Monastère Saint Silouane

Christ Lumière du Monde

29/5/2022            Jn IX, 1-38    
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Si vous voulez bien nous passerons sur le dialogue entre les pharisiens et l’aveugle pour nous attacher à quelque chose de très important : cette phrase que le Seigneur Jésus prononce « Je suis la lumière du monde ».

Cette affirmation convient bien par rapport au miracle qu’il accomplit ; en effet c’est par la lumière du Christ que nous sommes guidés, c’est par la lumière du Christ que nous pouvons voir qui nous sommes et si Jésus guérit cet homme aveugle de naissance c’est comme s’il prévoyait un message pour chacun d’entre nous ; car en effet certes un bébé qui vient à l’instant même de naître, nous le savons, est aveugle pour quelques heures, il retrouve la vue ensuite ; mais là il s’agit d’un aveugle, né aveugle, et qui l’est demeuré et puis soudain par la grâce et la miséricorde du Christ se met à voir ce qui se passe autour de lui ; remarquez comment le Christ guérit cet homme : c’est Lui qui l’a vu, l’aveugle ne Lui a rien demandé de spécifique mais Il prend de la terre qu’Il mélange à sa salive pour en faire une boue et il dépose cette boue sur les yeux de l’aveugle ; cela peut nous rappeler comment Dieu a réalisé la création ; en effet il nous est dit qu’à partir de la boue Dieu fit l’homme ; et en déposant de la boue sur les yeux de cet homme qui n’était pas complètement achevé puisqu’il ne voyait pas Il lui donne la possibilité d’une vie plénière et ceci doit avoir un écho en nous dans notre vie ; nous sommes tous aveugles ; au baptême enfin il nous est donné de voir car c’est par le Christ que nous sommes baptisés, que nous devenons chrétiens, que nous devenons fils de Dieu ; à partir de ce moment -là nous voyons les choses avec une orientation divine, spirituelle, profonde mais bien sûr il nous arrive à tous durant notre vie de perdre une partie de notre vue ; à certains moments nous ne voyons pas, à certains moments nous sommes aveuglés, aveuglés par nos faiblesses, aveuglés par notre orgueil qui vient se coller sur nos yeux de l’âme pour nous empêcher de voir le chemin ; mais remarquez bien c’est le Christ qui guérit l’aveugle et c’est le Christ qui nous guérira de cet aveuglement spirituel qui revient régulièrement en nous à chaque fois que nous tombons dans le péché quel qu’il soit ; à ce moment-là nous avons été aveuglés probablement par une tentation démoniaque : le démon voulant nous aveugler définitivement et nous faire désespérer mais aussi à cause de nos faiblesses personnelles car je vous l’ai dit plusieurs fois : sur cette terre nous sommes un peu comme des adolescents qui nous sont pas encore arrivés à l’âge adulte et nous avons des faiblesses mais ces faiblesses le Seigneur les connait, le Seigneur les accueille, le Seigneur veut les guérir ; comme pour l’aveugle-né Il est prêt à nous mettre debout dans sa lumière puisqu’Il est lumière. Alors que devons-nous faire ? Et bien lorsque  par la lumière du Christ nous voyons nos propres fautes, c’est quelque chose déjà d’extraordinaire ; St Isaac le Syrien nous dit que celui qui voit son propre péché est plus grand que celui qui ressuscite les morts ; cette phrase elle est forte, presque violente et pourtant elle est vraie car si nous avons possibilité de voir nos fautes c’est que le Seigneur nous éclaire par sa lumière et voyant nos fautes Il nous invite à nous retourner, à vivre autrement, à abandonner nos faiblesses et nos chutes pour pouvoir vivre pleinement debout dans la lumière du Christ ; ceci c’est tout un chemin de vie ; il y a certes des conversions fulgurantes comme celle de St Paul terrassé à Damas dont d’ailleurs il est dit que comme des écailles tombent de ses yeux, il commence à voir la réalité de sa vie ; mais il y a  d’autres conversions fulgurantes bien sûr chez certains saints ; et pourtant quand je dis certains saints, nous sommes tous appelés à être saints ; ce qui nous empêche