Monastère Saint Silouane

La Sainte Cène du Jeudi Saint

La Sainte Cène du Jeudi Saint

13/4/2017 Jeudi Saint Mt XXVI …..

Le long récit que nous venons d’entendre comporte énormément d’évènements qui entourent l’évènement le plus important qui est la sainte Cène mais tous les évènements qui entourent celui-ci ont leur importance ; on voit que tout est lié à la Sainte Cène, que c’est véritablement autour de ce partage sacré qui va avoir lieu, que tous les gestes, toutes les paroles, tous les échanges qui auront lieu se ramènent à cette Sainte Cène. Cette Sainte Cène qui est avant tout l’acte d’amour par excellence que le Christ pose pour nous. En effet, selon la Tradition juive, avec ses disciples, ils se réunissent tous dans la chambre haute pour partager la Pâque, la Pâque qui était le souvenir du passage de Moïse et de ses compagnons au travers la Mer Rouge. Le mot « Pâque » d’ailleurs signifie « passage » en hébreu. Lorsque le Seigneur Jésus prononce les paroles particulières qu’Il va ajouter à la Tradition hébraïque, lorsqu'Il va dire à ses apôtres en leur montrant le pain et le vin qui sont sur la table : « Ceci est mon corps livré pour vous, mangez-en tous ; ceci est mon sang qui coule pour vous, pour votre salut, buvez-en tous ». Ce qu’Il rajoute est essentiel. C’est l’acte d’amour qu’Il nous offre et qu’il nous offre, non seulement au moment où Il est avec ses disciples mais aussi qu’Il nous offre en permanence à chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie en nous souvenant de ce moment, comme Il nous a demandé de le faire. Et ceci se poursuivra jusqu’à la fin des temps. Lorsque les apôtres reçoivent ce morceau de pain et la coupe de vin, ils ont entendu le Christ dire : « Ceci est mon corps et ceci est mon sang ». Il n’y a pas d’explication à ce miracle. On a cherché, dans certaines traditions chrétiennes, à donner des explications qui, en définitive, n’en sont pas. Car ce mystère de l’Eucharistie ne relève pas de notre intellect, de notre intelligence, de notre compréhension. Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit d’un acte de foi en correspondance avec l’acte d’amour que le Christ pose pour nous. Car en effet, Il explique, aux apôtres, avant et après ce moment, qu’Il va être livré, qu’Il va subir sa Passion, qu’Il va être crucifié, mourir sur la croix et qu’il ressuscitera le troisième jour. C’est cela l’explication et il n’y en pas d’autre c'est-à-dire qu’au travers d’un acte rituel, le partage du pain et du vin, Il nous offre le salut. Il nous offre, par sa mort et sa résurrection qu’Il annonce, la possibilité de comprendre, c'est-à-dire de prendre avec nous, la grandeur de l’amour de Dieu. Alors oui, il n’y a rien à comprendre lorsque nous recevons le Corps et le Sang du Christ sous la forme du pain et du vin qui restent bien à nos yeux du pain et du vin et puisque Jésus a dit : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang », il nous reste à croire en sa Parole et croire en sa Parole c’est recevoir la plénitude de son amour. C’est pour cette raison que la Sainte Cène est toujours très solennisée le jeudi Saint, en pleine semaine sainte, parce que c’est la clé de notre salut. Lorsque le Seigneur est à Gethsémani et qu’Il prie son Père, Il est dans un état de souffrance humaine très grande et Il demande au Père d’écarter ce sacrifice qu’Il a accepté au départ et dont Il a peur maintenant. Mais ce qui est remarquable c’est qu’Il ajoute à chaque fois : « Non pas ma volonté mais ta volonté » et c’est là que nous sommes sauvés. Je vous l’ai dit souvent : le salut ne consiste pas en un rachat, ce n’est pas une affaire de rachat, c’est une affaire d’amour. Dieu nous aime trop pour nous laisser dans l’état de péché dans lequel s’étaient mis Adam et Eve et leurs successeurs. Il avait prévu dès le début qu’il y aurait un salut, un nouvel évènement qui rétablirait Adam et Eve et tous les autres et nous-mêmes dans la possibilité d’être déifiés, de communier avec Dieu à un niveau incompréhensible encore une fois par notre intellect. Et lorsque nous communions au Corps et au Sang du Christ, nous communions à tout ce qu’Il a dit au cours de cette Sainte Cène, nous communions à ce qu’Il a annoncé, nous communions à ce qu’Il a fait en lavant les pieds de ses disciples, en s’abaissant et en leur faisant comprendre qu’Il n’y a pas de roi, qu’il n’y a pas de maître, qu’il n’y a pas de seigneur mais qu’il n’y a que le serviteur qui s’abaisse pour laver les pieds de ses disciples. C’est en tant que serviteur qu’Il va aussi monter sur la croix et s’offrir totalement. Les apôtres, certes, sont surpris, stupéfiés de tout ce qui arrive mais ils vont suivre le Seigneur. Ils vont croire en sa Parole, ils vont recevoir son Corps et son Sang et, ce geste, ils le perpétueront, ils le transmettront jusqu’à maintenant, jusqu’à nous. Lorsque nous communions au Corps et au Sang du Christ, nous entrons dans ce mystère du salut qui nous permet de pouvoir avancer vers le Royaume éternel. Chaque fois que nous avons communié, le prêtre ou l’évêque dit : « Ceci a touché vos lèvres, vos péchés sont pardonnés, vos iniquités sont effacées », oui parce que l’a Christ dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon Sang demeure en moi et moi en lui », c'est-à-dire : vous êtes déifiés, donc vous êtes sauvés. Il faut que nous ayons une conscience vive non pas intellectuelle mais une conscience du cœur, du cœur qui s’ouvre à la Parole du Christ qui nous dit : « Prenez, mangez ; prenez, buvez. Ceci est mon Corps et mon Sang ». C’est l’acte d’amour le plus grand que Dieu a pu faire pour nous.
Alors en cette Liturgie particulière du Jeudi Saint, rendons grâce à Dieu - l’Eucharistie est une action de grâce. Rendons grâce à Dieu pour ce grand mystère d’amour, pour ce que nous recevons et surtout en ayant, le plus possible, conscience de ce que nous recevons dans notre propre corps : le Corps et le Sang du Christ. Essayons, dans une conscience, la plus vivre possible, d’accueillir ce mystère et d’en vivre une vie d’amour. Certes, nous fonctionnons sur cette terre pour apprendre et nous ne sommes pas parfaits et le Seigneur le sait et c’est bien pour cette raison qu’Il a recommandé de refaire ce qu’Il avait fait avec ses apôtres, à chaque fois que nécessaire. Donc à chaque fois que nous prenons conscience que nous nous sommes écartés de Dieu par le péché et bien nous prenons conscience en même temps que nous ne sommes pas rejetés, méprisés mais que nous sommes accueillis comme des pécheurs mais à la coupe du Seigneur. Soyons donc dans l’action de grâce pour ce grand mystère. Gardons la beauté de ce mystère dans nos cœurs, ne l’oublions jamais et, à chaque Liturgie, préparons-nous, d’une manière ou d’une autre, préparons-nous à cet acte sacré, à cet acte saint, à cet acte qui nous rend saint.

Amen


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