XXI-ème dimanche après la Pentecôte
17/11/24 Enseignement
St Luc VIII, 5-15
Monastère Saint Silouane 17 novembre 2024.
Chers frères et sœurs !
A la lecture de l’épître et de l’évangile de ce jour retenons avant toute chose que la foi ; tout comme la semence de la Parole de Dieu doit porter des fruits. Mais si cette semence nous est donnée « gratuitement », il nous revient de savoir la recevoir et ;
de la même manière qu’en agriculture ou en jardinage ; d’apprendre à lui préparer un terrain propice afin qu’elle germe, croisse, mûrisse et donne des fruits.
Autrement dit ; cette parabole est à considérer comme un appel qui nous est lancé ; un appel à notre responsabilité (donc à notre liberté) et de manière évidente un appel à la synergie, c'est-à-dire à la coopération avec le Seigneur.
Monastère Saint Silouane 17 novembre 2024.
Chers frères et sœurs !
A la lecture de l’épître et de l’évangile de ce jour retenons avant toute chose que la foi ; tout comme la semence de la Parole de Dieu doit porter des fruits. Mais si cette semence nous est donnée « gratuitement », il nous revient de savoir la recevoir et ;
de la même manière qu’en agriculture ou en jardinage ; d’apprendre à lui préparer un terrain propice afin qu’elle germe, croisse, mûrisse et donne des fruits.
Autrement dit ; cette parabole est à considérer comme un appel qui nous est lancé ; un appel à notre responsabilité (donc à notre liberté) et de manière évidente un appel à la synergie, c'est-à-dire à la coopération avec le Seigneur.
Ce que le Christ nous enseigne aujourd’hui est la suite logique de ce qu’Il annonçait sur la mon-
tagne, à savoir «écouter la Parole et la mettre en pratique de façon que l’arbre porte des fruits » et ; comme nous pouvons le lire un peu plus loin dans l’Evangile de St Luc ; « qu’heureux sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la gardent ».
Le sort de la graine dépend d’où elle tombe ; rappel implicite qu’elle vient d’En-Haut ; donc qu’elle ne tombe pas toute
seule d’elle-même, mais qu’elle est la résultante de l’action du semeur qui déploie son geste avec abondance et générosité.
Oui, tous nous recevons Sa Parole et suivant notre état intérieur notre cœur est tantôt semblable à une terre fertile, tantôt sec de la sécheresse de notre indifférence ou de nos angoisses ; tantôt envahi des ronces de certaines de ces futilités qui nous sont proposées à longueur de journées…
C’est dans ce sens que St Jean Baptiste exhortait explicitement les foules : « préparez le chemin », c'est-à-dire le terrain.
Car évidemment tout est question de terrain comme nous l’explique le Christ en commentant lui-même la parabole !
Trop souvent ; il nous faut bien l’avouer ; nous croyons que notre cœur est bien préparé et disposé à recevoir la Parole de Dieu…pour autant qu’elle corresponde à ce que notre ego préconise ; mais force est de constater que volonté divine et ego ne s’accordent en général pas très bien ! Pour le coup le terrain que l’on croyait disponible, travaillé, sarclé et labouré se retrouve en un rien de temps aride, encombré de ronces ou rocailleux…Et pourtant rien n’est impossible au Seigneur : un infime mouvement d’ébauche de repentir ou de conversion suffit à rendre notre cœur plus disposé à la semence de la Parole. Il en résultera comme un retournement de situation : nous deviendrons alors semblables au grain jeté dans la terre
n’ayant d’autre tâche que celle d’être en attente ; et être en attente c’est prier. Il nous est alors donné de devenir des réceptacles de la lumière venue d’en haut et de la pluie bienfaisante et bénie, pour mourir à nous-mêmes ; mais étant sûrs de s’enraciner et de fructifier pour la plus grande gloire de Dieu et la vie du monde.
La loi et toute l’histoire d’Israël avertissent de ce rapport entre l’écoute de la Voix (la Parole de Dieu) pour l’accomplir, et l’abondance ou non de la récolte. Qu’il nous suffise de re-méditer en ce sens certains passages de l’Ancien Testament ; tel le livre du Deutéronome (chap XXVIII) ou bien le livre d’Agée (I-5 et suivants) ou encore le livre de Jérémie (XII-13) pour ne citer que ceux-ci ; et l’on comprend mieux que l’infidélité porte peu de fruits en laissant sur sa faim celui qui abandonne l’Alliance promise et proposée par Dieu. Et pourtant ; redisons-le ; le miracle est que aussi longtemps que l’homme puisse en abuser, Dieu est toujours prêt à dispenser Sa grâce : Sa parole –le Christ- subsiste éternellement, toujours donnée, toujours prête à multiplier ; elle ne demande d’ailleurs que cela, comme le moindre des végétaux dont c’est la loi constitutive, de par la Création. Dans cette parabole ; dans la globalité du contexte biblique ; se dégage donc une signification extrêmement générale sur le sens de la Création que l’on peut résumer en 3 points:
Que le terrain doit être préparé pour l’accueil de la semence jetée par le Seigneur. Que le Royaume de Dieu est la présence de Dieu dans le monde et en chacun de nous. Que la semence pour germer a besoin d’un terrain et que la Création est la condition de ces semailles divines.
