Monastère Saint Silouane

Homélie du Dimanche de la Pentecôte

Homélie du Dimanche de  la Pentecôte
Dimanche de  la Pentecôte

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen

Dans quelques minutes, lors de l’évolution de la Divine Liturgie que nous célébrons tous ensemble, nous dirons : « Nous te prions et nous te supplions, envois ton Esprit-Saint sur nous et sur les dons qui sont déposés sur l’autel ». Légitimement, nous nous focalisons sur la dernière partie de cette phrase. Que l’Esprit-Saint descende sur les dons, c'est-à-dire le pain et le vin qui, par la venue de l’Esprit-Saint et, dans la foi, pour ce qui est de nous, devienne le corps et le sang du Christ auquel nous communierons. Mais nous ne faisons pas attention me semble-il à la première partie : « Nous te prions et te supplions, envois ton  Esprit-Saint sur nous », après nous disons « sur les dons » mais nous disons d’abord sur nous parce que sans l’Esprit-Saint il n’y a pas de vie chrétienne possible. La Pentecôte ne rajoute rien au mystère de mort et de résurrection du Christ qui est le mystère du salut : tout est achevé mais tout n’est pas compris, tout n’est pas intégré, tout n’a pas pénétré dans le cœur de l’homme et pourtant l’Esprit-Saint est présent dès la création du monde. Rappelez-vous dans la Genèse, il est dit que l’Esprit planait sur les eaux. Il participait, avec les deux autres Personnes de la Sainte trinité, à la création. Et puis c’est par l’Esprit-Saint que le miracle du salut a commencé. Lorsque l’Archange Gabriel s’approche de Marie qui deviendra la Mère de Dieu il lui explique – ce qui d’ailleurs n’est pas une explication qui correspond à nos repères intellectuels – que cette naissance se fera par l’action de l’Esprit-Saint. Et puis il y a la Pentecôte où se passe quelque chose de mystérieux, d’inexplicable. Voici que tous ceux qui sont présents – et ils sont nombreux, ils viennent de tous les endroits qui entourent Jérusalem et même de très loin – et voici que tous comprennent dans leur langue ce que les apôtres sont en train de dire et Pierre particulièrement. Nous voyons là que l’Esprit-Saint entre une nouvelle fois mais de manière catégorique, plénière dans la vie des hommes car, sans l’Esprit-Saint, nous ne pouvons pas prier le Seigneur. Nous ne pouvons pas Le prier réellement, du fond du cœur avec l’intelligence de l’âme. Sans l’Esprit-Saint nous ne pouvons pas dire « Abba, Père », sans l’Esprit-Saint nous ne pouvons pas véritablement avancer sur le chemin de la sainteté puisque c’est Lui, le Saint, qui va nous aider sur ce chemin. Cette fête clôture en quelque sorte tous les évènements fondamentaux qui marquent notre vie chrétienne. Depuis hier soir nous relisons et nous chantons avec bonheur cette superbe prière : Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité, Toi qui est partout présent et qui emplis tout, Trésor de grâces et donateur de vie. Et nous lui demandons : «Viens, fais ta demeure en nous, purifie nous de toute souillure et sauve nos âmes ». Alors, par cette prière, nous demandons que l’Esprit-Saint agisse en nous, qu’Il soit présent, que nous soyons capable de l’accueillir aussi et qu’il anime – au sens profond du mot – qu’il anime notre vie c'est-à-dire qu’Il envahisse notre âme, le leu de la rencontre avec Dieu. Pour ce faire il faut que notre âme soit comme en creux, comme un nid qui accueille l’Esprit-Saint qui vient se déposer, se reposer en nous et nous dire que nous sommes aimés de la part de la Sainte Trinité. C’est l’Esprit-Saint qui agit et qui fait tout. C’est l’Esprit-Saint qui nous donne ce désir de Dieu car, nous le savons bien, il n’y a pas de sainteté possible, de vie chrétienne possible sans le désir de Dieu. C’est la clé mais ce désir de Dieu c’est l’Esprit-Saint qui le dépose dans notre cœur et notre âme.
Lorsque les apôtres ont vécu ce temps de la Pentecôte, ils ont dû être sérieusement surpris. Combien de fois le Christ leur a expliqué les Ecritures, la manière de se comporter, ce qu’il fallait faire chrétiennement et à certains moments Il se lassait. Il leur a même dit : « Jusques à quand serai-je avec vous ? » tellement ils avaient la tête dure mais ils n’avaient pas reçu le Saint-Esprit. A partir du jour de la Pentecôte où ils reçoivent le Saint-Esprit tout devient clair et ils sont capables d’annoncer la résurrection du Christ, notre salut à tous les hommes de la terre. A ce moment-là, par l’Esprit-Saint et au travers des apôtres, l’Eglise est née, l’Eglise dans laquelle nous vivons, l’Eglise chrétienne, elle est née à ce moment-là et si l’Eglise vit – non sans quelques difficultés à certains moments – c’est parce que l’Esprit-Saint est au milieu de l’Eglise, c’est parce qu'il y a des chrétiens qui le prient, qui lui demande d’être présent, actif, agissant : « Viens, demeure en nous, purifie-nous. » Alors je crois que nos cœurs doivent être dans une grande reconnaissance envers la Trinité car c’est une décision synodale de la Trinité qui a permis cet envoi de l’Esprit-Saint comme ils avaient permis la venue du Christ pour nous sauver. Par l’Esprit-Saint notre cœur s’ouvre, notre âme  s’ouvre, notre intelligence s’ouvre. Nous devons, oui, être dans la reconnaissance et ne pas nous endormir car l’Esprit-Saint est source de dynamisme. Ne brisons pas l’action de l’Esprit-Saint par nos bêtises humaines. Nous savons très bien que dès que nous faisons des bêtises, l’Esprit-Saint se met de côté, Il nous laisse faire mais il suffit d’un seul instant pour que, de nouveau, il soit en action en nous si nous le supplions humblement.
Oui, que l’Esprit-Saint nous donne, à tous ceux qui sont ici présents mais aussi à tous les hommes de la terre, d’une manière ou d’une autre car l’Esprit souffle où Il veut et comme Il veut, que l’Esprit-Saint nous donne le désir de Dieu, le désir de Dieu qui fera que, marchant sur le chemin du désir, arrivant aux portes de l’Eternité, la Trinité toute entière nous accueillera en disant : « Vous qui nous avez désiré, entrez dans notre communion d’amour ».


Amen

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