Icône
14/10/2018 Jn XVII, 1-13
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Le texte que nous venons d’entendre est comme un testament que le Seigneur Jésus nous laisse avant de quitter cette terre. Il rend compte à son Père du fruit de sa mission, à savoir que nous connaissions le Père comme nous avons connu le Fils. Cet Evangile est lu à l’occasion de l’anniversaire du 7ème concile œcuménique qui fut un concile important parce qu'il faisait suite à une lutte fratricide entre ceux qui voulaient défendre la vénération des icônes et ceux qui s’y opposaient. Il ne s’agissait pas de défendre simplement des éléments qui auraient pu être des éléments de décor dans une église ou dans un temple, il s’agissait de beaucoup plus que cela car en défendant l’icône, les moines, les Pères qui ont pour certains sacrifier leur vie, ont voulu défendre beaucoup plus qu’une espèce de forme d’idolâtrie qui n’avait pas de sens ; ils ont voulu défendre l’incarnation du Christ car si nous pouvons représenter le Christ sur nos icônes c’est tout simplement parce qu'Il a été vu, Il a été entendu, Il a été touché et à partir du moment où Il a été vu on a pu le représenter ; autrement dit les Pères voulaient défendre la vénération de l’icône parce qu’ils voulaient absolument maintenir la foi dans l’incarnation du Christ, ce Christ qui s’est fait chair pour nous, qui a donné sa vie pour nous, qui est venu sur terre en prenant notre corps de chair et en assumant le quotidien ; en se manifestant comme tel Il manifestait tout l’amour de Dieu car nous savons très bien que le Christ a été, pour nous, mis sur la croix, crucifié et est mort pour nous montrer combien nous étions aimés de Dieu malgré notre situation, malgré notre état de péché, de faiblesse, de chute et que Dieu nous aimait bien au-delà de tout cela puisqu’Il nous montrait qu’Il était capable de mourir pour nous. Certes on ne sépare pas la mort du Christ de sa Résurrection du troisième jour, gage pour nous de cet amour total car, en ressuscitant, le Christ nous offrait à chacun d’entre nous la possibilité de la résurrection personnelle. La vénération de l’icône du Christ est quelque chose qui touche l’humanité entière car lorsque le Christ est retourné vers le Père, Il y est retourné avec toute l’humanité, nous tous ; la compénétration de sa nature humaine et de sa nature divine entraînait notre propre nature humaine vers le Père, vers le salut et c’est cela qui est important. Lorsque nous vénérons la face du Christ nous vénérons Celui qui nous a sauvés. Nous devrions être marqués par cet extraordinaire don de Dieu comme l’on est marqué au fer rouge ; notre cœur devrait être marqué d’une manière définitive par la belle image du Sauveur de telle sorte que nous puissions nous en souvenir à chaque instant de notre vie. Car si les icônes existent c’est pour le souvenir, le souvenir de Celui qui nous a sauvés, le souvenir de Celui qui nous aime tant malgré nos erreurs, le souvenir de Celui qui est miséricorde et quil a un cœur qui se penche sur la misère de l’homme, le souvenir de Celui qui accueille tous les hommes de la terre car Il n’est pas venu uniquement pour sauver les chrétiens, Il est venu pour le salut de tous, Il l’a dit lui-même. La grande prière que nous venons d’entendre fait allusion à cela : que tous soient un, c'est-à-dire que tous les hommes de la terre soient unis entre eux par l’Esprit-Saint afin de connaître Dieu, de le connaître dans l’intimité de notre être profond, de le connaître dans notre quotidien, de le reconnaître dans notre frère ou dans notre sœur fussent-ils non-chrétiens. Tout homme, toute femme ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Alors nous autres les chrétiens nous avons une énorme responsabilité. Nous n’avons pas à tirer gloire d’une manière orgueilleuse du fait d’être chrétiens mais nous avons à être responsables de ce que nous avons reçu, nous avons reçu la possibilité d’être aimés quoi que nous fassions. C’est un grand mystère mais un mystère tellement réjouissant, tellement consolant, tellement fortifiant, tellement dynamisant, savoir que l’on est aimé. Ce qui manque terriblement et ce qui manquera toujours terriblement aux hommes de la terre c’est de savoir qu’ils sont aimés. Nous avons tous besoin d’être aimés d’une manière ou d’une autre mais sans aucun doute d’être aimés par Dieu et d’expérimenter cet amour, de l’expérimenter dans le banal de notre quotidien au travers d’un sourire, au travers d’une joie simplement humaine, au travers de la contemplation de la nature qui est belle et qui reflète la beauté de Dieu, au travers de tout ce qui est beau, même l’homme qui pleure pour des raisons justes est beau et nous devons l’aimer et lui dire qu’il est aimé de Dieu, c’est notre responsabilité. Alors oui, l’icône a tout son sens si on la comprend ainsi : ce n’est ni un objet de décor, ni on objet d’adulation mais c’est un lieu de foi et c’est un lieu d’amour.
. Amen