Fils prodigue
28/02/16 Enseignement
Fils prodigue
28/2/2016 Lc XV, 11-32 Dimanche du Fils Prodigue
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Cette parabole que nous venons d’entendre rentre bien dans le cadre de cette période préparatoire au grand carême que l’on appelle « Le Triode », préparation nécessaire pour que nous prenions conscience de plus en plus de la miséricorde du Seigneur, miséricorde infinie et de la capacité que nous avons de nous éloigner de son amour au travers de notre orgueil qui se manifeste sous différentes manières. Dans cette parabole, le récit est simple, facile à comprendre, facile à retenir et nous devons, pour chacun d’entre nous, bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une histoire ancienne que le Seigneur raconte. Il ne s’agit pas d’une merveilleuse histoire que l’on pourrait raconter à ses enfants le soir avant de les laisser s’endormir, encore que, mais il s’agit de quelque chose de beaucoup plus important. Il s’agit d’une parole que le Seigneur nous adresse, à moi comme à vous. A chacun d’entre nous il dit : « C’est à toi que je parle aujourd'hui. C’est à toi que je parle pour que ton cœur entende mes paroles, que tu comprennes que tu es le Fils Prodigue. Ce n’est pas quelqu'un d’autre, c’est toi le Fils Prodigue. C’est toi qui as décidé par égoïsme, pur égoïsme, de prendre ton bien, de t’en aller et de vivre comme tu le voulais », car c’est cela l’égoïsme, comme je veux, moi qui sais tout. Moi qui veux tout, tout régler. L’égoïsme, nous le connaissons bien car il se manifeste en nous, d’une manière ou d’une autre régulièrement, plus ou moins fortement, bien sûr, à certains moments de manière dramatique, à d’autres moments de manière plus légère mais c’est toujours l’égoïsme, le centrage sur soi. On oublie Dieu car le Fils Prodigue a oublié son père, volontairement. Il est parti accomplir sa propre volonté. C’est ce que nous faisons nous aussi, moi comme vous, à certains moments. Nous voulons accomplir notre volonté. C’est ce que je veux qui doit être accompli, pas ce que l’autre veut ou ce que les autres veulent, c’est ce que je veux, moi. Et ce que je veux, je vais le faire même si je dois écraser mon frère, lui broyer le cœur, le faire saigner, l’écarter, voire le tuer. Cela va jusque-là. Certes, nous ne sommes pas des tueurs mais nous sommes capables de tuer, tous. Certes, nous ne cherchons pas à broyer le cœur de notre frère tous les jours, nous savons que nous pouvons broyer le cœur de notre frère et, à certains moments, nous le faisons. Nous savons que nous voulons, à certains moments, faire notre propre volonté : aller contre Dieu, contre la volonté de Dieu, en choisissant de vivre notre vie, « C’est ma vie, ce n’est pas la tienne » disons-nous à Dieu, peut-être pas aussi directement, encore que. Alors cette parabole doit nous réveiller parce qu'elle est une parabole qui nous invite à l’espérance. Si ce que je viens de décrire est négatif, je l’ai fait volontairement, pour moi, comme pour vous pour que nous comprenions bien que nous sommes capables de tout cela et quelque fois pire. Mais il nous faut comprendre aussi qu’à partir du moment où nous prenons conscience de cet égoïsme, de cette faiblesse fondamentale qui est en nous, ancrée, installée, que nous avons installé nous-même ; à partir du moment où nous en prenons conscience et où une certaine souffrance commence à naître dans notre cœur, un regret, alors c’est le chemin du repentir qui s’ouvre. C’est ce qui arrive au Fils Prodigue : il se souvient, peut-être par intérêt d’abord : s’il était chez son père et bien il serait nourri au moins aussi bien que les serviteurs qui mangent du pain à volonté. Mais, mieux encore, il prend une décision : « Je veux arrêter tout cela, je veux partir, je veux retourner vers mon père et lui dire : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi – contre le ciel et contre toi – traite-moi comme l’un de tes serviteurs ». Ces deux paroles sont importantes. J’ai péché contre le ciel et contre toi, j’ai péché contre Dieu. J’ai péché contre l’amour de Dieu, c’est cela le ciel, c’est l’amour de Dieu. « Je ne mérite pas d’être appelé ton fils mais traite-moi comme ton serviteur ». Et lorsque le Fils Prodigue s’approchera de son père, il lui demandera de devenir son serviteur : « Traite-moi comme ton serviteur, c'est-à-dire, je