de l’être ce n’est pas d’avoir réalisé un état de perfection, cela n’existe pas sur la terre : aucun être, aucun saint n’a été parfait ; quand nous relisons leur vie nous voyons qu’ils ont commis quelques fautes, quelques glissements, quelques péchés mais le fait qu’ils soient saints consiste dans la réalisation de ce retournement intérieur causé par la lumière du Christ : à un moment ou à un autre ils ont compris, vu la lumière du Seigneur qui est une lumière qui n’aveugle pas, une lumière qui nous permet de voir qui nous sommes ; et si, dans l’humilité, car cette vertu est nécessaire, nous acceptons de voir qui nous sommes en réalité avec nos faiblesses, nos misères, nos chutes, nos pauvretés, si nous acceptons cela alors la lumière du Christ est agissante et le Christ n’a plus qu’une chose à faire, nous prendre par la main comme Il a pris Adam lors de sa Résurrection et nous mettre debout et nous conduire sur le chemin de sainteté ; un chemin qui certes ne sera pas toujours facile et simple bien sûr, aucun saint n’a eu une vie facile mais puisque le Christ nous offre sa lumière, puisqu’Il nous offre la possibilité de voir l’intérieur de notre âme et de notre cœur, il faut saisir cette lumière et en vivre ; oui, nous avons péché, bien sûr, moi comme vous, mais la lumière du Christ si nous acceptons qu’elle vienne éclairer notre cœur elle va venir nous permettre de « faire du nettoyage », avec la grâce de Dieu de retirer petit-à-petit toutes ces faiblesses qui sont en nous ; ô cela peut prendre beaucoup de temps, beaucoup de temps, peut-être toute une vie et probablement toute une vie. Notre Père Saint Silouane, alors qu’il allait mourir, s’est exprimé auprès de St Sophrony qui était à côté de lui et qui lui disait « Père vous allez mourir ? » il répondit : « Non, je ne peux pas mourir, je n’ai pas encore assez d’humilité ». Voyez-vous c’est un saint remarquable, extraordinaire mais qui avait conscience, par la lumière du Christ, qu’il lui restait encore des traces d’orgueil mais il le reconnaissait ; c’est là l’important : reconnaître, voir et n’ayons pas peur de dire : « Oui, je suis un pécheur » mais un pécheur qui est aimé de Dieu, un pécheur qui, par la lumière du Christ, la lumière d’amour peut d’un seul coup se remettre sur le chemin, avancer pas-à-pas ; certes peut-être avec une chute au bout du chemin mais le Christ sera là avec sa lumière de nouveau et Il relèvera celui qui est tombé. Non, n’ayez pas peur, n’ayons pas peur, n’ayons pas peur de nos fautes ; cela ne veut pas dire faites des péchés et n’ayez pas peur, ce n’est pas cela que je dis ; mais quand nous constatons que nous sommes pécheurs n’ayons pas peur, n’ayons pas honte, soyons clairs puisque nous avons la lumière qui nous éclaire et disons au Seigneur : « Oui, je viens vers Toi parce que je suis un pécheur » ; c’est ce que nous dirons tout à l’heure juste avant de communier au Corps et au Sang du Christ ; nous confirmerons, nous confesserons que le Seigneur est venu pour tous les pécheurs – et nous ajouterons – dont je suis le premier ; c’est là notre vie de chrétien qui se résume en ces quelques mots ; oui nous sommes pécheurs, oui nous pouvons dire : je suis le premier des pécheurs mais nous pouvons dire en même temps que le Christ est venu pour nous ; Il l’a dit : « Je ne suis pas venu pour les justes mais pour les pécheurs », c'est-à-dire pour nous ; quelle bénédiction, quelle joie du cœur lorsque l’on prend avec soi cette révélation, que l’on en vit ou que l’on désire en vivre et que peu à peu s’accomplit ce mystère de la déification en nous car à chaque fois que le Seigneur nous éclaire de sa lumière divine nous entrons dans la divinisation progressivement ; nous apprenons à être divinisés, ce qui est le but de la création de Dieu ; soyons dans la joie, soyons dans l’allégresse, soyons dans la reconnaissance ; oui, le Seigneur Jésus est lumière et nous en sommes heureux.


 
Amen

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