En effet ; dès le paradis terrestre il y a eu l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; la terre où l’être humain a pris naissance était un jardin florissant et fructueux ; mais quand après le péché Adam et Eve ont été exclus de l’Eden, ils se virent condamnés à vivre dans un désert ne produisant que ronces et épines… Or Dieu, rappelons le, est un semeur généreux : A la grandeur du premier ensemencement de la création dans le champ du monde, répond l’humilité de la seconde semence qu’est l’Incarnation du Verbe –le Christ- ; semence qui grandit pour nous donner l’arbre de la Croix et comme fruit, le Sang de la Nouvelle Alliance ; tout comme nous savons que dans cette continuité l’Evangile aussi est semence divine et que c’est de cette semence qu’est née l’Eglise.
Que conclure ?
Que c’est en nous que doit débuter toute réforme. Quand bien même nous serions en apparence totalement secs et envahis de multiples choses nous paralysant intérieurement ; il nous est toujours loisible de nous examiner nous-mêmes et de redresser quelque chose en nous. Oui ; ce regard de vérité sur nous-mêmes est libérateur et féconde à notre insu le germe de la Parole ; sans que nous en soyons forcément conscients. Comme toute réforme va de
l’intérieur vers l’extérieur nous découvrirons bien vite que les circonstances externes qui nous pesaient jusque là s’amélioreront, alors que nous leur prêtions tous les prétextes de notre mal-être intérieur ; nous découvrirons aussi combien le « tourner en rond » de notre égocentrique égoïsme est néfaste pour notre vie spirituelle ; combien il est vivifiant de rentrer dans une dynamique d’ouverture et de dépouillement du « vieil homme » qui s’accroche à nous !
Agir de la sorte c’est en effet libérer la Puissance Divine jusqu’alors emprisonnée et retenue ; ainsi une fois libérée cette Puissance opère aussitôt des miracles dans le quotidien de nos vies. Alors ; en vérité ; notre deuil se trouvera changé en allégresse, notre pauvreté deviendra richesse et nos ténèbres intérieures deviendront lumière pour le monde. Chers frères et sœurs ; soyons intimement convaincus de la miséricorde de Dieu ; Lui qui n’a de cesse de frapper à la porte de notre cœur pour y faire Sa demeure et croître en nous ; comme nous le rappellent ces paroles du Livre d’Isaïe (XXX-18) qui se doivent de trouver un écho vibrant en nous: « Le Seigneur compte vous faire grâce… Il donnera la pluie pour la semence que tu auras semée dans la terre, et le pain que produira la terre sera riche et substantiel ! »
Amen !
tagne, à savoir «écouter la Parole et la mettre en pratique de façon que l’arbre porte des fruits » et ; comme nous pouvons le lire un peu plus loin dans l’Evangile de St Luc ; « qu’heureux sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la gardent ».
Le sort de la graine dépend d’où elle tombe ; rappel implicite qu’elle vient d’En-Haut ; donc qu’elle ne tombe pas toute
seule d’elle-même, mais qu’elle est la résultante de l’action du semeur qui déploie son geste avec abondance et générosité.
Oui, tous nous recevons Sa Parole et suivant notre état intérieur notre cœur est tantôt semblable à une terre fertile, tantôt sec de la sécheresse de notre indifférence ou de nos angoisses ; tantôt envahi des ronces de certaines de ces futilités qui nous sont proposées à longueur de journées…
C’est dans ce sens que St Jean Baptiste exhortait explicitement les foules : « préparez le chemin », c'est-à-dire le terrain.
Car évidemment tout est question de terrain comme nous l’explique le Christ en commentant lui-même la parabole !
