Saint Joseph
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
L’Evangile que nous venons d’entendre est un peu particulier. Cette longue liste, cette longue généalogie du Christ nous semble, en première lecture, un peu fastidieuse. Tous ces noms nous sont plutôt moins connus que bien connus. Il faut remarquer que, au travers de tous ces noms, il y a certes des gens très bien, très justes et puis il y en a d’autres qui le sont beaucoup moins. Il y a là-dedans des truands, des méchants, des tyrans et puis il y a aussi des gens qui sont bons et bienveillants. C’est intéressant parce qu'on voit que le Seigneur Jésus a accepté d’arriver à la fin de cette longue lignée d’hommes et de femmes qui, comme nous, avançaient à tâtons sur cette terre, nous dira Saint Paul, et qui cherchaient certes à être le moins mal possible mais tout en luttant contre leurs passions n’y parvenaient pas toujours. Ceci est consolant pour nous, ceci nous montre combien le Seigneur est humble. Il accepte d’arriver avec son nom, à la fin de tous ces noms. Mais juste avant, il y a quelqu'un qu’il est important de remarquer car celui qui achève en quelque sorte la généalogie qui précède le Christ, c’est Joseph, l’époux de Marie dont naîtra le Christ. Joseph est un homme juste, un homme droit, un homme de Dieu. Nous ne pensons pas souvent à lui et pourtant il a joué un rôle très caché mais fondamental, caché parce que on ne fait pas attention à ce qui se passe autour de lui. Si Marie a dit oui à l’Archange Gabriel lorsqu'il se présenta à elle pour lui annoncer qu’elle serait la mère du Sauveur, Joseph, lui aussi, dit oui. Car la situation dans laquelle se trouve celle avec qui il n’a pas encore mené une vie commune l’inquiète, le trouble et comme il est juste, il ne veut pas lui faire de peine. Il ne veut pas la rejeter, ce qui était la loi coutumière de l’époque. Il nous est dit qu’il veut simplement la répudier en secret, pour que personne ne le sache. C’est toute l’humilité de Joseph et c’est tout son cœur qui s’ouvre à nous, comme modèle. Oui, c’est un juste qui, comme Marie à l’archange, dira oui aussi à l’ange qui lui dit qu’il ne doit pas s’inquiéter : Marie va donner naissance à un fils, par l’opération de l’Esprit-Saint et lui donnera le nom de Jésus ou le nom d’Emmanuel, ce qui signifie, « celui qui est avec nous ». Oui, Joseph est un modèle discret, humble. Sur l’icône de la Nativité qui nous vénérerons dans huit jours, nous le verrons dans un coin de l’icône, caché, discret qui médite toutes ces choses, qui est tenté par le démon de douter de la parole de l’Ange et de Dieu mais qui pourtant suivra cette parole. Il est un modèle pour nous dans son humilité, dans sa discrétion. Il est un modèle parce qu'il est juste. Le juste ce n’est pas celui qui est parfait, c’est celui qui cherche à l’être, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Le juste c’est celui qui essaye de suivre les commandements de Dieu, qui essaye, et qui se repent lorsqu'il n’y parvient pas. Oui, alors Joseph devient un modèle pour nous car s’il y a une généalogie du Christ, ce que nous venons d’entendre, en quelque sorte, de manière un peu artificielle, bien sûr, on ne peut pas appeler cela une généalogie, mais il y a une suite à cette généalogie et cette suite comporte nos noms à tous, tous les hommes de la terre et nous devons, nous qui savons que le Seigneur est venu pour nous offrir son amour infini, le salut, la possibilité d’être déifié, d’être en communion avec lui, nous savons que cet amour qui nous est proposé, nous devons chercher à y correspondre comme Joseph a essayé de correspondre à la volonté de Dieu. Nous devons essayer d’être humble et ce n’est pas facile, on le sait bien. On est tous marqués d’un sceau qui s’appelle l’orgueil et de cet orgueil découle toutes les fautes que nous commettons mais nous avons la possibilité, comme Joseph, d’être humble. Le Seigneur ne nous demande pas d’être parfaits, au sens humain du terme. Il nous demande d’être juste ou d’être saint, comme vous voulez, c’est la même réalité, c'est-à-dire qu’il nous demande, tous les jours, d’essayer d’entrer dans la possibilité d’accomplissement de ses commandements : « Tu aimeras ton Dieu et tu aimeras ton frère ». La miséricorde du Christ est infinie et c’est ainsi qu’elle se manifestera dans cette humble naissance dans 8 jours mais pour que nous puissions goûter cette miséricorde, il nous faut la demander. Pour que nous puissions expérimenter cette miséricorde, il nous faut la demander, par la prière, régulière : « Accorde-moi ta miséricorde ». Alors lorsque nous aurons expérimenté la miséricorde de Dieu, oh, quelque fois au travers d’un tout petit évènement, quelque fois au travers d’un évènement plus marquant, alors nous pourrons rentrer dans ce que nous appelons le repentir, un mot qui n’est pas très à la mode et pourtant … Le repentir est un état magnifique. Le repentir c’est tout simplement refuser d’une manière catégorique, le péché, haïr le péché, non pas le pécheur, mais le péché. Saint-Silouane de l’Athos nous dit que si nous haïssons notre péché, à ce moment-là nous avons la certitude, la certitude que Dieu nous a pardonné. C’est sa miséricorde alors qui s’applique. Et bien profitons de cet Evangile un peu particulier, de cette figure qui nous est proposée : Joseph, Saint Joseph, le Juste, et demandons-lui de goûter ce qu’il a goûté, demandons-lui d’accepter en disant oui au Seigneur, au travers des évènements de notre vie qui, quelque fois nous bousculent. Demandons-lui de suivre avec amour celui dont il aura la garde. Que Saint Joseph nous protège, intercède pour nous et qu’il soit dans nos cœurs un modèle pour notre vie et qu’ainsi nous nous approchions progressivement de ce moment où nous rencontrerons en plénitude la miséricorde qui s’appelle Dieu.
Amen