Rencontre avec le Christ
16/12/2018 Lc XIV, 16-24
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Cette parabole que nous venons d'entendre peut être interprétée de façons différentes mais, en définitive, toutes les manières dont nous pouvons l'interpréter reviennent au même : est-ce que dans notre vie Dieu est le premier ? Est-ce que Celui qui nous a invité à partager sa vie, sa vie divine par amour, est-ce que Celui-là je le considère comme le premier ? Alors on peut interpréter l'histoire du banquet comme le banquet eucharistique que nous allons vivre. On peut interpréter ce banquet comme le Royaume des Cieux qui est offert à tous. On peut interpréter encore ce banquet comme la rencontre avec le Seigneur dans la prière. Tous ces « banquets » sont des occasions qui nous sont offertes pour une rencontre, une rencontre joyeuse, paisible, aimante avec Celui qui est tout amour pour les hommes. Or dans la parabole nous entendons que les uns après les autres viennent s'excuser : ils ont été invités ; Dieu leur a dit : « Venez, venez vers Moi » mais ils ont tous une raison et une bonne raison et ils ne viennent pas. Alors Jésus dit qu'il faut que le Père envoie chercher par ses serviteurs tous les autres, tous ceux qui n'ont pas forcément été invités directement, parce qu'ils n'ont peut-être jamais entendu parler de Celui qui les invitait ; tous ceux-là sont invités. Alors cela pose une grave question pour chacun d'entre nous parce que nous, nous avons reçu l'invitation ; à partir du jour où nous avons été baptisés, nous avons été invités à partager la divinité de Dieu, l’amour de Dieu et que faisons-nous de cette invitation ? Oui, nous avons des excuses : nous avons beaucoup travaillé pendant le jour, nous sommes fatigués ; nous avons quelques œuvres importantes à mener mais cela nous arrive tous les jours à moi comme à vous : alors que c'est l'heure de la prière, que c'est le moment de la rencontre avec Dieu sous une forme ou sous une autre, nous trouvons un moyen pour échapper à cette rencontre, à cette invitation , nous avons quelque chose d'autre à faire ; normalement, lorsque la journée est terminée, que les œuvres nécessaires ont été accomplies, c'est le moment de rendre grâce à Dieu, de se retrouver avec Lui paisiblement, d'échanger avec Lui sur ce que nous avons vécu en bien comme en mal, en sachant que nous serons toujours accueillis, écoutés, bénis. Mais nous trouvons des raisons pour échapper à cette rencontre.
Cette parabole – comme toutes les paraboles – est une mise en garde, forte, contre un danger, le danger de l'égoïsme : moi d'abord et Dieu ensuite. Lorsque le Royaume des Cieux s'ouvrira pour chacun d'entre nous à la fin des temps, aurons-nous, là encore, des excuses : j'ai encore quelque chose à faire ? Pourtant le Seigneur nous prévient lorsqu'Il nous parle de la fin des temps : « Lorsque vous saurez que c'est la fin des temps, laissez tout et venez ». Seulement si nous ne nous sommes pas entraînés tout au long de notre vie à laisser ce qui est peut-être bon mais secondaire par rapport à ce qui est fondamental, serons-nous capables à la fin des temps de dire : « Oui » à l'invitation ou bien de trouver encore une excuse ? Cette parabole veut nous interpeller, veut nous interroger, doit nous remettre sur les rails peut-être, en tout cas elle doit vivifier dans notre cœur le désir de Dieu, Dieu comme étant le premier servi, Celui à qui l'on pense dès que l'on s'éveille le matin, Celui à qui l'on pense lorsqu'on s'endort le soir, Celui à qui l'on pense dès que c'est le moment de la rencontre avec Lui ; les manières qu'ils nous offrent sont très variables, multiples ; à nous de les voir, de les comprendre, de les accueillir et surtout d'en vivre. Nous savons pourtant quel est le bonheur que nous ressentons comme quelque chose d’extraordinaire quand nous sommes avec Dieu, quand nous avons reçu Dieu, quand nous avons accepté, plus exactement, qu'Il nous reçoive ; nous savons que c'est un bonheur extraordinaire bien plus grand que le bonheur égoïste ; pourtant notre faiblesse et aussi la tentation du démon font que, trop souvent, noua laissons passer l'occasion de la rencontre ; la rencontre peut être simple : c'est un sourire à offrir à un frère, à une sœur, c'est regarder l'autre et non pas détourner le regard, c'est poser un acte d'amour, c'est donner quelque chose de plus que nous donnons d'habitude, c'est s'offrir à Dieu pour un service ou pour un autre et puis c'est prendre du temps, ce fameux temps qui nous échappe ; et bien il faut que nous captions ce temps et que nous gardions ce temps comme un moment privilégié, un moment d'excellence, un moment que nous ne pouvons pas refuser. Si nous étions invités par quelque grande personnalité de la terre : le président de la république, le pape de Rome, le Patriarche de ceci ou de cela, est-ce que nous dirions : « On verra plus tard, je n'ai pas le temps. Je dois m'occuper de mes bœufs, de ma femme, de ma nourriture, de mes prés ; on verra après ?». Je suis sûr que non ; nous irions, nous ferions tout pour aller à cette rencontre. Alors pourquoi, lorsque c'est Dieu qui nous invite, nous trouvons des raisons pour refuser cette invitation ; parce que nous sommes trop riches de nous-mêmes, trop imbus de nous-mêmes, trop surs de nous-mêmes ; parce que nous considérons qu'en définitive, probablement inconsciemment, nous n'avons pas besoin de Dieu, que nous sommes très bien avec nous-mêmes et nous nous trompons . Parce que, dans la parabole, ce sont ceux qui, apparemment, ont besoin de quelque chose qui sont aveugles, boiteux, malades, lépreux, qui sont pauvres, ce sont ceux-là qui viennent vers le Seigneur ; dès qu'ils sont invités, ce sont eux qui viennent. Alors est-ce que nous serions meilleurs qu'eux ? Est-ce que nous ne serions pas nous aussi aveugles, sourds, invalides, lépreux, pauvres ? C'est une question que le Christ nous pose aujourd'hui. Il nous met en garde : « Faites attention ; si je vous appelle c'est pour vous offrir mon amour, vous faire partager ma divinité ; essayez de l'accepter, faites un effort, organisez-vous et venez à Moi vous tous qui avec besoin de Moi ». Amen