me remets à ton service. Je veux bien laisser de côté mon égoïsme, mon orgueil, ma manière de vivre tout cela et me mets à ton service, selon ce que tu me demanderas, comme tu le voudras, quand tu le voudras, sans condition ». Alors – et c’est là qu’il y a un retournement de situation – alors que le fils aurait pu s’attendre à des reproches, à de la colère, à du rejet même, légitime, le Père, qui nous est-il dit attendait son fils en haut de la colline, le père ouvre ses bras, embrasse son fils et décide qu’une fête doit être organisée, qu’on le revête de la tunique la plus belle, qu’on lui mette un anneau au doigt et que l’on tue le veau gras. Voilà comment Dieu agit lorsque nous prenons conscience de notre éloignement par égoïsme, même si nous sommes allés très loin, comme ce Fils Prodigue, qui nous est dit qu’il partit pour un pays lointain, même si nous sommes allés très loin dans notre péché d’égoïsme, si nous avons cette étincelle qui nous permet de nous retourner et de décider – car il faut cette décision de retourner vers le Père - et, avec humilité, vérité de nous-mêmes, devant lui, de lui demander pardon et de se mettre à son service, alors, alors, tout bascule dans la miséricorde, tout bascule dans l’amour, tout redevient non seulement comme avant mais plus beau qu’avant encore car l’expérience de l’éloignement de Dieu nous rend Dieu encore plus présent lorsque nous le retrouvons. Il ne faut pas avoir peur de voir nos faiblesses, il ne faut pas avoir peur d’être en face de notre égoïsme mais il faut avoir le courage, la conscience de revenir vers celui qui nous attend sans cesse et qui n’a qu’un propos : celui de nous ouvrir ses bras pour nous dire qu’Il nous aime. Alors pour chacun d’entre nous, réfléchissons mais ne nous contentons pas de réfléchir – réfléchir est facile – mais vivons, vivons à l’intérieur de nous, de notre cœur, de tout notre être, vivons ce que nous avons à vivre par rapport à la situation dans laquelle nous sommes, où nous avons été et souvenons-nous toujours que Dieu est amour. Par amour il nous a créés. Par amour, il nous a mis sur la terre et par amour, il nous accueille même si nous tombons dans la fange et nous éloignons dans des pays lointains. Amen
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Cette parabole que nous venons d’entendre rentre bien dans le cadre de cette période préparatoire au grand carême que l’on appelle « Le Triode », préparation nécessaire pour que nous prenions conscience de plus en plus de la miséricorde du Seigneur, miséricorde infinie et de la capacité que nous avons de nous éloigner de son amour au travers de notre orgueil qui se manifeste sous différentes manières. Dans cette parabole, le récit est simple, facile à comprendre, facile à retenir et nous devons, pour chacun d’entre nous, bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une histoire ancienne que le Seigneur raconte. Il ne s’agit pas d’une merveilleuse histoire que l’on pourrait raconter à ses enfants le soir avant de les laisser s’endormir, encore que, mais il s’agit de quelque chose de beaucoup plus important. Il s’agit d’une parole que le Seigneur nous adresse, à moi comme à vous. A chacun d’entre nous il dit : « C’est à toi que je parle aujourd'hui. C’est à toi que je parle pour que ton cœur entende mes paroles, que tu comprennes que tu es le Fils Prodigue. Ce n’est pas quelqu'un d’autre, c’est toi le Fils Prodigue. C’est toi qui as décidé par égoïsme, pur égoïsme, de prendre ton bien, de t’en aller et de vivre comme tu le voulais », car c’est cela l’égoïsme, comme je veux, moi qui sais tout. Moi qui veux tout, tout régler. L’égoïsme, nous le connaissons bien car il se manifeste en nous, d’une manière ou d’une autre régulièrement, plus ou moins fortement, bien sûr, à certains moments de manière dramatique, à d’autres moments de manière plus légère mais c’est toujours l’égoïsme, le centrage sur soi. On oublie Dieu car le Fils Prodigue a oublié son père, volontairement. Il est parti accomplir sa propre volonté. C’est ce que nous faisons nous aussi, moi comme vous, à certains moments. Nous voulons accomplir notre volonté. C’est ce que je veux qui doit être accompli, pas ce que l’autre veut ou ce que les autres veulent, c’est ce que je veux, moi. Et ce que je veux, je vais le faire même si je dois écraser mon frère, lui broyer le cœur, le