Détachement
16/1/2022 Lc XVIII, 18-27
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Ce jeune homme qui s’est adressé au Seigneur pour savoir comment accéder à la Vie Eternelle a entendu la réponse de Jésus : « Observe les commandements » et le jeune homme a répondu : « Je les ai observés dès ma jeunesse » ;
alors ce qui devient un petit peu surprenant c’est que Jésus lui dit : « Mais il te manque encore quelque chose, va, vends tous tes biens, donne-les aux pauvres et tu auras une place dans l’Eternité puis viens et suis-Moi » ; l’Evangile nous rapporte que le jeune homme fut très triste car il avait de grands biens et il était fort riche ; Jésus a senti la tristesse de ce jeune homme et il a expliqué à ceux qui l’entouraient qu’il était difficile à ceux qui possédaient des biens de rentrer dans le Royaume des Cieux ; alors il faut bien comprendre cette Parole car, dans un premier instant, on pourrait comprendre que toutes les personnes qui sont riches ne pourront jamais rentrer dans le Royaume des Cieux ; ce n’est pas ce que Jésus a voulu dire : il a simplement voulu montrer au jeune homme ou lui faire comprendre qu’il ne fallait pas s’attacher à ses biens (distribues-les aux pauvres, donnes-en à ceux qui en ont besoin) ; et c’est bien là le problème qui nous touche tous, que nous soyons laïc ou prêtre ou moine, évêque, patriarche, peu importe, nous avons tous dans notre nature quelque chose qui fait que nous aimerions bien « avoir quelque chose », c’est inconscient, la plupart du temps ; nous sommes attachés à certaines choses, quelque fois des toutes petites choses, quelque fois de plus grandes ; il est évident que celui qui est attaché à son château est attaché à quelque chose de plus grand que celui qui est attaché au petit crayon dont il se sert tous les jours avec affection mais c’est le même genre d’attachement, c’est la même chose : que cela soit un château ou un petit crayon ; et c’est difficile d’être détaché ; alors il y a - les Pères nous l’ont expliqué en commentant cet Evangile - il y a des moyens, bien sûr, divers pour se détacher ; cela peut être catégorique comme le Christ le propose à ce jeune homme : donne tous tes biens, vends tous tes biens, donne-les aux pauvres, viens et qui-Moi, c’est une des réponses ; mais il y a aussi un autre moyen d’être détaché ; quelqu'un vient chez vous, voit un bel objet sur un meuble et dit : oh, quelle belle chose ; si dans votre coeur, dans votre coeur déjà, vous êtes capable de dire : « Il te plaît, prends-le, il est pour toi » vous êtes détaché des biens de ce monde ; même si la personne ne le veut pas et dit « Non, non garde-le, je n’en ai pas besoin » mais c’est l’intention du coeur qui compte : « Si tu le veux prends-le » ; et c’est le test que nous pouvons tous faire, tous ; si nous pouvons nous dire : oui, je suis capable de dire « prends-le » et de le donner éventuellement, alors nous sommes dans la ligne de ce que le Seigneur attend de nous : être libre et accéder ainsi au lieu d’Eternité ; si, par malheur nous voudrions bien mais quand même : ce petit objet il appartient à mon arrière-grand-mère, il a toute une histoire, je le trouve très beau, etc., etc., etc., et je trouve toutes les raisons pour ne pas prononcer cette parole : « Si cela te fait plaisir, prends-le ». Je me souviens qu’un jour j’étais chez des amis, des grands amis à moi, des amis d’enfance et il y avait toutes sortes d’objets – c’était quelqu'un qui avait beaucoup d’argent et qui avait beaucoup d’objets très beaux - et il avait un rayon de soleil qui donnait à un moment sur une étagère où il y avait un petit bouddha en bronze ancien et c’était très beau à voir : ce bouddha, dans cette attitude d’abandon et le rayon de soleil qui donnait dessus et j’ai dit à mon ami : « Oh regarde le soleil illumine ton bouddha, comme c’est beau ». Il m’a dit : « Si tu le veux, prends-le ». Il était libre ; il était riche mais il était libre.
Et puis il y a la deuxième partie de la proposition du Christ : une fois que tu es libre, viens et suis-Moi ; et cela c’est encore quelque chose qui n’est pas si simple parce que le Seigneur est exigeant ; Il nous aime et Il nous donne toutes les grâces pour que nous puissions réaliser ses exigences, ses commandements comme l’on dit : aimer Dieu et aimer son frère. Alors les apôtres qui sont autour de Jésus et puis les autres qui voient le jeune homme repartir bien triste - et l’enseignement du Christ : il est difficile à ceux qui sont riches s’entrer dans le Royaume des Cieux - ceux qui sont là s’interrogent et se disent : « Mais alors, qui pourra rentrer dans le Royaume des Cieux ? ». La réponse finale qui termine ce passage évangélique est consolante, réconfortante, encourageante : « Oui mais ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que si je constate que si je ne suis pas libre de donner, de me libérer de mes attachements quels qu’ils soient – on peut être attaché à n’importe quoi ; quand j’étais tout jeune moine je faisais mes études de théologie et tout ce que j’étudiais je le mettais en fiches comme beaucoup d’étudiants le font pour apprendre donc j’avais un fichier et ce fichier pour moi c’était comme si je possédais la science que j’étudiais, j’y étais très attaché – ce n’était pas beau, c’était des cartes simplement dans une boîte – et un jour je me suis dit mais en définitive ce n’est pas le Seigneur qui t’intéresse, c’est le savoir – alors j’ai jeté la boîte ; mais parce que Dieu m’avait aidé, parce que Dieu m’avait inspiré ; ce qui était impossible à moi quelque temps avant : me libérer de ces quelques cartes, Dieu m’avait suscité le désir de m’en libérer et m’avait donné la force de le faire ; alors encore une fois les riches comme les pauvres pourront rentrer dans le Royaume des Cieux à condition d’être libres ; parce que l’on peut être pauvre et être attaché à quelque chose de rien du tout. On raconte que Sainte Thérèse de Lisieux, la grande Sainte Thérèse, qui dans sa cellule de carmélite n’avait absolument rien que son écritoire et une petite tablette sur laquelle était posé un petit pot de terre où il y avait de l’eau pour qu’elle puisse boire ; elle était attachée à ce petit pot de terre, elle n’avait rien d’autre, elle était dans une pauvreté totale comme sont les carmélites mais il y avait ce petit attachement ; et un jour le Seigneur lui a fait comprendre qu’il fallait qu’elle se détache de ce petit pot, elle l’a sorti de sa cellule et l’a donné à une autre sœur ; on pourrait citer des tas d’exemples bien sûr, et voyez-vous il est toujours consolant d’entendre l’Evangile car il y a toujours quelque chose qui nous donne un dynamisme, une force, une énergie pour faire quelque chose de plus que ce que ce que l’on fait, de s’interroger plus particulièrement aujourd'hui : suis-je attaché à mes objets, tout ce qui m’entoure ou pas, ou suis-je libre ? Et puis si je ne suis pas détaché ce qui impossible à l’homme est possible à Dieu donc je demanderai à Dieu, dans une prière simple : aide-moi à me libérer, à me détacher et à n’avoir qu’un seul trésor : Te suivre.
Amen