Trop souvent ; il nous faut bien l’avouer ; nous croyons que notre cœur est bien préparé et disposé à recevoir la Parole de Dieu…pour autant qu’elle corresponde à ce que notre ego préconise ; mais force est de constater que volonté divine et ego ne s’accordent en général pas très bien ! Pour le coup le terrain que l’on croyait disponible, travaillé, sarclé et labouré se retrouve en un rien de temps aride, encombré de ronces ou rocailleux…Et pourtant rien n’est impossible au Seigneur : un infime mouvement d’ébauche de repentir ou de conversion suffit à rendre notre cœur plus disposé à la semence de la Parole. Il en résultera comme un retournement de situation : nous deviendrons alors semblables au grain jeté dans la terre
n’ayant d’autre tâche que celle d’être en attente ; et être en attente c’est prier. Il nous est alors donné de devenir des réceptacles de la lumière venue d’en haut et de la pluie bienfaisante et bénie, pour mourir à nous-mêmes ; mais étant sûrs de s’enraciner et de fructifier pour la plus grande gloire de Dieu et la vie du monde.
La loi et toute l’histoire d’Israël avertissent de ce rapport entre l’écoute de la Voix (la Parole de Dieu) pour l’accomplir, et l’abondance ou non de la récolte. Qu’il nous suffise de re-méditer en ce sens certains passages de l’Ancien Testament ; tel le livre du Deutéronome (chap XXVIII) ou bien le livre d’Agée (I-5 et suivants) ou encore le livre de Jérémie (XII-13) pour ne citer que ceux-ci ; et l’on comprend mieux que l’infidélité porte peu de fruits en laissant sur sa faim celui qui abandonne l’Alliance promise et proposée par Dieu. Et pourtant ; redisons-le ; le miracle est que aussi longtemps que l’homme puisse en abuser, Dieu est toujours prêt à dispenser Sa grâce : Sa parole –le Christ- subsiste éternellement, toujours donnée, toujours prête à multiplier ; elle ne demande d’ailleurs que cela, comme le moindre des végétaux dont c’est la loi constitutive, de par la Création. Dans cette parabole ; dans la globalité du contexte biblique ; se dégage donc une signification extrêmement générale sur le sens de la Création que l’on peut résumer en 3 points:
Que le terrain doit être préparé pour l’accueil de la semence jetée par le Seigneur. Que le Royaume de Dieu est la présence de Dieu dans le monde et en chacun de nous. Que la semence pour germer a besoin d’un terrain et que la Création est la condition de ces semailles divines.
En effet ; dès le paradis terrestre il y a eu l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; la terre où l’être humain a pris naissance était un jardin florissant et fructueux ; mais quand après le péché Adam et Eve ont été exclus de l’Eden, ils se virent condamnés à vivre dans un désert ne produisant que ronces et épines… Or Dieu, rappelons le, est un semeur généreux : A la grandeur du premier ensemencement de la création dans le champ du monde, répond l’humilité de la seconde semence qu’est l’Incarnation du Verbe –le Christ- ; semence qui grandit pour nous donner l’arbre de la Croix et comme fruit, le Sang de la Nouvelle Alliance ; tout comme nous savons que dans cette continuité l’Evangile aussi est semence divine et que c’est de cette semence qu’est née l’Eglise.
Que conclure ?
Que c’est en nous que doit débuter toute réforme. Quand bien même nous serions en apparence totalement secs et envahis de multiples choses nous paralysant intérieurement ; il nous est toujours loisible de nous examiner nous-mêmes et de redresser quelque chose en nous. Oui ; ce regard de vérité sur nous-mêmes est libérateur et féconde à notre insu le germe de la Parole ; sans que nous en soyons forcément conscients. Comme toute réforme va de
l’intérieur vers l’extérieur nous découvrirons bien vite que les circonstances externes qui nous pesaient jusque là s’amélioreront, alors que nous leur prêtions tous les prétextes de notre mal-être intérieur ; nous découvrirons aussi combien le « tourner en rond » de notre égocentrique égoïsme est néfaste pour notre vie spirituelle ; combien il est vivifiant de rentrer dans une dynamique d’ouverture et de dépouillement du « vieil homme » qui s’accroche à nous !
Agir de la sorte c’est en effet libérer la Puissance Divine jusqu’alors emprisonnée et retenue ; ainsi une fois libérée cette Puissance opère aussitôt des miracles dans le quotidien de nos vies. Alors ; en vérité ; notre deuil se trouvera changé en allégresse, notre pauvreté deviendra richesse et nos ténèbres intérieures deviendront lumière pour le monde. Chers frères et sœurs ; soyons intimement convaincus de la miséricorde de Dieu ; Lui qui n’a de cesse de frapper à la porte de notre cœur pour y faire Sa demeure et croître en nous ; comme nous le rappellent ces paroles du Livre d’Isaïe (XXX-18) qui se doivent de trouver un écho vibrant en nous: « Le Seigneur compte vous faire grâce… Il donnera la pluie pour la semence que tu auras semée dans la terre, et le pain que produira la terre sera riche et substantiel ! »
Amen !