faire saigner, l’écarter, voire le tuer. Cela va jusque-là. Certes, nous ne sommes pas des tueurs mais nous sommes capables de tuer, tous. Certes, nous ne cherchons pas à broyer le cœur de notre frère tous les jours, nous savons que nous pouvons broyer le cœur de notre frère et, à certains moments, nous le faisons. Nous savons que nous voulons, à certains moments, faire notre propre volonté : aller contre Dieu, contre la volonté de Dieu, en choisissant de vivre notre vie, « C’est ma vie, ce n’est pas la tienne » disons-nous à Dieu, peut-être pas aussi directement, encore que. Alors cette parabole doit nous réveiller parce qu'elle est une parabole qui nous invite à l’espérance. Si ce que je viens de décrire est négatif, je l’ai fait volontairement, pour moi, comme pour vous pour que nous comprenions bien que nous sommes capables de tout cela et quelque fois pire. Mais il nous faut comprendre aussi qu’à partir du moment où nous prenons conscience de cet égoïsme, de cette faiblesse fondamentale qui est en nous, ancrée, installée, que nous avons installé nous-même ; à partir du moment où nous en prenons conscience et où une certaine souffrance commence à naître dans notre cœur, un regret, alors c’est le chemin du repentir qui s’ouvre. C’est ce qui arrive au Fils Prodigue : il se souvient, peut-être par intérêt d’abord : s’il était chez son père et bien il serait nourri au moins aussi bien que les serviteurs qui mangent du pain à volonté. Mais, mieux encore, il prend une décision : « Je veux arrêter tout cela, je veux partir, je veux retourner vers mon père et lui dire : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi – contre le ciel et contre toi – traite-moi comme l’un de tes serviteurs ». Ces deux paroles sont importantes. J’ai péché contre le ciel et contre toi, j’ai péché contre Dieu. J’ai péché contre l’amour de Dieu, c’est cela le ciel, c’est l’amour de Dieu. « Je ne mérite pas d’être appelé ton fils mais traite-moi comme ton serviteur ». Et lorsque le Fils Prodigue s’approchera de son père, il lui demandera de devenir son serviteur : « Traite-moi comme ton serviteur, c'est-à-dire, je me remets à ton service. Je veux bien laisser de côté mon égoïsme, mon orgueil, ma manière de vivre tout cela et me mets à ton service, selon ce que tu me demanderas, comme tu le voudras, quand tu le voudras, sans condition ». Alors – et c’est là qu’il y a un retournement de situation – alors que le fils aurait pu s’attendre à des reproches, à de la colère, à du rejet même, légitime, le Père, qui nous est-il dit attendait son fils en haut de la colline, le père ouvre ses bras, embrasse son fils et décide qu’une fête doit être organisée, qu’on le revête de la tunique la plus belle, qu’on lui mette un anneau au doigt et que l’on tue le veau gras. Voilà comment Dieu agit lorsque nous prenons conscience de notre éloignement par égoïsme, même si nous sommes allés très loin, comme ce Fils Prodigue, qui nous est dit qu’il partit pour un pays lointain, même si nous sommes allés très loin dans notre péché d’égoïsme, si nous avons cette étincelle qui nous permet de nous retourner et de décider – car il faut cette décision de retourner vers le Père - et, avec humilité, vérité de nous-mêmes, devant lui, de lui demander pardon et de se mettre à son service, alors, alors, tout bascule dans la miséricorde, tout bascule dans l’amour, tout redevient non seulement comme avant mais plus beau qu’avant encore car l’expérience de l’éloignement de Dieu nous rend Dieu encore plus présent lorsque nous le retrouvons. Il ne faut pas avoir peur de voir nos faiblesses, il ne faut pas avoir peur d’être en face de notre égoïsme mais il faut avoir le courage, la conscience de revenir vers celui qui nous attend sans cesse et qui n’a qu’un propos : celui de nous ouvrir ses bras pour nous dire qu’Il nous aime. Alors pour chacun d’entre nous, réfléchissons mais ne nous contentons pas de réfléchir – réfléchir est facile – mais vivons, vivons à l’intérieur de nous, de notre cœur, de tout notre être, vivons ce que nous avons à vivre par rapport à la situation dans laquelle nous sommes, où nous avons été et souvenons-nous toujours que Dieu est amour. Par amour il nous a créés. Par amour, il nous a mis sur la terre et par amour, il nous accueille même si nous tombons dans la fange et nous éloignons dans des pays lointains. Amen