C’est une première leçon pour nous car nous devrions à chaque fois que nous avons quelque chose d’important à vivre, que ce soit sur le plan relationnel, sur le plan humain, sur le plan pratique même, il est important de donner la priorité à la prière puis ensuite d’agir en conscience.
La deuxième leçon de l’Evangile elle est double : c’est la peur et la foi. Lorsque Jésus se met à marcher sur les eaux pour aller vers la barque tous les apôtres ont peur. Ils se demandent s’il ne s’agit pas d’un fantôme, Ils sont dans la crainte, ils manquent de foi. Mais Jésus leur dit : « Ne craignez point, c’est Moi ». Pierre va avoir une évidence de sa foi, autrement dit il n’a pas suffisamment de foi et il dit au Seigneur - c’est comme s’il le mettait à l’épreuve - « Si c’est bien Toi alors permets que je marche sur les eaux à ta rencontre ». Et le Seigneur obéit à Pierre ; Il lui obéit parce que cela va conduire à une leçon très importante. Pierre effectivement se met à marcher sur les eaux mais la tempête est toujours là, le vent est violent, les eaux sont agitée, de nouveau il a peur et il coule dans l’eau ; c’est Jésus qui vient à lui, qui le remet debout sur l’eau en lui disant : « Homme, tu manques de foi ». Effectivement St Pierre, comme les autres apôtres, aimait le Seigneur mais la foi de chacun n’était pas encore véritablement suffisamment solidifiée, posée, ancrée et Pierre qui pensait souvent qu’il était l’un de ceux qui – je ne dis pas était le meilleur mais peut-être que dans sa tête il pensait qu’il devait montrer l’exemple aux autres ; il veut lui aussi marcher sur les eaux mais il n’a pas suffisamment de foi encore alors le Seigneur lui fait la leçon mais la leçon aussi à tous les autres apôtres « Vous n’avez pas assez de foi. Si vous aviez cru vous n’auriez pas eu peur, vous m’auriez accueilli dans la barque sans crainte ». Alors pour nous aussi l’Evangile résonne dans nos cœurs et dans nos âmes. Est-ce que nous avons suffisamment de foi ? Est-ce que notre instinct nous porte trop souvent à vouloir résoudre par nous-mêmes tel ou tel problème avant de demander le secours de Dieu ; Est-ce que nous avons plus foi en nous qu’en Dieu ? Oh certes nous avons la foi, bien sûr ; à qui nous le demanderait nous répondrions : « Oui, j’ai la foi. Je crois en Dieu » ; il ne s’agit pas de dire je crois en Dieu, il s’agit de croire véritablement dans les faits, de s’abandonner entre les mains de Dieu. « Je m’abandonne à Toi entièrement ; beaucoup de saints, en cheminant sur le chemin de sainteté ont eu ce réflexe d’abandon le plus total possible entre les mains du Seigneur. Un nouveau Saint latin a été canonisé récemment, Saint Charles de Foucault et sa prière était « Que je fasse Ta volonté. Tout ce que tu voudras, je m’abandonne à ce que Tu demandes ». Si nous pouvions commencer toutes nos prières, dans le cœur, dans le cœur, pas dans la tête. « Je m’abandonne totalement à Toi » ; ce que le Christ a fait par rapport au Père ; je m’abandonne à Ta volonté et Charles de Foucault ne reprend que la phrase du Christ mais il l’accomplit, en tout cas il essaie ; ce qui fera de lui un Saint c’est qu’il cherchera toujours à faire la volonté de Dieu dans une vie qui ne fut pas facile pour la deuxième partie en tout cas. Alors oui nous devons nous souvenir de cet Evangile, nous souvenir de ce que le Christ dit aux apôtres : « Vous n’avez pas suffisamment de foi » et surtout de nous souvenir que après cela tous les apôtres se prosternèrent devant Lui et Lui dirent « Tu es vraiment le Fils de Dieu » ; ils avaient retrouvé la véritable attitude que le Christ avait suscitée en eux ; ils s’abandonnaient dans la foi au Christ ; A nous d’essayer, tous les jours ; je dis bien d’essayer parce que nous ne sommes pas parfaits, nous ne sommes pas complètement achevés ; quelque part nous sommes encore des adolescents ; alors nous voulons bien croire, nous proclamons que nous croyons mais est-ce que dans les faits nous sommes des croyants ? Est-ce que dans les faits nous nous abandonnons à la volonté de Dieu, c’est là toute la question de notre vie. Il faudra nous la poser jusqu’à la fin des temps. On raconte parmi plusieurs histoires de Saints que l’un d’entre eux, un Saint récent qui était proche de la mort, son Père spirituel lui disait « Tu vas aller vers le Seigneur maintenant » il répondit : « Non » ;les frères qui étaient autour étaient étonnés ; il répondit « Non, je ne suis pas prêt, je ne suis pas encore suffisamment abandonné » puis il mourut quelques minutes après ; il avait avoué qu’il n’arrivait pas à s’abandonner totalement à la volonté de Dieu au travers l’évènement terrible de la mort mais entre le moment où il a eu le courage de se dénoncer lui-même devant ses frères en disant : non ce

n’est pas possible, je n’ai pas encore assez d’abandon, certainement qu’il supplia le Seigneur de lui accorder la grâce de cet abandon qu’elle lui fut accordée et qu’à ce moment-là la mort est arrivée. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres bien sûr.
Alors nous devons nous exercer tous les jours, à chaque instant, à tous les évènements de notre vie, autant que possible, avec la grâce de Dieu surtout de nous abandonner à la volonté de Dieu, dans l’obéissance à Dieu qui passe par l’obéissance à ceux qui nous entourent, quelque fois contre notre volonté ou notre conscience vive d’avoir raison mais il ne s’agit pas de raison, il s’agit d’abandon. On raconte dans les apophtègmes qu’un Père du désert qui avait un novice avec lui lui demanda de prendre le manche à balais et de le planter dans la terre et de l’arroser tous les jours. Aujourd'hui si je demandais cela à l’un d’entre vous – je parle aux moines et aux moniales surtout – on dirait ca y est, il est parti, il est fou mais le novice obéit, il fallait aller chercher de l’eau à 20 Km et arroser le bâton stérile. Il le fit pendant des années jusqu’au jour où le Père spirituel l’appela et lui dit : « Regarde le manche à balais a des fleurs ; ce sont les fleurs de ton obéissance ».
Que Dieu nous donne d’essayer au moins d’avoir le même abandon, la même obéissance, la même confiance en Dieu qui quelque fois nous demande de vivre des épreuves, des épreuves qui nous bouleversent bien sûr mais au-delà de l’épreuve il nous faut nous abandonner, c’est cela le plus difficile, c’est cela l’épreuve véritable, nous abandonner, accepter l’inacceptable dans la foi et l’amour