséricordieux et qui aime les hommes nous accorde la grâce de la foi, une foi vive, vivante, dynamique. Il ne s’agit pas d’aller dans les rues pour prêcher le Christ – encore que on pourrait le faire aussi … - mais c’est surtout de vivre le Christ qui est important, c’est là où nous témoignons du Christ en en vivant. Que Dieu nous donne cette grâce.
Amen